"On m'a menti pendant des mois", ils racontent comment ils ont vécu la liquidation judiciaire de leurs auto-écoles

En mars 2024, les auto-écoles du Centre, Campus et Delta à Besançon (Doubs) ont été placées en redressement judiciaire puis ont subi une liquidation judiciaire. Leur propriétaire n'a pas averti ses clients et la plupart n'espèrent pas un remboursement.

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“1350 euros pour une leçon de code, ça fait un peu cher”, souffle Alexandre Maillot. Cet habitant de Pelouset (Doubs) avait inscrit son fils de 16 ans à l’auto-école du Centre à Besançon en janvier 2024, mais l’entreprise a fermé au printemps dernier. Son fils n’a pu suivre qu’une leçon de code à l’agence. L'auto-école a très vite été injoignable parce que la secrétaire a été en placé arrêt maladie. “On a appris que l’auto-école était placée en liquidation judiciaire en février dans la presse”, précise-t-il.

Les auto-écoles du Centre, Campus et Delta à Besançon ont toutes les trois été placées en redressement judiciaire le 6 mars 2024. Elles appartenaient au même chef d’entreprise. Comme l'indiquent nos confrères de l'Est républicain, 776 clients sont concernés. 

Pour Alexandre, le gérant de l’auto-école n’a pas été correct : “Quand on encaisse un chèque en janvier et qu’on est en liquidation quelques semaines après, ça veut dire que vous connaissiez votre situation. Ils n’ont pas été honnêtes”. Cet avocat de profession a déclaré sa créance auprès du liquidateur. “Depuis, on n’a pas de nouvelles”, précise-t-il.

Le père de famille est conscient qu’il ne se ferra probablement pas rembourser. Il envisage aussi de déposer plainte pour abus de confiance. En attendant, son fils a été inscrit dans une nouvelle auto-école, celle de Miramas, à Besançon.

"Beaucoup de faux espoirs"

Aline Rivollet, 20 ans, a également été touchée par cette liquidation judiciaire. La jeune femme avait déjà passé trois fois le permis à Chambéry, sans succès. Arrivée à Besançon pour poursuivre ses études, elle s’est inscrite à l’auto-école Campus de Besançon en début d’été 2023. 

“J’ai fait mes heures avec eux, j’avais une date de permis le 6 décembre 2024 et j’ai reçu un message comme quoi c’était annulé donc j’ai dû reprendre des heures en janvier”, raconte-t-elle. Et de poursuivre : “Aucun moniteur ne s’est présenté, il n’y avait personne à l’accueil”. Aline ne pouvait joindre que le président, mais à chaque fois qu’elle l’appelait, il n’arrivait pas à lui trouver une date pour passer le permis. Finalement, elle a appris qu’il n’avait plus le droit d’exercer depuis décembre 2023. “Avec mon père, on est allé chercher le nom de la société sur internet et on a vu le licenciement”.

Pour moi, c’est beaucoup de faux espoirs et de dégout. J’étais pressée de passer le permis, car je l’ai déjà raté plusieurs fois. J’ai beaucoup de colère parce qu'on m’a menti pendant des mois.

Aline Rivollet, élève de l'auto-école Campus de Besancon

La jeune femme n’a pas été remboursée : “On a essayé de faire une procédure avec mon père, mais on n’a jamais eu de réponses”. Au total, Aline avait payé quasiment 10 heures de conduite. Avec les frais d’inscription, le montant s’élève à 500 euros. Aujourd'hui, elle s’est inscrite dans une nouvelle auto-école et a dû débourser de nouveau une centaine d’euros pour les frais d’inscription.

Il ne lui restait qu'à passer le permis

La fille de Marie-Pierre devait aussi passer le permis au printemps 2024. “Elle avait fait ses 3 000 km, il restait l’inscription au permis et quand on s’est rendu à l’auto-école Delta, on a vu l’arrêté préfectoral expliquant qu’elle était fermée. On n’a pas été prévenu”, se rappelle cette cadre de la fonction publique. Sur le coup, elle a été agacée. “Mais j’avais conscience que ce n’était pas une urgence, que ma fille avait encore le temps.” 

Comme Aline, Marie-Pierre n’espère pas récupérer son argent. “La conduite accompagnée, c'était 1 500 euros, on ne reverra jamais rien, c'est sûr”. Cette habitante de Montferrand-le-Château (Doubs) a déposé un dossier auprès d'un mandataire, “mais la priorité, c'est de payer les salariés”. Elle a dû débourser 400 euros dans une nouvelle auto-école.

Philippe Lussagnet avait, quant à lui, inscrit ses deux fils dans cette auto-école. L’ainé a pu passer son permis in extremis. “À deux jours près, il n’aurait pas pu et ses deux dernières leçons de conduite ont été annulées”, précise-t-il. Le cadet a eu moins de chance. Il a passé son code, mais les leçons de conduite ont été annulées à chaque fois. “On avait payé 1350 euros, car on a payé tout d’avance”, regrette-t-il.

“J'ai appris la liquidation car l’auto-école était fermée exceptionnellement tous les jours”, se remémore-t-il. Philippe s’est renseigné et a découvert que les moniteurs n’étaient plus payés. Quand il a contacté le président, soit il ne répondait pas, soit “il disait qu’il allait assurer les leçons lui-même”. Entre temps, le retraité a appris que quasiment toutes les voitures n’étaient plus en état et plus homologuées. “Selon les moniteurs, elles n’auraient même pas pu passer le contrôle technique”. Philippe a ouvert un dossier chez l’administrateur “même s’il y a peu de chances d’être remboursé” et il s’est empressé d’inscrire son fils dans une nouvelle auto-école.

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