Le Chilien Nicolas Zepeda principal suspect dans la disparition en décembre 2016 d’une étudiante jeune étudiante japonaise à Besançon est extradé du Chili ce jeudi 23 juillet. Une affaire rocambolesque et un corps toujours introuvable.
Nicolas Zepeda, 29 ans, a-t-il assassiné son ancienne petite amie, la nuit du 4 au 5 décembre 2016 dans la chambre d’une résidence universitaire à Besançon (Doubs) ? La justice en est persuadée.
La cour suprême du Chili a accepté en avril 2020 d’extrader son ressortissant, fils d’un grand patron de la téléphonie mobile au Chili. Aucun accord d’extradition n’existe pourtant entre ces deux pays. Au vu du dossier, la justice du Chili a tranché. Nicolas Zepeda devrait donc être jugé en France devant la cour d’assises du Doubs. À son arrivée en France, il sera entendu par un juge d’instruction qui lui signifiera sa mise en examen pour assassinat.
Des cris réveillent en pleine nuit les étudiants d’une résidence universitaire
Le 14 décembre 2016, le centre de linguistique appliquée de Besançon où étudiait la jeune japonaise de 21 ans signale son absence aux autorités. Pas du tout son genre. Narumi Kurosaki était une élève assidue. Ses amis ne s’inquiètent qu’au bout de quelques jours, car la jeune femme envoie des sms prétextant un problème de passeport pour lequel elle a dû s'absenter.L’enquête s’oriente rapidement vers son ex-petit ami chilien. Il est le dernier à l’avoir vue vivante. Le couple avait dîné le 4 décembre en tête-à-tête dans un restaurant à Ornans, à une trentaine de kilomètres de Besançon. Narumi Kurosaki et Nicolas Zepeda ont passé la nuit dans la chambre universitaire de l’étudiante. Vers 3 heures du matin, des jeunes entendront des cris de souffrance, de terreur. Un bruit sourd. Personne ne donne l’alerte. La peur les paralyse. Narumi a probablement été étouffée, étranglée ou frappée selon les enquêteurs.
La jalousie après sa rupture avec la jeune japonaise
Narumi Kurosaki et Nicolas Zepeda se sont connus à l’automne 2014 au Japon à l’Université de Tsukuba. La jeune Japonaise met un terme à cette relation peu de temps après son arrivée en France.Une rupture qui va provoquer la colère de son ancien compagnon. Les enquêteurs mettront à jour des centaines de conversations sms. Nicolas Zepeda fait part de sa jalousie envers le nouveau petit ami français de Narumi. Il exige qu’elle rompe certaines relations, supprime des amis de son compte Facebook. Dans une vidéo, Nicolas Zepeda s’adresse à Narumi lui posant des conditions. Le ton est froid, déterminé, menaçant.
Un voyage en France et des éléments matériels qui paraissent accablants pour le jeune Chilien
Les enquêteurs vont établir la présence de Nicolas Zepeda dès le 28 novembre en Europe.
De Santagio du Chili, il passe par Madrid, puis Genève. Il loue une voiture de location à Dijon le 30 novembre. Son véhicule équipé d’un GPS est localisé dès le 1er décembre sur Besançon autour de la résidence étudiante et dans la ville. C’est lui qui paye avec sa carte bancaire l’addition du restaurant d’Ornans. Ses empreintes seront retrouvées dans la chambre de la jeune femme. Ni sang, ni trace de violence ne sont constatés. Le manteau de la jeune femme, son argent est là. Seules ont disparu de la chambre universitaire, une valise et une couverture.
Les enquêteurs découvrent que le jeune homme a acheté lors de son arrivée en France des sacs poubelles, de la javel, un bidon de produit inflammable, une carte sim française reliée à une fausse adresse.
Le 6 décembre, un peu plus de 24 heures après les cris entendus dans la résidence universitaire, la voiture de location de Nicolas Zepeda quitte la résidence universitaire et prend la direction de Dole dans le Jura, dans un secteur de petites routes forestières. La voiture de location sera rendue pleine de boue. La voiture était déjà venue quelques jours auparavant dans ce secteur en possible repérage selon les enquêteurs.
Le portable et le mail de la jeune japonaise vont continuer à fonctionner
Entre la nuit où sont entendus les cris et le moment où Nicolas Zepeda remet les pieds chez lui au Chili, il se passe huit jours. Pendant cette période, le portable de Narumi va émettre des sms dans un japonais approximatif. Le compte mail de la jeune femme est utilisé. Sa carte bancaire également pour acheter un billet de train. Cette vie numérique s’arrête dès que Nicolas Zepeda rentre dans son pays le 13 décembre 2013. Le centre de linguistique de Besançon donnera l’alerte le lendemain sur la disparition de la jeune femme.
"Narumi aimait beaucoup la mer"
Après avoir rendu sa voiture de location, Nicolas Zepeda passe quelques jours à Barcelone chez son cousin. Il parle de Narumi en employant à un moment cette phrase. “Narumi aimait beaucoup la mer”. Interrogé par les enquêteurs, le cousin avouera avoir trouvé cette phrase au passé, très étrange.
Le corps de Narumi Kurosaki reste introuvable
Malgré des semaines de recherche en forêt de Chaux dans la région de Dole, le corps de la jeune femme n’a jamais été retrouvé. Le 30 décembre 2016, alors que la presse française évoque depuis plusieurs jours la disparition de Narumi, Nicolas Zepeda se présente spontanément aux autorités chiliennes pour donner par écrit sa version des faits. Il affirme être venu à Besançon pour revoir l’étudiante de façon amicale. Le couple aurait fait l’amour d’où les cris entendus dans la résidence.En avril 2019, les enquêteurs français se sont rendus au Chili pour interroger le jeune homme lors d’une commission rogatoire internationale. Nicolas Zepeda a gardé le silence refusant de répondre à toute question. Ses proches ont fait de même. Il a refusé de donner un échantillon salivaire.
Le jeune ressortissant chilien encourt une peine à perpétuité si les faits sont avérés. Il sera défendu en France par Me Jacqueline Laffont, ténor du barreau de Paris et avocate de plusieurs personnalités politique dont Alexandre Benalla, ou Nicolas Sarkozy dans l’affaire du parquet financier.
Très modeste, la famille de la jeune Narumi est défendue par Me Sylvie Galley. Aucune des avocats n’a souhaité s’exprimer à quelques heures de l’extradition du jeune homme vers la France. Son retour se fera par un vol régulier d’Air France sous la surveillance et la responsabilité du service de transfèrement des personnes. Le suspect sera acheminé rapidement vers Besançon où il devrait être incarcéré dans l’attente de la fin de l’instruction.