Une centaine de montres LIP dormait dans un coffre-fort : l'héritage incroyable de ce fils d'ouvrier

Il y a 13 ans, Philippe* retrouvait plus d'une centaine de montres LIP dans le coffre-fort de son père, décédé il y a peu. Un vrai trésor, amassé tout au long des années de travail de son paternel, ancien ouvrier de l'entreprise horlogère LIP à Besançon (Doubs). Après des années d'hésitation, tous les modèles ont été vendus aux enchères mercredi 20 mars. Récit.

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Quelques minutes après la clôture de la vente, il est encore sous le coup de l'émotion. Ce mercredi 20 mars, Philippe* vient de quitter une vente aux enchères un peu spéciale lorsqu'il accepte de répondre aux questions de France 3 Franche-Comté. Durant plus d'une heure, il a en effet assisté à la cessation d'une centaine de montres LIP, du nom de la marque bisontine d'horlogerie, longtemps leader du marché de la montre française.

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Cette collection importante a un goût spécial pour Philippe, âgé aujourd'hui d'une soixantaine d'années. C'est en effet celle de son père, ancien ouvrier LIP, amassée patiemment pendant des dizaines d'années. "Mon papa est mort il y a 14 ans" explique-t-il. "Un an plus tard, alors que nous vidions sa maison que nous avions mise en vente, je suis tombé sur son coffre-fort. Et à l'intérieur, toutes ses montres. Un vrai trésor". 

Des modèles historiques

En tout, ce sont environ 100 montres d'époque, datées des années 50 jusqu'aux années 1980, qui sont retrouvées. Des montres bon marché, certes, mais également des modèles historiques, issus de collaboration avec des designers comme Roger Tallon, Isabelle Hebey, ou encore des modèles prestigieux à la double signature LIP et Breitling. D'où viennent-elles ? Tout simplement de la passion d'un homme.

"Mon père a fait sa vie à LIP" se souvient Philippe. "Il y est entré dans les années 50, et il a connu les anciens locaux, le long de la rue des Chalets. Il a été de ceux qui ont construit l'usine Palente, et il a très mal vécu les différents conflits sociaux. LIP, c'était sa vie. Il est même resté auprès des dirigeants lors de la liquidation, car il connaissait toutes les machines sur le bout des doigts.".

Je savais qu'il avait acheté beaucoup de montres, comme des souvenirs. Mais pas qu'il en avait autant. Cette découverte a été une grosse surprise.

Philippe

Ces vestiges d'une vie, mais aussi d'une entreprise iconique, Philippe les a longtemps gardés avec lui. "C'étaient les derniers souvenirs de mon papa, je ne voulais au départ pas m'en séparer" témoigne-t-il. "Mais en même temps, moi et mes enfants, nous ne sommes pas des passionnés de montres. Il y a deux ans, j'ai été immobilisé après un accident, et j'ai eu le temps de me replonger dans cette collection. Je me suis alors rendu compte que les produits LIP avaient beaucoup de succès. Autant faire plaisir à des passionnés".

Plusieurs centaines d'acheteurs au rendez-vous

Philippe se rapproche alors d'Astrid Guillon, commissaire-priseur à Besançon, qui le convainc de laisser les montres aux enchères. "On a ici une collection d'une grande diversité, avec certains modèles jamais portés" détaille la professionnelle. "Sur certains, on a toujours la petite étiquette rouge typique de l'époque et le prix en franc. On a différents cadrans, différentes couleurs et des prix qui varient entre moins de 100 euros et plus de 8 000".

Et les acheteurs ont été au rendez-vous. Plusieurs centaines d'entre eux se sont inscrits pour la vente aux enchères, et la grande majorité des montres ont trouvé preneuses. À une exception près. "Je garde une LIP au poignet, que papa m'avait offerte" reprend Philippe. "Celle-là, je ne m'en séparerai pour rien au monde". Et l'argent récolté lors de la vente ? "On va l'utiliser pour partir en voyage, avec mes trois fils" conclut le sexagénaire. "Un voyage hommage à leur grand-père".

*le prénom a été modifié pour respecter l'anonymat de notre interlocuteur

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