L’usage de lingettes désinfectantes est devenu quotidien en ces temps de pandémie. Jetées dans les toilettes, celles-ci bouchent les canalisations, et ennuient les stations d’épuration. Alors, que faire de ces déchets ?
Nettoyer tout ce qui bouge (ou même tout ce qui ne bouge pas !), les téléphones, les claviers d’ordinateur, et les télécommandes, c’est le quotidien de nombreuses personnes en temps de confinement. Avec l’arrivée de l’épidémie de coronavirus en France, les lingettes désinfectantes sont devenues courantes dans les foyers.
Bien savoir jeter ces déchets s’avère important. Car, d’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), les lingettes et les couches pour enfants représentent près de 10 % des ordures ménagères des Français. Pour une personne, cela équivaut à 34 kg en moyenne pour une année, selon les chiffres de la campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers et assimilés de l'ADEME en 2019.
Pourquoi ne faut-il surtout pas jeter ses lingettes dans les WC ?
De mauvaises habitudes traînent : se débarrasser des lingettes dans la cuvette des toilettes n’est pas la meilleure idée. Les lingettes ne se désintègrent pas, contrairement au papier hygiénique. Au contraire, elles stagnent dans les canalisations, et peuvent même boucher les tuyaux.
Même si le paquet indique « lingettes biodégradables », leur composition ne permet pas de se dégrader facilement. Fabriqués à partir de produits chimiques et de fibres textiles, ces déchets mettent trois mois à disparaître complètement, d’après le Centre d’information sur l’eau.
Quelles conséquences ?
Ce geste polluant peut même devenir problématique pour les stations d’épuration. « En ce moment, près des trois-quarts de nos interventions de terrain concernent le débouchage de canalisations d’eaux usées, à cause des lingettes ! », s’écrie Nathalie Davoisne, du Centre d’information sur l’eau, dans un communiqué daté du 28 mars 2020. Car l’objectif de ces stations est le filtrage des eaux usées. L’assainissement, « essentiel pour la salubrité publique, comme pour notre environnement », est plus que jamais nécessaire depuis la crise sanitaire, reprend l'organisme.
Comment jeter ces lingettes ?
Alexandre Piton, directeur du pôle industriel du Syndicat mixte de Besançon et de sa région pour le traitement des déchets (SYBERT), le rappelle : « Avec le coronavirus, il faut mettre mouchoirs, masques usagés et lingettes dans un sac fermé puis dans le bac gris. » Puisque les lingettes ne sont pas valorisables, celles-ci seront ensuite incinérées.
Il est important de jeter ces lingettes avec les déchets ménagers, plutôt que dans le bac jaune. Le directeur du pôle industriel du SYBERT évoque deux raisons : « Les lingettes jetables ne sont pas recyclables, et quand elles sont usagées, cela peut être dangereux pour les personnes qui trient les déchets. »
Y a-t-il des alternatives aux lingettes ?
« Entre l’hygiène et l’environnement aujourd’hui, il faut faire un choix », énonce Alexandre Piton, lorsqu'il s'agit d'évoquer la pandémie actuelle. Pour un usage domestique, les lingettes peuvent se remplacer par un gant de toilette, ou par d'autres tissus lavables, que l'on imbiberait soi-même de produits ménagers. En revanche, lorsqu’il s’agit de désinfecter des surfaces en cas de crise sanitaire, le directeur du pôle industriel du SYBERT prend des précautions : « Il est difficile de trouver un équivalent réutilisable. »