"Ça fait vraiment peur" : des dalles au sol contenant de l'amiante se décollent, une école primaire fermée jusqu'à nouvel ordre dans le Doubs

Dans les couloirs et les salles de classes, des dalles au sol contenant de l'amiante commencent à se détériorer. La directrice de l'école élémentaire Saint-Exupéry de Valdahon (Doubs) a alerté les parents d'élèves. La maire a décidé de femer l'école jusqu'à nouvel ordre.

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"Avec tout ce qu'on entend depuis des années sur l'amiante, ça fait vraiment peur", s'inquiète Angélique*. Surtout pour les enfants, qui passent huit heures par jour dans leur salle de classe et qui vont forcément respirer des poussières !" Son fils est en CM1 à l'Ecole élémentaire Saint-Exupéry de Valdahon (Doubs) et elle ne cache pas son inquiétude.

Jeudi 15 février 2024, en effet, la directrice de l'école a averti tous les parents d'élèves. Un courriel dont France 3 France-Comté a pu avoir connaissance. "Comme vous le savez certainement, le bâtiment de l'école contient de l'amiante dans les murs, les poteaux et le sol, écrit la directrice. Or, depuis quelque temps, des dalles de sol se décollent au passage des enfants dans certaines salles et dans les couloirs."

École fermée jusqu'à nouvel ordre

Devant l'émotion suscitée, la mairie a décidé de fermer l'école "par mesure conservatoire". Un arrêté municipal pris vendredi 16 février 2024 interdit désormais à toute personne d’accéder à l’enceinte de l’école "jusqu'à nouvel ordre".

Dans son communiqué publié vendredi soir sur ses réseaux sociaux, la ville explique que la présence d'amiante dans l'école est connue. Comme c'est le cas dans de nombreux bâtiments construits avant 1997. Elle indique qu'un dossier technique amiante (DTA) est réalisé tous les trois ans. Le dernier diagnostic a été établi par un organisme certifié le 21 juillet 2021 "sans qu’aucun risque pour la santé ne soit rapporté". Elle ajoute que, selon ce rapport, "l'évaluation des risques ne conduit pas à conclure à la nécessité d’une action de protection immédiate". La prochaine certification doit normalement avoir lieu en juillet prochain.

Mais "devant des éléments particulièrement inquiétants signalés aux parents d’élèves",  une expertise va être réalisée pendant les vacances scolaires afin de "lever l’ensemble des doutes". Les parents d’élèves seront individuellement informés de la situation en amont de la reprise des cours le 4 mars.

Une situation qui se dégrade depuis novembre

"C'est un minimum", rétorque Angélique. Quelqu'un doit nous dire qu'il y a zéro risque pour les enfants et les enseignants !" L'école élémentaire Saint-Exupéry accueille 256 enfants, dans pas moins de 11 classes du CP au CM2 et deux classes ULIS (Unités localisées pour l'inclusion scolaire), ces dispositifs prévus par l'Education nationale pour la scolarisation des élèves en situation de handicap. Sans compter une vingtaine d'adultes, enseignants, AESH ou service civique.

"On sait depuis 2022 qu'il y a de l'amiante dans le sol et dans les murs et qu'on a mis des pansements pour pallier ces problèmes, admet Maryline Couturier, mère elle aussi d'un écolier de CM1 et représentante des parents d'élèves. Mais si toutes les plaques sautent l'une après l'autre, c'est autre chose. Aujourd'hui, un enfant qui a un chewing-gum sur la semelle de sa chaussure arrive à décoller la plaque qu'il a sous le pied !"

La situation s'est apparemment dégradée après les vacances de la Toussaint. La directrice assure, de son côté, avoir alerté la commune à plusieurs reprises depuis. "Malgré mes divers courriels à la commune de Valdahon (en novembre, en décembre, début février et mi-février), je n'ai pas eu de réponse de leur part. Je suis donc partie à la chasse aux informations", explique-t-elle aux parents dans son message. La commune aurait bien prévu d'intervenir mais uniquement dans un seul couloir.

"Il s'avère que des travaux de recouvrement vont permettre de recouvrir les dalles du couloir au rez-de-chaussée et ainsi protéger les enfants et les enseignants des poussières d'amiante, poursuit la directrice. Cependant, dans les salles de classe et les autres couloirs où le phénomène est identique, rien n'est prévu pour le moment."

La colère des parents

De quoi faire bondir les parents. "Il y a urgence à intervenir, s'emporte Emeline Drogrey, représentante des parents d'élèves, dont le fils est au CP. J'ai bien conscience qu'il y a des questions de budget et que ça coûte cher mais là, ça expose les enfants et les enseignants."

Là, on va juste masquer le problème. On fait comme si on n'a rien vu. On bouche les trous et l'amiante est toujours là, en dessous !

Emeline Drogrey, représentante des parents d'élèves.

Les parents veulent désormais avoir l'assurance qu'il n'y aucun danger pour les enfants et le personnel de l'école. "Moi, je veux être certaine qu'ils ne risquent rien, insiste Julie Marchand-Villetti, autre représentante des parents, dont la fille de 6 ans est au CP. C'est la grosse inquiétude d'imaginer qu'ils seront peut-être malades dans 20 ans. Je ne comprends pas qu'on ne fasse pas immédiatement les travaux. La mairie a refait récemment un parking tout neuf devant l'école, il y a une nouvelle salle des fêtes en projet, il y avait d'autres priorités !".

L'inspection académique du Doubs a été évidemment informée. Les enseignants ont également sollicité les syndicats et même envisagé d'exercer leur droit de retrait si toutes les conditions de sécurité n'étaient pas remplies à la rentrée. Une rencontre est par ailleurs prévue entre Sylvie Le Hir, la maire, la directrice de l'école et les représentants des parents d'élèves vendredi 23 février à 9h pour faire le point. Contactée par France 3 Franche-Comté, la mairie n'a pas répondu pour l'instant à nos sollicitations.

Près d'une école sur trois en France

Pour rappel, la France a proscrit l'utilisation de l'amiante en 1997. Il s'agit d'un cancérogène sans seuils selon l'OMS, c'est-à-dire qu'une seule fibre inhalée peut suffire à provoquer des pathologies pouvant aller jusqu'au cancer.

Près de 27 ans après son interdiction, l'amiante est pourtant loin d'avoir disparu de notre quotidien. D'après une enquête menée en juin 2023 par l’équipe Vert de rage, qui s’attache, sur France 5, à révéler de grands scandales environnementaux, 28,4% des écoles françaises contiennent encore de l’amiante.

Une enquête qui avait signalé la présence de matériaux amiantés à l'école Saint-Exupéry de Valdahon. Au total, 281 écoles contiendraient de l'amiante en Bourgogne-Franche-Comté.

*Le prénom a été changé à sa demande.

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