PFAS : “L’eau du Grand Besançon reste potable”, temporise la métropole qui s’engage à rechercher les pollueurs

Une enquête de France Bleu a révélé la présence de six polluants éternels dans les eaux de Saint-Vit, jeudi 19 septembre 2024. Leur taux de concentration ne dépasse pas les normes européennes, mais il reste préoccupant. La métropole de Besançon travaille à les “supprimer” selon le principe du “pollueur-payeur”.

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C’est une nouvelle dont la gravité reste encore difficile à mesurer. Jeudi 19 septembre, une enquête conjointe de Radio France et des locales de France Bleu a révélé la concentration en PFAS - ces molécules chimiques créées par l’homme pour fabriquer des poêles en téflon, des cosmétiques ou des impérméabilisants - dans 89 points de captage d’eau sur l’Hexagone.

Saint-Vit, dans le Doubs, figure parmi les zones plus polluées de l’étude. Six molécules ont en effet été détectées dans l’eau de la ville, dont deux potentiellement cancérogènes et une autre, aux effets toxiques prouvés sur la thyroïde et la fertilité.

Préoccupants, ces taux de concentration n'excèdent pas les seuils européens de potabilité. Mais la connaissance reste inaboutie et la législation opaque en matière de PFAS. Voici ce que l’on sait, à ce stade, sur les polluants éternels et le cas de Saint-Vit.

Des risques prouvés sur la santé humaine

Les PFAS sont partout dans notre environnement. Dans notre eau, nos aliments, nos objets du quotidien. Nous sommes donc tous susceptibles d’en ingérer dans la région, que nous soyons résidents de Saint-Vit ou d’ailleurs.

"L'analyse de Saint-Vit est préoccupante. Mais il est probable que nous aurions trouvé les mêmes résultats, en beaucoup de points du territoire", a commenté la députée écologiste du Doubs Dominique Voynet, au micro de notre journaliste Thierry Chauffour.

C’est l’exposition aux PFAS sur le long terme qui est dangereuse. Si des recherches sont encore en cours, la communauté scientifique s’est mise d’accord sur quatre effets néfastes : réponse immunitaire à la vaccination, cholestérol, baisse du poids de naissance et augmentation du risque de cancer du rein.

D’autres risques sur la santé, comme l'obésité, les troubles de la reproduction ou encore les tumeurs du système nerveux, sont aussi à l’étude. Le lien entre certaines molécules, comme celles retrouvées à Saint-Vit, et certains cancers, a également été prouvé.

"Largement" en dessous du seuil européen

Pour sommer les collectivités d'agir, l’Union européenne a déterminé un seuil de concentration de PFAS au-delà duquel l’eau ne serait plus considérée comme potable, à partir de 2026.

Ce seuil est loin d’être dépassé à Saint-Vit. “Nous sommes largement en dessous”, a précisé la maire de Besançon, Anne Vignot, lors d’une conférence de presse, jeudi 19 septembre. “L’eau du Grand Besançon est potable”, a martelé, à ses côtés, le Vice président de la métropole Christophe Lime, en charge de la gestion de l’eau potable et des eaux fluviales. 

“Mais ce n'est pas parce que nous sommes inférieurs, que nous ne sommes pas inquiets et que nous n'allons pas nous en occuper", a-t-il néanmoins nuancé. Dominique Voynet va dans le même sens :

On est en dessous des normes qui conduiraient à interdire le recours à l'eau potable. Mais on est nettement au dessus de ce qui est considéré comme acceptable du point de vue de la santé publique.

Dominique Voynet, députée EELV du Doubs

Supprimer plutôt que de traiter

Pour ces raisons, la métropole du Grand Besançon travaille d’ores et déjà, et ce, en amont de 2026, à “supprimer” les polluants éternels de la Bisontine. 

Un travail sur le temps long. Les polluants “éternels” portent bien leur nom. Certains ont été déversés dans la nature il y a des décennies par des entreprises qu’il ne sera pas toujours possible d’identifier.

“Si c’est possible”, Christophe Lime compte appliquer le principe du “pollueur payeur”, précisant que la métropole préférera toujours une solution qui “supprime le problème plutôt que de le traiter” pour ne pas encourager d'autres laboratoires à fabriquer de nouveaux produits pour traiter les anciens, ce qui laisserait par ailleurs le "permis de polluer" aux entreprises responsables.

Une norme à déconstruire

Pourquoi ne pas se satisfaire des normes européennes ? Bruxelles a retenu 20 PFAS préoccupants. D’autres polluants éternels dangereux, comme les TFA, retrouvés en grande quantité dans la région industrielle de Salindres, ne font pas partie de cette liste. Ils ne seront donc pas contrôlés par les collectivités à partir de 2026. 

Rien ne garantit ensuite que l'UE ait fixé un seuil en dessous duquel il n'existe plus aucun risque pour la santé humaine ou l'environnement. "Comment a été conçue cette norme ? Sur la base de quelles données scientifiques ? À notre avis, elle est beaucoup trop élevée et il faut absolument la revoir", craignait une représentante de Générations futures, l'ONG lanceuse d'alerte à Salindres, dans une interview accordée à France 3 Occitanie.

C'est ensuite la somme des concentrations de ces 20 PFAS et non le taux de concentration de chaque molécule qui est retenue comme échelle de valeur par l’UE. Si cette somme n’excède pas le seuil réglementaire à Saint-Vit, nous pouvons tout à fait imaginer que certains polluants détectés, comme le TFOA cancérogène, soient présents dans des quantités préoccupantes pour la santé. 

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