Les annonces du ministre de l'éducation nationale hier 21 avril sur les modalités de retour des élèves dans les établissements scolaires suscitent plus de questions que de réponses.
Un retour progressif c’est le souhait du ministre de l’éducation nationale.
Les élèves de grande section, de CP et de CM2 reprendraient à partir du 12 mai, les 6èmes, 3èmes, 1ères et terminales à partir du 18 mai et les autres classes le 25 mai.
« Chaque territoire aura une grande marge de manœuvre » , a souligné Jean-Michel Blanquer
Alors que l’institut Pasteur révèle que moins de 6% de la population seulement aurait contracté le virus, ce retour à la vie en collectivité, pose question. En particulier aux parents.
Secrétaire départementale de la FCPE, Bénédicte Bonnet reçoit de nombreux appels inquiets :
« Les parents sont partagés, » raconte-t-elle, « il y a un enjeu sanitaire important, en particulier pour des parents qui sont fragiles, des mamans qui ont un cancer par exemple, mais d’un autre côté certains ont besoin de souffler, tant il est difficile de faire travailler ses enfants à la maison et de se concentrer sur son activité professionnelle en télétravail. »
« Faire revenir les enfants de primaires en premier puis les collégiens la semaine suivante, on ne comprend pas la logique puisqu’ils ne sont pas dans les même locaux. »
« Pour être maximum 15 par classe, je ne sais pas comment on va départager les enfants. Qui ira le matin? Qui l’après midi ? En primaire c’est peut-être possible mais au Collège comment faire ? Les profs vont faire cours une fois le matin une autre l’après-midi et gérer en plus les enfants qui restent à la maison ? »
Pour les enseignants, « le ministre prend tout le monde de court, » s’insurge Nathalie Faivre secrétaire académique du SNES-FSU, « Si on prends la moitié des élèves qui rentrent en dernier, une semaine sur deux, ça va leur faire au mieux trois semaines de cours avant les vacances d’été. L’intérêt pédagogique est quasi nul »
« Nous serions d’accord pour revenir si les conditions sanitaires nous le permettent. Bien peu d’établissement rempliront les critères. »
« On ne peut pas appliquer les gestes barrière dans un établissement scolaire. C’est impossible. Dans les classes c’est compliqué, dans les couloirs encore plus compliqué par exemple pour que les élèves ne se croisent pas. Il y a très peu d’établissements qui seront en capacité d’ouvrir et s'ils le font il n’y aura pas d’internat, pas de cantine et pas tous les profs. Dans ces conditions, il serait plus raisonnable de nous laisser le temps de préparer la rentrée de septembre. » martèle Nathalie Faivre.
Un constat partagé à minima par l’association des maires de France, Alain Chrétien, maire de Vesoul, est sur le pied de guerre pour que les écoles soient prêtes dès le 11 mai :
« Tout se fait un peu au jour le jour, il faudra être pragmatique. Pour les agents ou pour les élèves: tout se fera selon le principe du volontariat. » tempère-t-il, « Nous serons très vigilants sur le nettoyage des locaux et la disponibilité du matériel de protection dans nos écoles et dans les services extra-scolaires. » précise Alain Chrétien, « mais surtout il faudra immédiatement intégrer les gestes barrières dans la vie quotidienne. »
« L’idée c’est que l’on rouvre et que l’on accueille des petits groupes. Il y a un chantier en cours pour trouver une organisation et refaire les emplois du temps. » indique Fernande Margarido, principale du collège jean Jaurès de Saint-Vit et responsable du syndicat des chefs d’établissements de l’académie, « Ce que nous ne savons pas encore, localement, ce sont les moyens mis en oeuvre par les collectivités pour la restauration scolaire et comment seront organisés les transports, ce qui est très important dans une académie comme la nôtre où il y pas mal d’établissement ruraux.»
Comme la plupart de ses collègues Fernande Margarido sait que les enseignants seront aussi fortement sollicités dans cette nouvelle façon de faire cours : « Ça va être compliqué ce qui va être demandé aux enseignants ce sera à la fois du présentiel et des activités à distance »
C'est toute la vie dans un collège qui accueille en temps normal près de 800 élèves qu'il va falloir repenser: le sens de circulation dans les couloirs, les pauses, les dispositions des classes.
Et puis comment gérer le facteur humain entre copains de classe :
« Ils vont aussi être tellement contents de se retrouver », prédit Madame le principal, « que de les écarter les uns des autres ne va pas être évident ...»