Partout en Franche-Comté, les commerces alimentaires ont été pris d’assaut. Protection des caissières, approvisionnements et gestion de crise à distance. Plusieurs professionnels nous racontent leur quotidien depuis l'annonce du confinement. Exemple à Besançon (Doubs).
A la veille de l'annonce du confinement lundi 15 mars, les supermarchés ont été dévalisés. Certains avaient déjà pris des mesures pour limiter la propagation du virus. Au super U de Besançon Saint-Ferjeux, les caissières ont très vite été dotées en équipements de protection contre le coronavirus. Les clients sont rentrés dès lundi au compte goutte à l'intérieur de l'enseigne. Depuis les rayons se sont vidés. Et la grande distribution s'organise pour un retour à la normale avec des consignes de sécurité pour protéger au maximum salariés et clients.
A Besançon Chateaufarine, des équipements de protection encore à venir pour les caissières de Géant Casino
Nicolas Robillard, caissier et délégué CGT du Géant Casino de Chateaufarine, est inquiet. Ses collègues et lui disposent de gants et de gel mais pas de masques, et ils sont en contact proche avec les clients. Une structure provisoire de protection installée sur chaque caisse a été renforcée ce matin par du plastique. Mais la direction de la communication du groupe Casino ne sait pas quand les structures en plexiglas commandées arriveront.
Le syndicaliste se félicite que le personnel affecté à l’approvisionnement des rayons ait maintenant des horaires qui le protègent de la clientèle. Ils travaillent de trois heures à 9 heures du matin.
Pour la direction de la communication du groupe, la quasi-totalité des salariés est actuellement en activité, se comportant ainsi en « citoyens responsables ». Et il vante le système « CasinoMax » qui permet de scanner ses courses, de payer et de sortir sans croiser quiconque !
Rayons remplis désormais la nuit également à l'Intermarché de Quingey près de Besançon
Direction Quingey, à quelques kilomètres de là. C’est Stéphane Dag qui est responsable de ce magasin, un « chef d’entreprise indépendant dans une structure coopérative », dit-il.
Sa situation personnelle est particulière : en vacances à l’île Maurice, il a pu juste prendre un avion pour se rendre sur l’île de la Réunion, territoire français confiné également. Il suit la situation d’heure en heure grâce au téléphone et aux réseaux sociaux.
Joint par téléphone, il est intarissable sur son « équipe formidable, des vrais soldats dont je suis très fier, dit-il. Tout a été fait pour que les caissières soit protégées des clients, même si elles ne bénéficient d’aucun masque, en rupture de stock. Mardi prochain des masques arriveront de Chine. Mais elles sont déjà protégées par des structures en plexiglas, nous explique le patron.
Il raconte que ces derniers jours ont été « pires qu’en période de Noël ». Dans son magasin, des mesures ont été prises : remplir les rayons la nuit, élargir les horaires d’ouverture avec une priorité donnée aux personnes de plus de 65 ans entre 8 et 9 heures, 30 personnes maximum à l’intérieur et fermeture exceptionnelle le dimanche matin pour que les équipes puissent se reposer.
Il insiste sur le fait qu’il n’y aura aucune difficulté d’approvisionnement : « En trois jours maximum on peut réapprovisionner entièrement les rayons. Si des produits viennent à manquer ces derniers jours c’est uniquement dû à l’affolement des clients. Déjà depuis hier après-midi, mon équipe a constaté que le volume était redevenu normal. De plus, j’ai privilégié les circuits courts avec, autant que possible, des fournisseurs locaux. En cette période, c’est plus facile. » Petite précision qui a son importance : « la direction France d’Intermarché a garanti qu’il n’y aurait aucune augmentation des prix sur les deux mois à venir. »
La viande comtoise ne manquera pas au rayon boucheries
Parmi ses fournisseurs, les Éleveurs de la Chevillotte de Besançon. Le directeur de cette structure, qui alimente des grandes surfaces et des boucheries en viande, est extrêmement rassurant. Benoît Lefez, par téléphone, raconte : « On essaye de répondre à la demande. Quand vous de me demandez si elle est plus forte, franchement, je n’ai pas le temps de calculer. Mais il n’y aura pas de rupture de stock tant qu’on aura des bras pour travailler. »
Même son de cloche chez Denis Molard, boucher rue de Belfort, à qui un professionnel de santé a quand même conseillé de se protéger derrière du plexiglas. Il ne se fait pas spécialement de souci : « Je suis approvisionné tout à fait normalement, car je m’approvisionne principalement sur le secteur. La cohue s’est calmée hier après-midi et ce mercredi 18 mars. Seuls me manquent des produits venant des Landes car le livreur n’a pas voulu traverser toute la France. »
Si l’on doit tenir plusieurs semaines, sans foie gras ni magret de canard, on devrait pouvoir surmonter l’epreuve, surtout qu’aucune pénurie de saucisses et de jambon fumé n’est annoncée... Que les habitants de la région se rassurent !