S'il ne doit plus exercer sa spécialité, l'anesthésiste Frédéric Péchier est autorisé par la justice à continuer la pratique de la médecine en attendant son procès, sous condition d'un accord de l'ordre des médecins. Accusé d'avoir empoisonné des patients, le médecin de Besançon peut aussi désormais rendre visite à sa famille dans le Doubs, chose que lui interdisait son contrôle judiciaire.
Le docteur Péchier pourra continuer l'exercice de la médecine en attendant d'être jugé. C'est ce que confirme par arrêté du 11 janvier le parquet général de la cour d'appel du Doubs. S'il lui est interdit de pratiquer sa spécialité, l'anesthésie-réanimation, le docteur peut recevoir éventuellement de la patientèle comme généraliste, si le conseil de l'ordre des médecins ne s'y oppose pas.
Le procureur général Marie-Christine Tarrare a statué sur un appel du suspect, qui pensait que son contrôle judiciaire prohibait globalement cette activité de médecin. L'arrêté du parquet général n'est donc qu'une confirmation que le suspect est interdit d'exercice de l'anesthésie-réanimation - et qu'il peut donc pratiquer toute autre activité médicale, toujours avec l'aval de l'ordre.
Des visites ponctuelles dans le Doubs
Ce qui change cependant, c'est que le parquet lève "l'interdiction de paraître dans le département du Doubs" qui caractérisait le contrôle judiciaire de Frédéric Péchier. Ce dernier pourra ainsi rendre visite à ses enfants à Montfaucon, dans l'agglomération de Besançon. Contacté, l'un des avocats en partie civile qualifie l'arrêté du parquet général de "non-événement" et "attend que le dossier avance sur le fond."
"Une décision judiciaire n'est pas faite pour plaire à la défense. Elle n'est pas faite pour plaire au procureur de la République, ni aux parties civiles. Elle est faite pour être juste, rétorque Me Randall Schwerdorffer, conseil de Frédéric Péchier. Et nous estimons que la chambre de l'instruction de Besançon a rendu une décision conforme au droit et juste."
À résidence dans la Vienne
Il reste cependant interdit pour lui d'"entrer en relation de quelque manière que ce soit avec l'ensemble des personnels de la clinique Saint-Vincent et de la polyclinique de Franche-Comté à Besançon, ainsi qu'avec toute personne concernée par la procédure," rappelle le parquet général.
Le contrôle judiciaire de Frédéric Péchier lui impose toujours de résider dans le département de la Vienne, où habitent ses parents. La justice lui interdit toujours de quitter le territoire national sans autorisation préalable du juge d'instruction.
Le docteur Frédéric Péchier a été mis en examen en 2019 pour empoisonnement avec préméditation et empoisonnement sur personne vulnérable, faits qui remontent à la période 2008-2017 et qui concernent 24 personnes, dont 9 en sont décédées. Huit autres cas supplémentaires d'empoisonnements volontaires dont quatre mortels, dont l'expertise est en cours, pourraient lui être attribués.