Le gouvernement a lancé le 19 juin 2023 une campagne nationale de prévention des noyades. Elles sont la cause de 1000 décès par an en France, adultes, comme enfants. Au bord de la mer, d'un lac, en piscine, en rivière, comment porter secours ? On vous explique.
“Mon fils, je l’ai vu dans la piscine”
Perdre un enfant de noyade. Un drame terrible. Dans la campagne de prévention nationale, trois mamans racontent pudiquement les circonstances de la mort de leur enfant. “On avait loué une maison dans le Périgord. On était trois familles avec des enfants en bas âge et une piscine dans la maison". Karine a perdu son fils Joey, 2 ans et demi. Le drame est intervenu alors que les enfants passaient tout à tour de la piscine à la salle de bain pour prendre une douche. “Il suffit de quelques secondes pour qu’un enfant se noie”, rappelle la campagne.
Élodie a perdu, elle aussi, un petit garçon de deux ans et demi. Mort dans la piscine des voisins. Il était trop tard.
J’aimerais dire aux parents qu’aucun parent n’est parfait, aucune maman n’est parfaite. Ça peut nous arriver à tous. Il faut avoir cette extra-vigilance, c’est quelque chose de très important et encore plus au contact de l’eau” confie cette maman.
Elodie, dont le fils est mort par noyade
Des familles, des fratries endeuillées
Une noyade en France reste dans les esprits. L’été 2018, trois frères et soeurs se sont noyés à Chalon sur Saône en Bourgogne. Assia (9 ans), Abd-Allah (10 ans) et Abd-Arrahmane (13 ans) sont morts noyés dans le plan d'eau des Prés-Saint-Jean. Ce jour-là, ils étaient sous la responsabilité de la nouvelle compagne de leur père. Elle a été condamnée à trois ans de prison avec sursis pour défaut de surveillance alors que les enfants ne savaient pas nager.
Noyades en France : combien d’accidents ? combien de victimes ?
- 1ʳᵉ cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans
- 1000 décès par an
- 4 décès par jour en moyenne l’été
- Les enfants de moins de 6 ans représentent le quart des noyades accidentelles, soit plus de 500 cas
Selon Santé publique France, les noyades accidentelles chez les moins de 6 ans ont principalement lieu en piscine privée familiale. Elles sont rarement suivies de décès, fort heureusement. De façon générale, les noyades chez les plus jeunes enfants sont essentiellement dues à un manque ou un relâchement de la surveillance de l’adulte responsable pendant la baignade, ce d’autant plus que l’enfant ne sait pas nager ou peut avoir une réaction non adaptée.
En 2021, l’enquête NOYADES de Santé Publique France a recensé, entre le 1ᵉʳ juin et le 30 septembre, 1 480 noyades accidentelles dont 27 % ont conduit à un décès. 47 % des noyades accidentelles ont eu lieu en mer, 26 % en piscine tous types confondus, 23 % en cours d'eau ou plan d'eau et 4 % dans d'autres lieux (baignoires, bassins, etc.)
Les premiers gestes de secours à faire en cas de noyade
Apprendre aux enfants à nager, toujours exercer une surveillance. Se renseigner sur la météo, ne pas se baigner là où c'est interdit, ou après une consommation d’alcool. Si les points de prévention sont connus, parfois le drame se produit.
Dominique Schaer, conseiller technique départemental du secours nautique au SDIS du Doubs insiste sur l’importance des premiers gestes. “Donner l’alerte rapidement, rester sur place pour que les pompiers puissent localiser la victime. Et, ne pas intervenir si l’on ne sent pas en capacité de le faire” résume le pompier. Dans le Doubs par exemple, 95 pompiers sont spécialisés dans le secours nautique. Ils rappellent que plus les gestes sont pratiqués tôt, plus la victime aura de chances de s’en sortir.
Voici donc ces gestes à avoir en tête si un enfant ou un adulte se noie sous vos yeux.
Donner l’alerte
Des sauveteurs, des surveillants de baignade sont à proximité ? Prévenez-les.
Si le lieu de baignade n'est pas surveillé, appeler les secours en composant le 18 ou le 112.
Ne quittez pas la victime des yeux pour pouvoir guider les secours.
Si vous n’êtes pas formé à secourir une personne, ne prenez pas de risques. Demander de l’aide autour de vous, envoyer un objet flottant à proximité de la victime si cela est possible.
La victime est sortie de l’eau, elle est consciente
Calmez-la, rassurez là, allongez-la confortablement, couvrez-la et appelez les secours. Ils auront besoin de vérifier l'absence de complications pulmonaires.
La victime est sortie de l’eau, elle est inconsciente, mais respire
Alerter les secours.
Pour vérifier que la victime respire, vous devez commencer par libérer ses voies aériennes. Pour cela, placez d’abord l’une de vos mains sur le front de la victime et basculez doucement sa tête en arrière. À l'aide de votre autre main, dégagez ensuite ses voies respiratoires : pour cela, positionnez l’extrémité de vos doigts sous son menton, et ouvrez-lui la bouche (pour décoller la langue du fond de la gorge, et ainsi dégager les voies aériennes), détaille le site de la Croix-Rouge.
Une bonne respiration est une respiration toutes les 10 secondes. Vérifiez bien cela, et mettez la personne en position latérale de sécurité comme indiqué dans cette vidéo réalisée par des pompiers.
La victime est sortie de l’eau, elle est inconsciente, mais ne respire plus
Alerter les secours.
Si un défibrillateur automatisé se trouve dans les parages, utilisez-le en priorité.
Sinon, il faut procéder à une réanimation cardio-pulmonaire. Il faut effectuer plusieurs séries de compressions thoraciques et d’insufflations par la bouche. Voici les conseils de la Croix-Rouge française.
Débutez par 5 insufflations par bouche-à-bouche, puis chaque série doit comporter 30 compressions thoraciques, suivies de deux insufflations.
Si vous ne vous sentez pas capable d’effectuer le bouche-à-bouche, n’effectuer que des compressions thoraciques (à un rythme de 2 compressions par secondes - 120 par minute) dans l’attente des secours.