Dominique Voynet, secrétaire régionale Europe Ecologie Les Verts en Franche-Comté, apporte son soutien « total et entier » à Anne Vignot lors d'une conférence de presse ce samedi 17 décembre. La maire de Besançon subit depuis plusieurs semaines une vague de cyberharcèlement sexiste et raciste.
Il y a comme un air de lassitude et de colère. Depuis plusieurs semaines, des élues Europe Ecologie Les Verts témoignent des vagues de harcèlement en ligne qu’elles subissent, particulièrement en tant que femme. « On a l’impression qu’on s’indigne, puis on oublie et on passe à autre chose jusqu’à l’indignation suivante », clame Dominique Voynet, ce samedi 17 décembre.
Derrière ces injures et menaces, la secrétaire régionale EELV en Franche-Comté y voit l'empreinte des mouvances d’extrême-droite : « Depuis plusieurs mois, les groupuscules d’extrême-droite occupent le terrain, dans la rue et sur les réseaux sociaux, dans une impunité totale ». Elle prend l'exemple des agressions racistes qui ont eu lieu à Lyon, Strasbourg ou encore Paris après le match France-Maroc, mais aussi des insultes en ligne subies par certaines femmes politiques.
« Des insultes sexistes, racistes, ignobles »
Parmi les faits les plus récents, le cyberharcèlement éprouvé par Anne Vignot (EELV) après la restauration de la statue de Victor Hugo par Ousmane Sow. « Nous manifestons notre soutien total et entier à Anne Vignot qui subit des insultes sexistes, racistes, ignobles sur les réseaux sociaux depuis des semaines. Certains termes sont abjects et visent à animaliser, à réduire à un statut de chose ou de bête des personnes du continent africain. Dans un des messages, je cite : ‘des singes nègres qui seraient invités à violer la maire de Besançon’. »
L'édile de Besançon a depuis porté plainte. Au-delà d'une dénonciation, cette intervention de Dominique Voynet est surtout un appel : « ce sont des messages extrêmement violents, il nous semble indispensable que la société dans son ensemble réagisse ». Elle regrette l’absence de « réaction de la part des pouvoirs publics ».
« Un point commun : l’ignorance »
Dominique Voynet partage également les « menaces de mort » dont elle est victime depuis la circulation d’une vidéo-montage, rapportant des propos sortis de leur contexte. Dans ce montage, Dominique Voynet aurait admis avoir « sabordé le nucléaire français à Bruxelles » en 2000, alors ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement du gouvernement Jospin, et allant ainsi à l’encontre du mandat qui lui avait été confié.
Une citation largement tronquée, comme le précisent nos confrères de Libération. Depuis la propagation de cette vidéo, Dominique Voynet subit plusieurs vagues de harcèlement : « Il est proposé sur certains sites d’extrême-droite de ‘rétablir la peine de mort pour des personnes comme Voynet qui est un déchet qui ne mérite pas de terminer sa vie dans son lit’ ou encore ' Il va falloir ‘loger’ et savoir faire un nœud de pendu’ », dénonce-t-elle. Elle rappelle que « dans l’indifférence générale, tout ceci prolifère sur les réseaux sociaux. Or, les violences de rue sont pénalisées par la loi, le cyberharcèlement aussi », citant l’exemple du chanteur Eddy de Pretto – onze des harceleurs lui ayant écrit des insultes homophobes et des menaces de mort ont été condamnés.
La secrétaire régionale d’EELV tente de prendre du recul sur les insultes proférées à son encontre et à l’encontre d’Anne Vignot : « On peut déconstruire la mécanique qui conduit à ces violences. Il y a un point commun : c’est l’ignorance, note-t-elle. L’ignorance des personnes qui ne connaissent rien à l’histoire de la statue de Victor Hugo, pour Anne Vignot. L’ignorance des personnes qui ne connaissent rien à la politique énergétique de la France » La secrétaire régionale d'EELV souligne le soutien de plusieurs personnalités politiques comme Marine Tondelier, nouvelle secrétaire nationale du parti, ou encore Marie-Guite Dufay, Présidente socialiste du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté.
« La disparition du respect » dans le monde politique ?
A plusieurs reprises, Dominique Voynet pointe la responsabilité de l’extrême-droite dans ces campagnes de haine en ligne. Comme lors de l’assemblée plénière du Conseil Régional Bourgogne-Franche-Comté du 16 décembre dernier. La Vice-Présidente de Région Sarah Persil (EELV) a essuyé plusieurs insultes de la part d'élus d’extrême-droite lorsqu’elle a invité à faire des dons avant la fin de l’année à plusieurs associations comme AIDES, la Cimade ou encore SOS Méditerranée. Dans une vidéo sur Twitter, l’écoféministe explique qu’un élu aurait prononcé « elle fait la pute pour les associations ».
Dominique Voynet tient à remettre les points sur les i : « Même si ce n’est pas proclamé au micro, le fait de ricaner, d’insulter, de glousser à voix basse dans les couloirs en utilisant des collaborateurs comme relais n’est pas acceptable. » Et de déplorer « le relâchement général de la tenue chez les élus et les responsables politiques, la disparition du respect qui marque les échanges avec des adversaires politiques qui deviennent carrément haineux et caricaturaux ». La secrétaire régionale n'exclut pas une initiative commune pour dénoncer ces attaques parce que « cette situation frappe toutes les femmes politiques sur tous les bancs ».