Les débordements d’un grand nombre de visiteurs très alcoolisés le jour de l’ouverture du Salon international de l’agriculture à Paris (SIA 2023), le samedi 25 février, ont été déplorés par de nombreux exposants. La direction du salon veut maintenir un esprit festif mais aussi familial.
Les groupes de fêtards alcoolisés dans les allées du Salon de l’agriculture, ce n’est pas nouveau. Déjà depuis 2015, la soirée en nocturne a dû être arrêtée en raison de débordements liés à l'alcool, à la demande de deux tiers des exposants des régions. Des tweets retrouvés sur le fil du réseau social parlaient également de beuverie il y a une dizaine d’années.
Mais, cette année, les exposants du Hall 3 n’en sont pas revenus. C’est ce que nous vous avons raconté dans notre article dès dimanche matin.
Ce lundi 27 février, nous avons retrouvé la directrice du salon Valérie Le Roy, juste à côté de la stalle d’Ovalie, la vache égérie du salon. Des familles déambulent, des jeunes provinciaux se promènent sans excès. L’ambiance est radicalement différente de celle du samedi soir.
En tant qu’organisateur, visiteur potentiel et même en tant que parent on ne peut que déplorer, comme eux, ce qui s’est passé. Dont acte, on sait que cela existe et on en est conscient.
Valérie Le Roy, Directrice du Salon de l’agriculture
Comment réagir ? “On appelle nos exposants à maintenir une dimension à la fois festive et familiale. Cela passe par réguler la vente d’alcool, un rappel à la loi et une communication qui est la SIA’ttitude” précise Valérie Le Roy.
Une charte pour les exposants existe. Mise au point par le Bureau de Chambres d'agriculture France (APCA), elle régit le bon comportement et les pratiques des exposants. L’une des règles de base est de ne pas vendre des bouteilles ouvertes aux visiteurs. Mais d’après des témoignages, cela n’est pas toujours respecté. Le brasseur Vincent Bogaert vient du Nord. Il tient un stand dans le Hall 3 juste à côté de ceux des producteurs de vin. En 18 ans de salon, il n’avait jamais vu de tels débordements.
On dit toujours que c’est la faute de la bière, mais on ne parle jamais des revendeurs de vins. Ceux qui vendent des bouteilles, les ouvrent et donnent quatre verres. C’est strictement interdit. C’est dans la charte des organisateurs. À eux de gérer cela.
Vincent Bogaert. Brasseur exposant au SIA
La directrice du salon Valérie Le Roy arbore un badge au couleur de son écharpe. “J’adopte la SIA’attitude”. Sur le plan du salon distribué à tous les visiteurs, cette SIA’attitude est développée : “Envie de partager un verre entre amis ? Oui, toujours avec modération”.
Pas sûr que ce message soit entendu par les jeunes Parisiens venus se lâcher samedi soir dans les allées du salon.
“Je ne suis pas certaine que cela suffise mais c’est un bon début, admet Valérie Le Roy. On avance dans la connaissance d’un nouveau public qu’on a vu arriver après le Covid-19. L’année dernière, pour l’édition des Retrouvailles, on sortait de deux ans de confinement. Il y avait un besoin de fête, c’est clair. On n'est pas contre l’accueil de cette fête mais on est contre le fait qu’on ne puisse plus mener un Salon de l’agriculture dans de bonnes conditions”.
Le Brasseur, Vincent Bogaert, estime que les responsables du salon pourraient faire plus. “Vous allez à Munich, c’est six millions de visiteurs sur trois semaines, c’est bien plus que le Salon de l’agriculture. C’est que de la bière et tout est géré. Dès que les gens commencent à tituber, on les sort gentiment”, raconte-t-il derrière son comptoir.
"Il y a un moment, trop c’est trop"
“Ce qui est regrettable c’est l’image que cela donne, poursuit-il. On est là pour vendre, c’est une opération de communication mais il y a un moment, trop c’est trop, ce n’est pas admissible. J’ai aucun intérêt à voir une clientèle déchirée, bourrée qui salit l’image du salon de l’agriculture”.
Dans les allées du hall 3, des bandes d’amis circulaient ce lundi après-midi un verre de bière à la main. Sans excès. “Là on est entre copains, raconte un des jeunes visiteurs venus de l’Ouest de la France. On découvre énormément de produits du terroir. On est là pour consommer, pour manger pour boire. On apprécie énormément ce qui se passe, l’ambiance qu’il y a. Là, tout le monde est dans le respect de ce qui se passe. Il n’y a pas de dérapage. On n'est pas là pour se mettre une grosse mine, on est là pour profiter et découvrir tout ce qui se passe dans les autres régions de France”.
Le Salon de l’agriculture fermera ses portes dimanche 5 mars. Que va-t-il se passer samedi soir ? La plus grande ferme de France sera-t-elle de nouveau “la grande fête parisienne. L'apéro géant” ? Un nouveau métier attend les organisateurs du salon de l’agriculture, celui de patron de bar.