Ce dimanche 13 novembre, ils ont voulu tirer la sonnette d’alarme. Les membres du CoDes 25, le Collectif de Défense de la Santé du Doubs qui rassemble des soignants et des citoyens, ont envoyé un communiqué pour alerter la population de l’état du CHU de Besançon.
"On veut que les gens comprennent que l’hôpital est en train de mourir". Annie Morelli parle sans détour. Le collectif de Défense de la Santé du Doubs (CoDès 25) dont elle fait partie a publié ce dimanche 13 novembre un communiqué dans pour "alert[er] la population et les pouvoirs publics sur l’état de crise sans précédent que subit le CHU de Besançon".
Quelques jours après le cri d’alerte de Laurent Thines, neurochirurgien au CHU de Besançon, les membres de ce collectif, des citoyens, des soignants et anciens soignants, ont voulu attirer l’attention du public : "On s’est dit qu’il ne faut pas laisser les gens imaginer que finalement, ça va mal ailleurs, mais chez nous ça va", explique Annie Morelli.
On est étonnés qu’il n’y ait pas plus de morts, je vous le dis sincèrement. C’est vraiment parce que les soignants tiennent bon, comme ils peuvent
Annie Morelli, membre du Collectif de Défense de la Santé 25
Dans ce communiqué, le CoDès pointe du doigt un manque cruel de soignants. Entre des arrêts de travail en hausse, "41 jours d’arrêt par agent travaillant au CHU" en 2021, de départs très nombreux du personnel, des recrutements en berne, "en 2022, seulement 57 infirmières recrutées !" quand elles étaient 110 en 2021 et 160 en 2020, et des changements de plannings incessants qui épuisent les soignants, le collectif dénonce une "perte de sens qui s’impose aux agents", qui ne peuvent plus travailler correctement. Pire, pour ce collectif, les seules solutions proposées par la direction face à la crise actuelle, seraient des "mutualisations", des "redéploiements" et des "polycompétences" : "pour le personnel, cela signifie en fait faire les ‘bouche-trous’, quelles que soit les conséquences pour les personnels et pour les usagers"
"Il faut que les citoyens fassent pression"
"Par exemple, en oncologie, quand il y a des problèmes de personnel, on envoie celui qui travaille en gastro-ontologie" explique Annie Morelli. "Mais il ne saura pas tout faire, il y a des compétences propres. Alors le titulaire va prendre du temps pour expliquer, mais ça bouleverse tout, la personne qui arrive et remplace va avoir l’impression de mal faire" se désole-t-elle. Des solutions à court termes, qui engendre également des changements de planning incessants et épuisants. "On dit que le personnel fuit l’hôpital, mais oui, ils quittent l’hôpital parce qu’ils n’en peuvent plus", alerte cette ancienne psychologue à la retraite. "Le problème, c’est qu’avec la logique comptable, on n’écoute plus les soignants"
"Les conséquences sur la population sont graves et évidentes", affirme le communiqué du CoDès 25. "Outre le ras-le-bol des personnels et les tensions dans les services, la prise en charge des patients s’est dégradée". Le collectif appelle à un "sursaut citoyen pour ne pas accepter l’agonie du système de santé en France". "Ce qu’on demande dans un premier temps, c’est une prise de conscience de la population, pour que les gens se mobilisent" explique Annie Morelli. "Il faut que les citoyens fassent pression".
Les précisions du CHU de Besançon
Au lendemain de la publication du communiqué, le CHU de Besançon apporte quelques précisions sur le nombre de recrutement d'infirmier(e)s évoqué par le CoDès25 : "Le chiffre évoqué de 57 recrutements d’infirmier(e)s en 2022 est le pointage au 31 juillet et ne peut donc être comparé aux chiffres de 2020 ou 2021. Depuis, le CHU a bénéficié des promotions de diplômé(e)s de septembre comme chaque année et d’autres recrutements. Au pointage début novembre, le CHU avait recruté 106 infirmier(e)s et 90 aides-soignant(e)s / auxiliaires de puériculture. Ces recrutements permettent de compenser les départs, mais ils ne permettent pas d’améliorer la situation en comparaison à 2021. Nous poursuivrons nos actions pour favoriser l’attractivité de nos écoles de formation afin que de nombreux professionnels de santé puissent être formés et nous poursuivrons nos campagnes de recrutement."