Annoncée le 26 octobre 2023 par Élisabeth Borne, la force d'action républicaine (FAR) se déploie à Besançon en cette fin février. La capitale comtoise est l'une des trois villes de France à tester cette organisation, avec Maubeuge et Valence.

 Mêlant différents services de l'État (police, judiciaire) et acteurs locaux (collectivités, associations), ce dispositif va être expérimenté au cours des six prochains mois dans le quartier de Planoise.

"Il y a une demande d'action publique, il faut qu'on soit disponibles pour répondre aux attentes, aux craintes, aux interrogations des habitants pour rendre leur situation plus favorable", rapporte Gilles Clavreul, responsable national de la FAR. Expérimentée à Besançon, mais aussi à Valence (Drôme) et Maubeuge (Nord), "trois territoires aux visages complètement différents", cette FAR va réaliser un diagnostic à l'échelle d'un quartier afin de lutter contre le trafic de stupéfiants, repérer le décrochage scolaire et améliorer l'accès aux services publics et à la culture.

Les problèmes de sécurité ont des sous-jacents : la précarité des habitants, le manque de mixité sociale, l'accès aux services publics, l'éducation en général.

Gilles Clavreul

responsable national de la FAR

Pour réaliser ces "diagnostics", l'État va s'appuyer sur des experts mandatés sur six semaines à Planoise par l'Inspection générale des affaires culturelles (IGAC), l'Inspection générale de l'administration (IGA) ou encore de l'Inspection générale de l'éducation, des sports et de la recherche (IGÉSR).

Fort de ces expertises, l'État identifira des solutions et mettra en place des actions dans les six mois, "en lien avec les habitants", résume Gilles Clavreul lors d'une conférence de presse donnée ce 27 février à Besançon, en présence du préfet du Doubs, du procureur de la République et de la maire (EÉLV) Anne Vignot. "Six mois, c'est l'idée d'aller vite, c'est un délai idéal pour faire le tour de la question, poser le diagnostic le plus juste," souligne le responsable de la FAR.

Aucun budget de la FAR n'a été communiqué : "On part des besoins, du terrain, on n'est pas dans une volonté d'affichage [d'une quelconque enveloppe]," avoue Gilles Clavreul.

Le trafic de stupéfiants dans le viseur

La maire de Besançon concède que "Planoise souffre de dysfonctionnements, principalement liés aux addictions. Dans ce quartier, on n'est pas forcément acteur [des trafics de stupéfiants], on en est surtout victime. Le quartier est peuplé d'actifs qui cherchent à faire connaître leur quartier, assure Anne Vignot. Planoise n'est pas dangereux. C'est le produit d'un système qui dysfonctionne depuis l'extérieur, par de l'intérieur."

Pour le procureur de la République Étienne Manteaux, la mise en place de la FAR poursuit la politique de lutte contre les points de deal de Planoise, passés de "28" à son arrivée en poste en 2028 "à trois ou quatre" aujourd'hui. "L'objectif, c'est d'arriver à zéro. On a porté un coup aux trafiquants, mais on aura toujours du deal si la consommation reste forte," considère le magistrat.

À lire : Ils occupent le hall de leur immeuble de Besançon contre les dealers : des copropriétaires lancent un appel aux habitants de Planoise

Il préconise d'être "plus offensif sur les consommateurs", "sur la fraude, notamment sur les commerces de façade servant à blanchir le trafic", "sur les mineurs en décrochage qui deviennent les petites mains du deal" et "sur la réinsertion des anciens détenus".

"Montrer qu'il n'y a pas de fatalité"

L'État compte allier répression et prévention, notamment "pour aider les jeunes en situation de bascule, une population fragile exposée aux violences et aux trafics," considère Rémi Bastille, le préfet du Doubs.

Ça commence par des signes : le décrochage scolaire, des violences intrafamiliales, avec des familles souvent composées de mères monoparentales qui ne connaissent forcément les aides auxquelles elles ont droit.

Rémi Bastille

préfet du Doubs

"Il nous faut mettre en dialogue les acteurs - assistantes sociales, écoles, protection judiciaire de la jeunesse - pour repérer ces facteurs et proposer des solutions adaptées pour ces jeunes, au cas par cas, poursuit le haut fonctionnaire. Il faut montrer qu'il n'y a pas de fatalité, qu'on peut être bien reçus par les services publics." Services qui sont nombreux à Besançon et à Planoise, souligne la maire de la ville.

On a un théâtre scène nationale au sein de Planoise, on a une maison France services, des maisons de quartier... Qu'est-ce qui fait que beaucoup restent encore éloignés de ces dispositifs d'accès à la culture ou d'aide ?

Anne Vignot

maire (EELV) de Besançon

"Ça demande un travail de comprendre cet isolement, conclut la première édile bisontine. Il faut travailler la confiance de nos citoyens envers nos dispositifs, il faut davantage les faire connaître."

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