La cour d’assises du Doubs juge du 16 au 20 décembre 2024 trois hommes, dont l’un est toujours en fuite. Ils sont accusés d'avoir assassiné "par erreur" Houcine Hakkar, le 8 mars 2020, à Besançon, abattu au volant de sa voiture. Ce mardi 17 décembre, plusieurs témoins prennent la parole. Notre journaliste Antoine Comte est présent à l'audience.
Pour suivre l'ordre chronologique de l’audience, nous vous conseillons de descendre en bas de la page.
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19 h 21 : l'audience est suspendue. Demain, mercredi 18 décembre, le procès continuera dans une salle différente, avec une jauge de public réduite à 10 personnes. Elle reprendra à 9 h 15.
19 h 11 : Un autre membre de la famille Hakkar arrive à la barre : un demi-frère d'Houcine, âgé de 52 ans. Lors de sa déposition, il explique "qu'il y a eu des histoires" au sein de la cellule familiale. "Un mur s'est construit autour d'une personne depuis le décès d'Houcine" dit-il en sanglotant. "Ici, on est là pour faire justice à Houcine et j'espère que jusqu'à la fin du procès, on aura une ambiance apaisée".
19 h 05 : "Est-ce qu'il y a des querelles entre vous et la famille proche d'Houcine Hakkar" demande la présidente de la cour d'assises. "Il m'a semblé en percevoir" rajoute-t-elle alors que dans le public, plusieurs personnes quittent la salle. "En tout cas, moi, je n'ai pas de problème avec eux" répond Nacera Hakkar, sans visiblement convaincre les magistrats.
19 h : L'audience reprend, une nouvelle fois. Nacera Hakkar, une des parties civiles, est à la barre. Elle se présente comme "une demi-sœur d'Houcine Hakkar". Sa voix est grave, posée. "Nous avons le même père avec Houcine, mais pas la même mère. Quand mon père est revenu d'Algérie avec sa nouvelle femme, il y avait aussi Houcine avec lui et je l'ai toujours considéré comme mon petit frère à part entière" dit-elle.
J'ai vu grandir Houcine. Il venait souvent à la maison jouer avec mes enfants. C'était quelqu'un de gentil, serviable, un bon garçon.
Nacera Hakkar,demi-soeur d'Houcine Hakkar
18 h 43 : L'audience est de nouveau suspendue alors que la mère d'Houcine Hakkar s'effondre en pleurs. Des tensions apparaissent entre différents membres du public, les voix s'élèvent. Les policiers sortent plusieurs personnes de la salle et dissolvent un attroupement qui s'était formé près du banc des parties civiles.
18 h 40 : Dans le box des accusés, Melk Ghezali et Elias Basbas semblent eux aussi très touchés. Zora Hakkar est prostrée sur le pupitre sur lequel est posé son micro. "Ils ont détruit ma vie" répète-t-elle en boucle. Ses filles l'aident à regagner le banc des parties civiles.
18 h 35 : Une chaise est amenée pour Zora Hakkar, qui s'assoit sous le coup de l'émotion. Des pleurs se font entendre dans la salle. "Quand mon fils est sorti ce soir-là, il m'a dit qu'il allait rentrer vite" se souvient-elle. "Mon fils n'a rien à voir dans tout ça. Il ne mérite pas cette mort-là".
Mon fils c'était ma vie, ils ont pris ma vie.
Zora Hakkar,mère d'Houcine Hakkar
18h32 : La mère d'Houcine, Zora Hakkar, s'avance avec son interprète à la barre, en croisant la stature imposante de Rabah Khaldi, qui retourne sur le banc des parties civiles. "Tout à l'heure, la femme de M.Ghezali disait qu'elle voulait avoir des enfants. Moi ils m'ont pris le mien" s'insurge-t-elle. Ses paroles sont entrecoupées de sanglots.
Ils ont détruit ma vie, celle de mes filles et celle de mon fils.
Zora Hakkar,mère d'Houcine Hakkar
18 h 30 : Melk Ghezali prend la parole pour s'excuser auprès de Rabah Khaldi. "Je lui demande de me pardonner, et je voulais dire à la cour qu'il n'a rien à voir avec le trafic. Il a juste eu le tort d'habiter au mauvais endroit".
18 h 26 : Me Florence Vincent, avocate d'Elias Basbas, prend la parole. "À l'image du climat tendu de ce procès, j'ai senti dans votre propos une retenue à évoquer Mohamed Mordjane. Vous n'avez pas peur de lui ?". "J'ai peur de personne" assène Rabah Khaldi. Le nom de Mohamed Mordjane est de plus en plus cité. "Moi j'en veux à ceux qui étaient dans la voiture, c'est tout" répète Rabah Khaldi.
18 h 23 : "Même si vous assurez n'être pas un trafiquant, et loin de moi l'idée de l'insinuer, on voit lors de votre appel avec votre frère que vous semblez être au courant de beaucoup de choses" reprend Me Cormier à l'adresse de Rabah Khaldi. "Dans le quartier, tout le monde connaît ces choses là" assure le passager d'Houcine Hakkar, la voix légèrement tendue.
18 h 20 : Me Cormier, avocat de M.Ghezali, commence à questionner Rabah Khaldi. Il lui demande pourquoi un témoin aurait déclaré l'avoir vu avec une arme. "Je ne suis pas retourné dans le véhicule, je n'avais pas d'arme" assure Rabah Khaldi. "Je n'avais rien dans les mains".
18 h 15 : L'audience reprend. M.Manteaux explique qu'un homme dans le public a été surpris par les gardiens pénitenciers en train de mimer "un geste d'égorgement" à l'encontre des accusés. Il s'agirait d'un frère de Mohamed Mordjane, un des trois accusés actuellement en cavale.
L'avocat général explique "qu'on frôle le scandale" et demande à la présidente de la cour d'assises d'exclure l'individu qui aurait fait ce geste. Les policiers accompagnent ce dernier en dehors de la salle d'audience. Les avocats de la défense en profitent pour dénoncer le climat malsain qui plane sur ce procès, et répètent que leurs clients ont été menacés à plusieurs reprises.
17 h 55 : L'audience est suspendue pour une durée de 15 minutes, alors que la défense s'apprêtait à poser ses questions à Rabah Khaldi. Ce dernier apparaît très éprouvé à la barre.
17 h 50 : Le 27 août 2020, Rabah Khaldi appelle les policiers pour leur dire que "c'est Melk Ghezali et Microbe" qui ont tiré sur Houcine. Il appelle le lendemain Abir Hakkar, la sœur d'Houcine. Il lui dira cette phrase, reprise par l'avocat général :
Mohamed Mordjane et Melk Ghezali, c'est les plus grosses merdes de Planoise. Ils ont de l'argent, donc ils tuent.
Phrase de Rabah Khaldi à Abir Hakkar,citée par l'avocat général Etienne Manteaux
17 h 42 : Etienne Manteaux rappelle que Samy Khaldi est actuellement en détention pour son appartenance au clan Picardie et sa participation à la guerre de clans bisontins. Il rappelle qu'Elias Basbas a été nommément cité par Samy Khaldi lors de sa conversation avec Rabah. Etienne Manteaux met en évidence les similitudes entre les propos de Samy Khaldi et les conversations PGP du clan Picardie juste après la mort d'Houcine. " "Mohamed" pour Mohamed Mordjane, est aussi cité" clâme Etienne Manteaux.
17 h 37 : "J'ai été spectateur de la mort de mon ami. Ce que j'aimerais savoir, c'est ce que les assassins ont pensé quand ils ont su qu'ils s'étaient trompés de personne" révèle Rabah Khaldi. "Je peux vous dire qu'Houcine, là où il est, est fier de vous. Vous avez le courage d'être ici debout, comme un homme, face à une cour d'assises" conclut Me Pichoff face à Rabah Khaldi, en larmes.
17 h 30 : Me Pichoff pointe du doigt le fait que Samy Khaldi, le frère de Rabah, faisait partie du clan Picardie, le même que les assassins présumés. Il révèle des retranscriptions de sonorisations d'échanges du clan adverse, le clan "de la Tour", où Houcine Hakkar et Rabah Khaldi sont présentés comme "des petits pisseux" et n'ont "rien à voir" avec le trafic de stupéfiants.
17 h 25 : "Vous étiez au courant que votre frère était impliqué dans des histoires de stupéfiants ?" conclut Me Spatafora. "Oui, mais ça n'a rien à voir avec moi. Lui et moi, c'est le jour et la nuit". Me Pichoff vient ensuite pour questionner Rabah Khaldi et l'interroge sur la loi du silence pouvant régner dans certains quartiers. "Je ne suis pas un bavard, mais j'ai choisi de parler pour Houcine, pour lui rendre hommage" répond Rabah. "Tandis que d'autres préfèrent se taire ou fuir" reprend Me Pichoff.
17 h 18 : "Votre vie depuis cet incident, ça a été quoi ?" reprend l'avocate. "Moralement ça va plus du tout" lâche Rabah. "J'ai encore une balle dans l'épaule donc physiquement j'en souffre aussi. Les rumeurs m'ont fait du mal, tout le monde croyait que c'était à cause de moi au début". Rabah Khaldi explique avoir reçu des menaces pour qu'il retire sa plainte.
17 h 15 : Me Spatafora, avocate de Rabah Khaldi, interroge son client : "vous avez conscience que vous prenez des balles, qu'Houcine est touché ?". "On pensait qu'on allait mourir" répond-il. "Avec l'adrénaline je n'ai pas senti grand-chose. Avec Houcine on se parlait plus, on faisait que crier. J'ai vu la tête d'Houcine bouger lors du tir mortel. Puis je suis arrivé à sortir de la voiture et à m'enfuir".
La première audition a mal commencé. Les enquêteurs ont pensé que c'était de ma faute, car la voiture était à mon nom, ils me disaient que la balle était pour moi. Et puis je n'ai pas voulu porter plainte la première fois, par peur des représailles.
Rabah Khaldi
17 h 05 : Rabah Khaldi souhaite revenir sur sa relation avec Houcine Hakkar. "On avait vraiment rien à voir avec ce qui se passait à Besançon à l'époque" dit-il. "On est passé de spectateurs à acteurs de ces conflits. Depuis 4 ans je vis très mal. Je dors très mal, j'évite de sortir la nuit et de m'aventurer loin du centre-ville. J'ai des flashs à intervalle régulier".
J'ai perdu un frère. On a jamais été des délinquants et on n'a jamais cherché à l'être.
Rabah Khaldi
16 h 55 : La présidente a fini sa lecture et continue ses questions. Dans la conversation est évoqué Nadjib Ziani, membre du clan Picardie, et "Microbe", que Rabah Khaldi relie à "Elias Basbas, même si à l'époque, je ne connaissais pas son nom et prénom". A l'évocation "du B" dans la conversation, Rabah avoue qu'il s'agit de "Bilel Ghezali" (la même personne que Melk Ghezali, Bilel étant un autre de ses prénoms).
16 h 45 : Delphine Thibierge continue de lire la retranscription de la conversation entre les deux frères Khaldi. Durant ces longues minutes, Rabah reste droit, fixant la présidente de la cour d'assises.
16 h 30 : La présidente revient maintenant sur une conversation téléphonique entre Rabah Khaldi et son frère Samy, alors en prison, le 19 août 2020. Dans cet échange, Samy lui dit qui sont les hommes qui l'ont blessé et ont tué Houcine, en utilisant les pseudonymes "Le M", "Le B" et "Microbe" pour Elias Basbas. Samy évoque aussi la possibilité que les tireurs se soient trompés de cibles.
16 h 25 : Interrogé par la cour, Rabah Khaldi nie être revenu dans la voiture et avoir pris une arme, contrairement à ce qu'avait dit un témoin. "Par la suite que se passe-t-il" interroge Delphine Thibierge. "Les secours sont arrivés. J'ai reperdu connaissance quand j'ai vu que les pompiers avaient mis un drap blanc sur Houcine. Puis j'ai été transporté à l'hôpital".
Par la suite j'entends beaucoup de rumeur. Je suis parti de Besançon pour échapper à tout ça. On disait que c'était les Parisiens qui nous avaient tiré dessus.
Rabah Khaldi
16 h 20 : "Lorsque M.Hakkar heurte un trottoir et est immobilisé sur un terre-plein, quelle a été votre réaction ?" demande la présidente de la cour d'assises. "Je n'entendais rien. J'ai vu la Megane Rouge s'approcher doucement, Houcine avait la tête contre le siège. J'étais contre le airbag, j'avais un peu perdu connaissance. Puis quand je l'ai regardé à nouveau, sa tête me fixait. J'essayais de mettre des claques à Houcine pour le réveiller. Mais il était mort alors je me suis enfui".
16 h 16 : Les questions commencent. Delphine Thibierge, présidente de la cour d'assises, interroge Rabah Khaldi sur la chronologie des faits. "On était au courant de ce qui se passait à Planoise, le 6 mars 2020, on avait vu les tirs" raconte Rabah Khaldi. "Mais on n'y participait pas. Donc on n'a pas compris pourquoi on était pris en chasse. On savait que les Parisiens du clan de La Tour circulaient en Megane, donc on a cru que c'étaient eux qui nous en voulaient".
16 h 15 : Rabah continue son témoignage. "Houcine et moi on a grandi ensemble. On a jamais touché à quoi que ce soit. Moi je travaillais, j'étais livreur chez Fedex" nous apprend-il. "Ça lui arrivait de venir avec moi et quand je bossais pas je faisais de la mécanique avec lui". M.Khaldi s'arrête pour pleurer à la barre.
16 h 10 : L'audience reprend. Rabah Khaldi, âgé de 26 ans, s'avance, habillé de noir de la tête aux pieds, le regard grave. Il fait partie des parties civiles. "Pour commencer, Houcine est moi on avait tout le temps l'habitude de se balader en voiture. Une semaine avant les faits, j'ai vu la Megane grise chez Hertz. La mienne était en panne, donc je l'ai loué. Le 8 mars, avec la nouvelle voiture, je suis allé rejoindre Houcine, on est allé manger, on s'est baladé" explique Rabah. "Arrivés à une station essence, Houcine a pris le volant car j'ai aidé d'autres personnes à faire le plein".
Arrivés sur Planoise, on s'est fait prendre en chasse. Ca a duré, 6-7 minutes. Mais pour moi, ça a duré une heure. C'était dur, c'était long. La dernière chose qu'il m'a dit c'était "t'inquiètes pas on va s'en sortir".
Rabah Khaldi,passager d'Houcine Hakkar au moment de sa mort
15 h 50 : L'audience est suspendue. A la reprise, Rabah Khaldi sera appelé à la barre. Sa parole est importante puisqu'il accompagnait Houcine Hakkar le soir de son décès. Passager de la Megane sombre, il avait été touché par deux balles mais avait réussi à s'enfuir.
15 h 48 : Me Binsard conclut en demandant à Vanissia G : "après toutes ces années, après tout ce qui s'est passé, seriez-vous prête à recommencer votre vie avec lui ?". "Bien sûr" conclut la témoin, aux bords des larmes. "Je suis la seule à connaître le vrai Melk Ghezali. Depuis la prison, il a gagné en maturité. Quand il sortira, on veut partir loin et fonder une famille. Il profitera de sa détention pour passer des diplômes".
15 h 45 : Robin Binsard s'attache à décrire la volonté de la témoin et de M.Ghezali d'avoir un enfant, en revenant notamment sur la maladie de Vanissia G, qui souffre d'endométriose. L'avocat demande ensuite à la témoin de décrire son quotidien depuis que son compagnon a admis son rôle dans l'assassinat de M.Hakkar.
Mon adresse et celle de ma soeur ont été dévoilées, on parle de moi sur les réseaux, une prime de 15 000 euros a été mise sur la tête de mon mari. Je me sens en danger.
Vanissia Gtémoin
15 h 35 : M.Binsard, un des avocats de M.Ghezali, demande à la témoin de décrire le train de vie de son couple pendant la cavale de son compagnon. "On restait chez lui, il jouait à la console et j'allais faire les courses. Il ne me faisait pas de cadeaux". On apprend par sa bouche que Melk Ghezali "se réveillait souvent la nuit, en sueur. Il me disait qu'il avait des soucis. Ça le travaillait".
Après son arrestation, ils l'ont mis à l'isolement. Il a d'ailleurs fait un AVC en détention. Il en est ressorti très affaibli.
Vanissia G,témoin
15 h 30 : Etienne Manteaux rappelle la chronologie des faits. "Votre compagnon est parti de France en septembre 2018, après une première affaire de course-poursuite où une balle perdue s'est fichée dans une boulangerie. Pour cela il a écopé d'une peine de trois ans de prison avec un mandat d'arrêt" nous dit l'avocat général. "Il part en cavale pendant 2 ans et 5 mois et finit par être arrêté à Barcelone en février 2021, car les policiers vous ont suivi".
15 h 26 : Me Espuche s'adresse à la témoin. "Vous dites que monsieur est quelqu'un de bien, avec le coeur sur la main" commence l'avocat. "Nous, la vision qu'on en a, c'est quelqu'un qui pourchasse un homme jusqu'à ce que son comparse l'abatte. Comment peut-on concilier ces actions avec le fait d'être un homme bien ?". "Il s'en expliquera, il n'était pas dans son état normal ce soir-là" répond Vanissia G.
15 h 20 : La cour révèle alors que M.Ghezali utilisait plusieurs badges au nom de sa compagne. "Il n'y avait qu'un badge à ma connaissance, pas trois comme vous le dites" conteste la témoin. "D'en arriver là, voir le rôle de M.Ghezali, ça fait mal au coeur. A la période de l'assassinat, je ne savais même pas qu'il était en France".
Je vais au parloir 2-3 fois par mois. On essaye d'avoir un enfant via une fécondation in vitro, mais avec ma maladie, c'est compliqué.
Vanissia G,témoin
15 h 15 : "Saviez-vous que M.Ghezali se définissait comme un trafiquant de drogue ?" interroge Delphine Thibierge. "Au début non, mais j'ai fini par le savoir" dit-elle. "Je ne cautionnai pas mais je n'avais pas le pouvoir de le faire arrêter". On apprend par la suite que la témoin allait souvent à Barcelone voir M.Ghezali et qu'ils se voyaient dans des hôtels. Quand Melk Ghezali allait en France, "je ne devais pas le voir car il pensait que j'étais surveillée" dit Vanissia G.
15 h 12 : La déposition d'Emmanuel K est terminé. Une autre témoin, Vanissia G, arrive à la barre. Elle s'avère être la compagne de M.Ghezali, à qui elle jette plusieurs regards inquiets. "Je suis avec lui depuis novembre 2015, je l'ai connu, il travaillait en Suisse. Notre relation se passait bien jusqu'à ses premières condamnations. Il était après en cavale, je continuais à aller le voir et on s'est fait arrêter en février 2021. Depuis je suis tombée gravement malade".
Melk Ghezali est quelqu'un de bon, sinon je serai pas avec lui. C'est quelqu'un de généreux, avec le coeur sur la main. Mais je ne cautionne pas ce qui s'est passé.
Vanissia G,témoin
15 h 08 : La cour montre alors à Emmanuel K le selfie où apparaîtrait MM Basbas et Ghezali, envoyé sur un groupe PGP le soir du 8 mars 2020. La question : "reconnaissez-vous votre appartement ?". "C'est possible, oui, mais sans certitude" répond le témoin.
15 h 02 : "Reconnaissez-vous M.Basbas comme étant celui à qui vous avez loué votre appartement ?" demande la présidente. Emmanuel K se retourne et dévisage l'accusé. "Non" assure-t-il. "Un jeune homme est venu faire les papiers de la location le 27 février 2020. Et deux mois plus tard, quand je suis allé leur dire que c'était fini, c'est une jeune femme qui m'a ouvert. Un homme a appelé ma femme par la suite pour faire l'état des lieux le lendemain. Tout était en règle, ils sont partis".
1 300 euros de loyer payé en liquide, 1 300 euros de caution payé en liquide, ce n'est pas courant du tout.
Emmanuel Ktémoin
15 h 00 : "Je suis propriétaire d'un Airbnb à Norges-la-Ville" commence-t-il. "On m'a loué mon appartement pendant un mois, de février à mars 2020, sous une identité dont je ne me souviens pas. Avec le confinement, il est resté un mois de plus". Cet homme apparaît comme le propriétaire du Airbnb qui aurait été loué par Elias Basbas de février à avril 2020, sous l'identité d'un membre de sa famille, là où les deux assassins présumés auraient logé après le meurtre d'Houcine Hakkar.
14 h 56 : L'audience reprend. La présidente annonce qu'elle a demandé l'extraction de M. Samy Khaldi pour une audition prévue le 18 décembre à 14h. "Mais je n'utiliserai pas la force" prévient-elle. Peu après, un autre témoin arrive à la barre, Emmanuel K.
14 h 35 : L'audience est suspendue 10 minutes alors que les avocats de la défense et l'avocat général s'écharpent sur la non-venue de Samy Khaldi. "Faites le venir par la force si c'est ce que vous voulez" finit par lâcher Etienne Manteaux, agacé, à Me Buffard.
14 h 30 : L'avocat général annonce qu'un des hommes qui devait être entendu aujourd'hui, M.Samy Khaldi, frère de Rabah Khaldi (le passager de la voiture d'Houcine Hakkar), ne souhaite pas témoigner "pour des raisons qu'il ne veut pas dévoiler".
Me André Buffard, un des avocats d'Elias Basbas, s'insurge : "on n'a pas à demander l'avis d'un témoin. Je n'ai jamais vu ça dans ma carrière, les témoins se doivent de venir. D'autant qu'il est cité par l'accusation".
14 h 25 : Un autre témoin rentre, Simon M. "Je marchais avenu Siffert, et quand je regardais mon téléphone, vers le lycée Jules Haag, j'ai entendu des voitures qui roulaient rapidement, puis un bruit d'accident, enfin des pétaradages" dit-il. "Je me suis rapproché et j'ai alors vu la voiture rouge s'approcher doucement de l'autre véhicule. Je devais passer dans un tunnel pour m'approcher encore, et quand je suis remonté j'ai croisé un homme qui fuyait, qui devait être le passager de la victime. A mon arrivée, la police était déjà là".
14 h 18 : Après la lecture par Etienne Manteaux d'un message PGP où les tireurs expliquent "avoir tiré sur une Golf", Melk Ghezali se lève et souhaite faire une déclaration au témoin. "On se connaît pas personnellement, on s'est juste croisé sur un terrain de foot à Planoise" dit-il.
C'est un super bon gars. Je ne sais pas s'il sait, mais c'était moi le conducteur. Je m'excuse auprès de lui.
Melk Ghezali,un des trois accusés dans l'assassinat d'Houcine Hakkar
14 h 15 : Questionné sur le fait de pas s'être constitué partie civile malgré cette balle perdue, le témoin explique "travailler depuis 15 ans, se lever tous les matins. Je n'avais pas envie de rentrer dans ces histoires".
L'avocat général s'adresse ensuite au témoin. "Avez-vous vu passer un homme, fuyant dans la rue Villarceau ?" questionne Etienne Manteaux. "Ah non, j'ai vu personne et j'ai fait monter personne dans ma voiture. Je comprends juste pas ce qui se passe. J'ai eu peur".
14 h 10 : On comprend vite que le témoin est le conducteur de la Golf qui a reçu une balle perdue, au moment où les assassins prenaient la fuite, car il était sur le passage. "La première chose que j'ai faite, c'est essayé de me protéger" se souvient-il. "J'ai vite fait une marche arrière pour les laisser passer". "Vous aviez dit avant cela avoir entendu des crissements de pneus et un gros boum, c'était quand ?" demande la présidente. "Deux, trois minutes avant" répond Karim A.
J'ai eu très peur, j'ai été extrêmement choqué. Sur le moment, je ne sais pas ce qui se passe. Après j'ai vu la voiture accidentée, je me suis dit, "y a eu un truc".
Karim A.témoin
14 h 05 : La cour fait rentrer Karim A, né en 1987. Il ne connaissait pas les accusés. "Au moment des faits, j'étais garé avenue Villarceau, je sortais ma Golf et je suis tombé face à face avec une Megane" dit-il. "Ma vitre a explosé d'un coup. La Megane a fait demi-tour en roulant très vite. Puis j'ai pu sortir ma voiture et je suis tombé sur les policiers avenue Siffert, à qui j'ai raconté tout cela".
Les occupants de la Megane, ils étaient cagoulés, on voyait pas leur visage.
Karim A.témoin
14 h : Finalement, l'audience peut reprendre dans la salle utilisée jusque là. Suite à un problème de visio, des témoignages à distance ne pourront pas avoir lieu et sont reportés.
13 h 45 : Alors que tous les protagonistes du procès sont réunis dans la salle d'audience, un problème technique oblige la présidente de la cour d'assises à prolonger la suspension d'audience pour quinze minutes. Le procès pourrait continuer dans une autre salle.
Les accusés sont sortis de leur box, alors que les avocats, le public et les journalistes attendent.
12 h 45 : L'audience est suspendue jusqu'à 13h30.
12 h 40 : Au tour de la défense de poser ses questions aux témoins. Me Cormier, un des avocats de Melk Ghezali, revient sur les propos du témoin lors de son audition le 9 mars 2020, en passant en revue les différences avec ses déclarations du jour. "Pourquoi n'êtes vous pas venu en aide à l'homme sorti du véhicule ?". "Je pensais qu'il était calibré, donc je n'ai pas voulu prendre de risques" conclut l'homme interrogé, qui finit ainsi son témoignage.
12 h 35 : L'audience reprend. Le témoin observe les vidéos de l'accident sur l'ordinateur de Delphine Thibierge, présidente de la cour d'assises, avec les explications d'Etienne Manteaux, l'avocat général. Les jurés regardent à leur tour ces documents visuels pour se faire une idée de là où était la voiture du témoin au moment des faits.
12 h 25 : L'audience est suspendue durant cinq minutes.
12 h 17 : Me Pichoff, un des avocats des parties civiles, demande à ce que les vidéos amateurs de l'accident tournées ce soir-là soient présentées au témoin. Entretemps, Me Spatafora, avocate de Rabah Khaldi, vient poser ses questions au témoin : "vous dites aujourd'hui que vous ne pouvez pas être affirmatif sur le fait que l'objet, récupéré par l'homme sorti apeuré du véhicule sombre, était une arme ?". "C'est ça" répond le témoin.
"Vous dites que votre compagne a été tétanisée. Est-ce que votre état à vous a pu altérer votre perception ?" reprend l'avocate. "Je dis cela car vous vous êtes dans votre déposition trompé sur la couleur des vêtements de M.Khaldi". "Oui, c'est possible" condède le témoin.
12 h 10 : Les questions de la présidente s'enchaînent. "Au départ, je pensais que c'était un jeu" assure le témoin. "Jusqu'à ce que je vois le véhicule rouge s'avancer froidement vers l'autre voiture, et qu'un des occupants de la Megane rouge tire au moins un coup de feu".
Vient alors la question cruciale : "vous dites avoir vu l'homme qui est sorti du véhicule sombre glisser quelque chose dans son pantalon" relance la présidente. "Oui, j'en suis sûr. Il m'a semblé que c'était une arme de poing. Mais l'axe était mal éclairé et peut-être que j'ai été influencé par les coups de feu" répond le témoin. "Je me souviens d'une forme sombre, qui ressemblait à une arme de poing. La façon dont il l'a pris me rappelait cela aussi".
12 h 01 : Fin du témoignage de Carelle K. Un autre témoin de la scène arrive à la barre. "Ce soir là, j'allais chercher ma compagne au train" explique cet homme. "En revenant au niveau de la place Leclerc, j'ai entendu une première détonation avant d'être doublé par un véhicule bleu et un véhicule rouge. J'ai alors continué avenue Siffert et j'ai vu ces deux Megane quasi côte à côte. Le véhicule sombre a heurté un trottoir, la voiture rouge s'est alors approchée calmement. Un de ses occupants a parlé, puis a tiré un coup de feu".
Un homme est sorti de la voiture sombre après le départ de la Megane rouge. Il a levé ses mains puis a semblé glisser quelque chose qui ressemblait à une arme de poing dans son pantalon, avant de s'enfuir.
Un témoin de l'assassinat
11 h 55 : La témoin réitère ces propos face aux questions de Me Spatafora, une des avocats des parties civiles : elle assure que Rabah Khaldi n'avait rien dans les mains lorsqu'il est sorti de la voiture d'Houcine Hakkar et explique qu'elle a croisé M.Khaldi dans un parc au-dessus du lycée Jules-Haag quelques minutes plus tard.
11 h 50 : "Vous dites que vous avez entendu quelqu'un parler depuis la voiture rouge à la voiture noire. Qu'est-ce-qu'il disait ?" interroge la présidente de la cour d'assises. "Non, je n'étais pas assez près. Mais c'était un ton agressif" répond la témoin. Carelle K dit alors être partie pour appeler les forces de l'ordre, et avoir croisé l'homme qui avait fuit le véhicule noir.
"Cet homme avait-il quelque chose dans les mains, au moment où vous l'avez croisé ?" demande Delphine Thibierge, présidente de la cour d'assises, en référence au récit d'un autre témoin, qui disait lui que Rabah Khaldi portait une arme. "Je ne m'en souviens pas". "A l'époque de votre audition, le 9 mars 2020, vous avez déclaré qu'il avait les mains sur la tête, vous confirmez ?" renchérit Delphine Thibierge. "Oui, je m'en souviens".
11 h 40 : La déposition de Pierre Mialhe, expert balistique, prend fin. Une nouvelle témoin, Mme Carelle K. , intervient à son tour via visioconférence. A l'époque des faits, elle était interne au lycée Jules-Haag, à Besançon.
"Vers 21h20, je rentrais en direction du lycée" explique-t-elle. "J'ai vu deux voitures se poursuivrent à grande vitesse sur l'avenue Siffert. Puis se percuter. La voiture rouge est arrivée parallèle à l'autre véhicule. Un homme à l'accent maghrébin a ensuite dit quelque chose, avant que j'entende un coup de feu. La voiture rouge est repartie. 30 secondes après, un passager est sorti de la voiture sombre pour s'enfuir".
Il a crié : "à l'aide, mon pote est mort, aidez-moi".
Carelle K,témoin de l'assassinat d'Houcine Hakkar
11 h 25 : l'audience est suspendue une dizaine de minutes.
11 h 20 : L'avocat général demande alors à l'expert si la munition qui s'est "divisée" lorsqu'elle a pénétré dans le corps de la victime, aurait-pu être "sciée en connaissance de faits pour faire plus de dégâts". Pierre Mialhe estime que "c'est peu probable". Devant les relances de M.Manteaux, les avocats de la défense s'insurgent, estimant que l'avocat général "fait les questions et les réponses".
Après un appel au calme de la présidente, Etienne Manteaux renchérit : "La dernière balle a été tirée à moins de 5m, alors que les tueurs se sont rapprochés du véhicule de M.Hakkar. A une telle distance, et sans être sciée, la balle n'aurait-elle pas dû traverser le corps et ressortir ?". "C'est vrai" conclut Pierre Mialhe.
11 h 15 : Etienne Manteaux, avocat général, précise à la cour que sur une conversation PGP, Mohamed Mordjane (qui fait partie des trois accusés de ce procès mais qui est toujours en cavale) a fait état "d'une mitraillette achetée 4k", soit 4 000 euros. "Pourrions-nous parler de la même arme que celle qui a tiré sur MM. Hakkar et Khaldi ?" demande M.Manteaux. "C'est possible, oui" répond Pierre Mialhe.
11 h : "En terme de compétences techniques, le tireur doit-il être familier au maniement des armes de guerre ou tout un chacun pourrait-il facilement utiliser le fusil-mitrailleur ?" renchérit Me Pichoff. "Cela ne demande pas de formation ou d'expérience précise" lui rétorque l'expert. "De plus, il est malheureusement facile de se procurer des explications en ligne de maniement".
À part des vols, je ne vois pas comment on pourrait entrer en possession d'une arme de ce type. Au niveau du prix, je vous donnerai un minimum de 2 000 euros. Mais ici l'arme est de bonne facture, donc ça peut monter très vite.
Pierre Mialhe,expert en balistique
10 h 50 : "Est-ce que d'un point de vue balistique, cette arme est précise ?" demande Me Pichoff, un des avocats des parties civiles, à l'expert en balistique. "Elle est utilisée par certaines polices et certaines armées, donc oui, c'est une arme de guerre fiable" répond Pierre Mialhe.
10 h 40 : Les recherches de M.Mialhe ont montré qu'une seule arme avait été utilisée, un fusil-mitrailleur HK-MP5, de fabrication allemande. L'expert en montre une réplique à la cour et explique son fonctionnement. "C'est une arme de catégorie A, interdite à l'utilisation et à la détention" précise Pierre Mialhe.
10 h 25 : La matinée des expertises se poursuit. Pierre Mialhe, expert en balistique, est appelé lui aussi via visioconférence. Le 31 mars 2020, M.Mialhe a analysé des projectiles "qui s'apparentaient à des munitions de calibre 9 mm parabellum [...] tous tirés par une même arme", retrouvés dans le véhicule d'Houcine Hakkar et dans une voiture Golf.
Des vêtements ont également été analysés, dont les T-Shirts de MM. Hakkar et Khaldi, "troués de plusieurs orifices".
10 h 15 : Les avocats de la défense interviennent à leur tour. "Rien ne permet de formellement identifier notre client, M.Ghezali, dans les fichiers audios interceptés ?" demande Me Robin Binsard. "On n'en a pas l'absolu certitude, mais c'est une tendance, oui" répond Laurianne Georgeton. La déposition de cette dernière prend fin.
10 h 03 : Interrogée par l'avocat général Etienne Manteaux, l'expert indique que le cryptage des messages interceptés via la messagerie sécurisée Sky Ecc (utilisés par les narcotrafiquants), puis leur décryptage par les forces de l'ordre, ont endommagé les fichiers audios.
10 h : Les deux accusés fixent Laurianne Georgeton pendant sa déposition. Delphine Thibierge, présidente de la cour d'assises, pointe les difficultés techniques d'analyse de ces fichiers sonores : "vous n'avez reconnu quasiment personne, on ne peut pas identifier quelqu'un d'une manière certaine ?". "C'est ça, exactement" répond Mme Georgeton. "La qualité des fichiers audios ne permettaient pas d'aller plus loin".
M. Basbas a refusé le prélèvement de voix. S'il avait dit oui, cela aurait pu changer mes conclusions.
Laurianne Georgeton,ingénieure de la police scientifique à Paris
9 h 50 : La déposition du médecin-légiste est terminé. La cour appelle, par visio-conférence, Mme Laurianne Georgeton, ingénieure de la police scientifique à Paris. "On m'a demandé de comparer les voix de 21 fichiers audios avec les voix de sept individus, dont MM. Basbas et Ghezali" raconte l'expert. "J'ai utilisé un logiciel pour constituer un modèle de voix avec les interceptions téléphoniques, les auditions de garde à vue et les prélèvements de voix".
9 h 45 : Une photo du T-shirt que portait Rabah Khaldi au moment des faits est projetée. Un maillot rouge, sur lequel on peut distinguer des taches d'un rouge plus sombre, des taches de sang. M.Khaldi, présent sur le banc des parties civiles, ne peut pas regarder ce cliché et détourne le regard, se prenant la tête entre les mains.
9 h 40 : Me Spatafora, une des avocates des parties civiles, notamment de M.Khaldi, interroge le Dr Grignard sur les séquelles physiques et morales causées par les tirs. "Deux jours après les faits, M.Khaldi m'a dit qu'il avait des hallucinations et des flashs" dit le médecin. "Il a refusé un suivi psychologique. Deux ans plus tard, je l'ai revu et il m'a dit avoir encore des flashs, sans pour autant être allé voir un psychologue". Un déficit fonctionnel permanent au niveau de l'épaule a également été constaté.
9 h 35 : M.Grignard arrive maintenant à l'examen médical de M.Rabah Khaldi, le passager d'Houcine Hakkar, réalisé au CHU de Besançon le 11 mars 2020. Deux balles ont touché M.Khaldi : une à l'épaule gauche et une autre l'ayant impacté dans le bas du dos, à droite, et ayant endommagé l'abdomen. "Une balle, celle ayant touché l'épaule, n'a pas pu être retirée par les médecins" indique Sébastien Grignard.
Le tir sur l'épaule gauche n'était pas mortel. Celui qui a touché l'abdomen aurait pu l'être sans prise en charge.
Sébastien Grignard,médecin-légiste
9 h 30 : Etienne Manteaux, avocat général, prend la parole. "Houcine Hakkar était encore vivant au moment de l'arrivée des secours ?" demande-t-il. "Oui, il était inconscient" révèle Sébastien Grignard. "Il perdait beaucoup de sang. Il est mort en quelques minutes malgré la tentative de réanimation des secours".
9 h 25 : Me Jérôme Pichoff, avocat de la mère et des sœurs d'Houcine Hakkar, se lève pour poser des questions au Dr Grignard. "Combien de ces blessures sont mortelles ?". "La plaie à la tête est mortelle, celles au niveau de l'abdomen auraient pu ne pas être mortelles avec une prise en charge rapide, les autres ne sont pas létales" analyse le praticien.
9 h 20 : Dans leur box, les deux accusés, Elias Basbas (24 ans) et Melk Ghezali (31 ans) n'ont pas changé d'attitude. Les deux hommes restent tête basse et fixent le sol, entourés de six policiers cagoulés, lourdement armés.
9 h 15 : "Ces examens permettaient de dire que le décès de M. Hakkar est directement en lien avec des tirs d'armes à feu, en raison de tirs au niveau de la boîte crânienne et de la cavité abdominale" assure M.Grignard, qui précise que trois balles ont été retrouvées dans le corps de la victime.
9 h 10 : Un schéma est projeté dans la salle d'audience, montrant les emplacements de cinq "plaies", là où Houcine Hakkar a été frappé par les balles. La victime a été touchée cinq fois : une balle dans le bas du dos gauche, une autre sur le haut du fessier gauche, une troisième en haut du fessier droit, une quatrième sur la main droite et une dernière en pleine tête.
Des éléments métalliques ont été retrouvés dans la boîte crânienne.
Sébastien Grignard,médecin légiste
9 h 03 : L'audience reprend à la cour d'assises du Doubs. Le docteur Sébastien Grignard, médecin-légiste, est appelé à la barre par . "Dans ce dossier, je suis intervenu à deux reprises, pour l'autopsie du corps de M.Hakkar, le 10 mars 2020, et pour l'examen de M.Rabah Khaldi" explique le professionnel.
Le deuxième jour du procès des assassins présumés d'Houcine Hakkar doit débuter à 9h.
Selon le programme de la cour d'assises, le passager de la voiture de la victime, survivant à l'attaque meurtrière ayant tué Houcine, devrait témoigner. Différents experts (médecin légiste, expert en balistique) devraient aussi faire leur déposition. De nouveaux témoins, pour certains appartenant à des clans de narcotrafiquants bisontins, seront entendus en fin de journée.
Que s'est-il passé lors du 1ᵉʳ jour du procès ?
Lundi 16 décembre a débuté à la cour d'assises du Doubs, à Besançon, le procès des assassins présumés d'Houcine Hakkar. Elias Basbas, Melk Ghezali et Mohamed Mordjane (en fuite), membres d'un groupe de trafiquants de drogue, le clan Picardie, sont accusés d'avoir tué par erreur ce mécanicien de 22 ans après une course-poursuite. Ils se seraient trompés de cible.
Lors de l'ouverture de la première journée du procès, Melk Ghezali a reconnu les faits qui lui sont reprochés, tandis qu'Elias Basbas niait en bloc. La cour a ensuite entendu un premier témoin, Patrick Melon, directeur de l'enquête lancée sur cette affaire, qui pendant plusieurs heures a détaillé ses investigations et a répondu aux questions de la présidente de la cour d'assises et des avocats.
Des enregistrements audios et vidéos ont été diffusés pendant le procès, dont l'appel de détresse poignant de Rabah Khaldi aux forces de l'ordre. M.Khaldi, passager de la voiture d'Houcine Hakkar au moment des faits, était avec la victime au moment de sa mort. Il a survécu malgré des blessures par balle. À la fin de journée, les deux sœurs d'Houcine Hakkar, Abir et Wabissa, toutes deux parties civiles, ont été entendues par la cour et ont livré un témoignage poignant.
► (Re)lire le déroulé complet de la première journée du procès.
Qui sont les accusés jugés par la cour d’assises ?
- Mohamed Mordjane : tête du réseau de trafiquants de drogue, dit clan “Picardie", il est toujours en fuite.
- Melk Ghezali : il conduisait le soir du drame la voiture qui a pris en chasse celle d’Houcine Hakkar. Melk Ghezali a été arrêté en Espagne en mai 2021, puis extradé en France.
- Elias Basbas : il est le tireur présumé qui a froidement tiré plusieurs balles sur Houcine Hakkar et tenter d’assassiner également son passager
Ils sont mis en examen pour assassinat, tentative d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat.
"Putain monsieur, on va mourir" : on vous résume cette tragique affaire
Au printemps 2020, la guerre des trafiquants de drogue fait rage à Besançon. Deux clans se disputent les points de deal dans le quartier de Planoise, le clan de “de la tour” et le clan “Picardie”. Au fil des semaines, les accrochages entre rivaux se multiplient. 10 blessés. Jusqu’à ce soir-là, celui de la vengeance soigneusement programmée. Les trafiquants mènent l'opération en échangeant sur un réseau crypté.
Une semaine avant le confinement, le 8 mars 2020 vers 21 heures, pensant avoir repéré leur cible, deux hommes prennent en chasse une voiture Mégane bleue sur l’avenue Siffert. Le passager tire de multiples coups de feu. Les occupants de la Megane ont le temps d’alerter les policiers. Les enregistrements sont glaçants : “On est en train de se faire tirer dessus !”, “On est en voiture monsieur, dépêchez-vous, ils sont derrière nous, c’est une Mégane 5 rouge”, “Putain, monsieur, on va mourir, bordel, on va mourir, on va mourir monsieur”.
Dans la soirée sur le réseau crypté, les trafiquants vont se rendre compte qu’ils ont abattu la mauvaise personne. Un innocent.
Déjà lourdement condamnés par la justice, les trois hommes jugés lors de ce procès devant les assises du Doubs encourent une peine de réclusion à perpétuité.