Après la dissolution de l'Assemblée nationale, annoncée le 9 juin par Emmanuel Macron, les Français sont appelés aux urnes pour des élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet prochains. Un scrutin à deux tours qui demande de l'organisation supplémentaire pour les petites communes, et des coûts importants dans les grandes villes.
"Ça ne va pas être simple. L'organisation, c'est la première chose à laquelle j'ai pensé." Cette réaction de Raphaël Pequignot, maire (SE) de Glère (Doubs), résume à elle seule la pensée de la majorité des édiles en Franche-Comté, lorsqu'on évoque avec eux les futures élections législatives prévues les 30 juin et 7 juillet.
Pour de nombreuses petites communes de Franche-Comté, l'organisation des élections européennes avait déjà nécessité un investissement en temps et en argent, parfois conséquents. Que ne fut pas leur surprise quand, le 9 juin au soir, ils apprenaient par la voix du président Macron qu'ils leur faudraient assurer deux nouvelles journées électorales, en moins d'un mois.
On a été estomaqué. On doit se remettre en selle, et on n'a que trois semaines pour tout prévoir. C'est un laps de temps très court pour remobiliser nos concitoyens.
Charles Piquard,maire d'Osse et président des maires ruraux du Doubs
"On avait déjà dû sortir les rames pour que toutes les permanences soient assurées le 9 juin" explique Michel Bourgeois, maire de la commune d'Entre-deux-Monts (Jura). "Et là, on va devoir tout recommencer". Dans son village, l'édile fait tout pour que la tenue de l'unique bureau de vote ne vire pas au casse-tête. "Mais cela va être compliqué. On était arrivé à convaincre les gens de venir pendant 1h ou deux un week-end. Mais là, il y a deux tours. On sent un vrai ras-le-bol quand il s'agit de tenir les urnes".
"La pire période" pour organiser des élections ?
Une situation qui s'explique aussi par la date de ses élections législatives anticipées. "Fin juin, début juillet, c'est un peu la pire période" regrette Raphaël Pequignot. "Certains seront en vacances, d'autres ont déjà des baptêmes, des mariages. En fait, vu qu'on a su cela très tard, les emplois du temps sont déjà remplis. Et les deux tours seront un dimanche, un jour où, même en temps normal, on préfère rester en famille".
Face à ces difficultés, le maire de Glère préfère ironiser. "On a déjà installé les panneaux d'affichage, et on est sûr qu'il y aura moins de candidats que pour les Européennes, c'est déjà ça". Et, même si la logistique risque d'être compliquée, Raphaël Pequignot assure "que ça va le faire".
On n'a pas le choix, donc on va assurer. Personnellement, j'avais mes 50 ans prévus le 29 juin. Je prendrai sur moi et le lendemain, je sais que ma journée sera en grande partie au bureau de vote.
Raphaël Pequignot,maire de Glère
À Osse également, Charles Piquard, malgré les difficultés, est certain "de trouver du monde". "On va s'en sortir" pense-t-il. "Je vais faire comme d'habitude, je vais prendre mon téléphone et appeler les gens uns par un. J'essaye de les convaincre. Quand on me dit : "c'est aux élus de faire ça", je réponds en expliquant que c'est aussi un moment où l'on apprend à connaître ses voisins. Mais on sait que ce sera à nous, les membres du conseil municipal, de combler les trous".
À Besançon, des législatives qui vont coûter cher
Si dans les petites communes, l'organisation de ces législatives fait plutôt émerger des problèmes d'effectifs, c'est le côté financier qui inquiète les grandes villes. Exemple à Besançon, où les "deux tours des élections législatives vont nous coûter environ 45 000 euros chacun" explique Pierre Gainet, chef du service formalités élections à la municipalité de Besançon.
Le délai est très tendu. On est constamment sur le pont depuis dimanche soir. On a 68 bureaux de vote, donc minimum 136 assesseurs à aligner, 68 présidents et autant de secrétaires.
Pierre Gainet,chef du service formalités élections à Besançon
La municipalité, comme lors de la plupart des élections, complétera les rangs avec des étudiants, qu'elle devra rémunérer. "Et puis toute la logistique, l'informatique, l'installation et la désinstallation des isoloirs, seront effectués par les services techniques de la mairie. Ce qui occasionnera pas mal d'heures supplémentaires" estime Pierre Gainet.
Enfin, la ville de Besançon se heurte à des problèmes de planning. "On n'a pas pu anticiper ses législatives, donc la plupart des lieux servant comme bureaux de vote sont déjà occupés" souffle le chef de service formalités élections à Besançon. "Il y a des kermesses dans les écoles, des compétitions sportives dans les gymnases, des associations qui avaient loué des salles municipales. On doit tout régler au cas par cas".
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Malgré ses péripéties, Pierre Gainet l'assure "tout sera prêt pour les législatives, on finit toujours par s'en sortir". "Au fond, on trouve toujours des personnes attirées par le fait de vivre un moment "historique" " confie Henri Dorbon, maire de Vadans (Jura). "On espère juste être tranquille après cela. Imaginez que le président Macron démissionne après les législatives, on risque quand même de nouvelles présidentielles" conclut-il ironiquement. "Et là, ce sera autre chose".