Jeudi 28 décembre 2023, l'INSEE a dévoilé le dernier bilan démographique de la population française, sur la période 2015-2021. Avec 2 800 194 habitants, la Bourgogne-Franche-Comté perd des habitants alors que la France métropolitaine, au contraire, en gagne. Seuls les départements du Doubs et de la Côte-d'Or ont vu leur nombre d'habitants s'accroître.
20 746 habitants. C'est le nombre d'habitants perdus par la région Bourgogne-Franche-Comté entre 2015 et 2021, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques. Le 28 juin 2023, l'INSEE a officialisé son dernier bilan démographique de la population française.
Et une grande tendance transparaît : la région BFC, avec 2 800 194 habitants au 1ᵉʳ janvier 2021, perd des habitants. Un chiffre qui tranche avec la hausse globale de la population en France, et qui fait de la Bourgogne-Franche-Comté une des seules régions du pays à être en déficit démographique.
Dans le détail, "on a perdu 0,1 % d'habitants tous les ans entre 2015 et 2021" explique David Brion, responsable des études de l'INSEE BFC. À quoi cela est dû ? "En grande partie en raison d'un solde naturel déficitaire" reprend le scientifique. "La population est vieillissante. La génération des baby-boomeurs arrive à des âges de mortalité. Le nombre de décès est donc supérieur à celui des naissances".
De plus, la région fait face à un solde migratoire négatif depuis une dizaine d'années. "Les jeunes ont tendance à partir de notre région pour aller s'installer vers Paris, Lyon ou Clermont" analyse David Brion. "Et les nouveaux habitants qui arrivent sont souvent des seniors, ce qui n'aide pas à améliorer le solde naturel".
Le Territoire de Belfort perd le plus d'habitants en Franche-Comté
Si on se penche sur chaque département, la majorité d'entre eux perdent des habitants. Les trois territoires accusant la plus forte baisse sont en Bourgogne : la Nièvre (- 9 330), l'Yonne (- 7 518) et la Saône-et-Loire (-6 120). Suivent le Territoire de Belfort (- 4 829), la Haute-Saône (- 3 410) et le Jura (-2 032). Si les baisses en territoires haut-saônois, jurassiens et nivernais restent stables par rapport aux dernières études, la situation dans les autres départements se dégradent.
Le Territoire de Belfort est l'exemple de cette tendance. "On a une grosse baisse, caractérisée par la population de la ville de Belfort, qui perd plus de 4 300 habitants alors qu'elle en gagnait entre 2010 et 2015" détaille David Brion. "On a une dégradation du solde naturel et des migrations qui sont aussi négatives. On a aussi un taux de chômage élevé et une filière automobile, historique dans ce territoire, en souffrance".
Le Doubs, locomotive démographique de la région
Inversement, la Côte-d'Or (+ 2 356 habitants) et le Doubs (+ 10 137) gagnent eux de la population, bien aidés par les villes de Dijon (+ 4 232) et Besançon (+ 2 522). "Ces deux départements bénéficient de l'arrivée d'étudiants, attirés par les universités présentes à Dijon et à Besançon" met en lumière David Brion. "On a aussi beaucoup plus d'opportunités d'emplois dans ces deux zones-là, ce dont bénéficient les communes alentours, qui elles aussi gagnent des habitants".
L'augmentation très importante de la population du Doubs s'explique par une autre raison selon l'INSEE : sa proximité avec la Suisse. "La bande frontalière avec la Suisse est la zone la plus dynamique de la région en termes de démographie" évoque le responsable des études de l'INSEE BFC. "C'est celle qui gagne le plus d'habitants, alors que c'est une zone de montagne. Cela augmente depuis les années 2000". Résultat, le Doubs pourrait bientôt dépasser la Saône-et-Loire, département aujourd'hui le plus peuplé de BFC.
Pour conclure, David Brion tient à souligner que les "zones de décroissance se sont étendues en BFC. Et inversement, les zones de croissance sont moins concentrées, et moins fortes". Ainsi, le nord de l'Yonne, qui bénéficiait de sa proximité avec Paris, et le sud de la Saône-et-Loire (la Bresse, les zones de Chalon-sur-Saône et de Macôn), proche de Lyon, perdent des habitants.