Une marche blanche aura lieu samedi 29 octobre dans le quartier Planoise à Besançon (Doubs) pour honorer la mémoire d'un adolescent fauché par une balle le 29 août 2022 rue de Fribourg sur un point de deal. La mère d’Abdelmalek, surnommé aussi dans le quartier “Zizou” se confie. Un cri de douleur et une certitude : son fils a été victime d'une balle perdue. Témoignage.
C’est une mère anéantie. Une mère qui parle toujours au présent de son fils. Un deuil impossible à faire pour le moment.
Entre les mains d’Hayette Ben Messaï, une photo sur son téléphone portable illustre le drame. On y devine son fils face contre terre dans la pelouse, son ballon jaune à proximité. Le 29 août en plein milieu d’après-midi, le jeune garçon a été touché à la nuque par une balle. Il était parti jouer au foot, faire un match raconte sa mère. Sur son trajet, la rue de Fribourg et un point de deal. Le jeune garçon décédera une semaine plus tard au CHU de Besançon après avoir été placé en coma artificiel. Zizou, 1,90 m était le plus jeune d’une fratrie de 5 enfants.
"Mon fils n’a rien à voir avec tout ça !"
Pour Hayette, il est difficile, insupportable d’entendre les rumeurs comme quoi son plus jeune fils était un des acteurs du trafic de stupéfiants à Planoise. Elle parle à France 3 et nos journalistes Emmanuel Rivallain et Florence Petit pour faire taire les rumeurs. “Zizou, il n’a rien à voir avec ça, il ne fume pas, il aime manger, rigoler, chanter. Même un policier à l'hôpital, m’a dit ‘Zizou, je le connais bien, il aime blaguer, il n’a rien à voir avec tout ça” confie la maman. "Ça fait mal au cœur d’entendre des choses, je connais mon fils, je sais comme il est. C’est un bébé dans un corps d’ado… Abdelmalek, c’est un gamin qui veut tout faire, sport, activité. C’est quelqu’un d’intelligent, de respectueux, de généreux” décrit la mère de famille dont la vie a basculé en une fraction de secondes à quelques jours de la rentrée scolaire.
Le jeune garçon qui a grandi dans un environnement familial compliqué voulait faire un CAP de pâtissier. L’adolescent était ce jour-là, au mauvais endroit, au mauvais moment selon ses proches. Comment peut-on mourir ainsi à 15 ans ? La question taraude chaque jour cette mère de famille.
C’est très dur pour moi, je n’y arrive pas. Ils ont pris ma vie avec lui. Je n’y arrive plus sans lui. Mes enfants, ils sont gentils avec moi, mais Zizou, je n’entends plus sa voix.
Hayette, maman du jeune adolescent tué par balles
L'enquête est toujours en cours
Un autre mineur a été blessé plus légèrement ce jour-là. Deux guetteurs se trouvaient sur les lieux. Étaient-ils la cible ? Oui, affirme la mère du jeune Abdelmalek. Qui a tiré ? L’enquête est toujours en cours. Deux hommes ont été placés en détention mais pour l’instant la justice n’a pas établi leur lien avec les tirs ce jour-là.
“Je demande à la justice de faire son travail, je me bats pour mon fils” conclut la maman.
La loi du silence, la peur des représailles
Pour la mère d’Abdelmalek, “les voisins ont vu la scène, ils savent qui a tiré, mais personne ne veut parler. Ils ont peur, je les comprends” dit-elle. Khaled Cid, un Bisontin très impliqué dans la défense du quartier, corrobore. “Il y a cette loi du silence, car il y a des peurs de représailles ce qui est légitime, car ce ne sont pas des petits délinquants, ils sont armés, ils ont des armes de guerre, et protègent un business qui leur rapporte énormément d’argent” témoigne-t-il. “Ce ne sont plus des tirs en l’air, c’est un point de non-retour. C’est grave. Un enfant qui joue au ballon et se prend une balle perdue, une balle qui ne devrait même pas siffler dans le quartier“ ajoute Khaled Cid venu soutenir la famille, il précise que ce quartier a besoin de sécurité, de police, de justice. “On s’identifie tous à la douleur de cette maman”.
Tout savoir sur la marche blanche
Les habitants du quartier ont spontanément organisé une première marche le 2 septembre dernier.
La marche blanche du 29 octobre est organisée par la famille d’Adelmalek et ses proches, pour honorer sa mémoire et appeler à la fin de telles exactions.
Le rendez-vous est fixé à 14 h 00, esplanade Nelson Mandela.