La COP 28, 28ᵉ conférence de l'ONU sur le climat se déroule à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023. 170 dirigeants ou représentants de pays doivent trouver un consensus face au dérèglement climatique. Mais la communauté scientifique reste dubitative quant aux effets significatifs de ces rencontres.
Coup d'envoi de la COP 28. Jeudi 30 novembre, 170 chefs d'États ou représentants de gouvernements sont arrivés à Dubaï, aux Émirats arabes unis, pour participer à la 28ᵉ conférence des Nations unies pour le climat. Objectif : accélérer la transition énergétique et trouver un accord planétaire pour faire face aux effets du changement climatique.
Cette année, l'ouverture de ce sommet mondial pour le climat a été marquée par un accord au sujet de la concrétisation d'un fonds de compensation des pertes et dommages climatiques dans les pays vulnérables. Une avancée considérée comme historique par bon nombre de parties prenantes.
"C'est une très bonne nouvelle", a par exemple salué Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat, vendredi 1er décembre sur France Inter. L'ancienne négociatrice en chef des accords de Paris au moment de la COP21 précise que ce n'est qu'un "début".
Un consensus impossible ?
Pour Florian Tolle, géographe, glaciologue, Maître de conférences à l'Université de Franche-Comté, cet accord est une avancée, mais "pas une révolution". "Il n'y a pas d’objectif clair en termes de financements" alors même qu'il était réclamé depuis des décennies, alerte le scientifique. À ce jour, les premières promesses pour subventionner ce fond atteignent environ 500 millions de dollars. "C'est insuffisant", dénonce le scientifique.
Comme personne ne veut payer, ça ne va pas fonctionner.
Florian Tolle, glaciologue à l'université de Franche-Comté
Florian Tolle assure pourtant que "les États comme les Émirats arabes unis ou les États-Unis sont capables de débloquer des fonds largement supérieurs à ce que l’on envisage pour le fonds alloué à réparer les dégâts qui seront causés par le réchauffement climatique".
"La crise est déjà là", souligne le scientifique qui alerte précisément sur la fonte des glaces de l'Arctique depuis plusieurs années. "Tout le monde veut aider, mais comme personne ne veut payer, ça ne va pas fonctionner", résume encore Florian Tolle.
"Il est important que les gens se parlent"
Au-delà de la création du fonds de compensation des pertes et dommages, des discussions autour de la limitation des émissions de gaz à effet de serre doivent aussi avoir lieu pendant la Cop 28. Mais là encore, Florian Tolle ne cache pas son scepticisme. "Au terme de ces discussions, on n’arrive jamais à valider un texte sans avoir l'unanimité. Et le monde entier est réuni, avec toutes ses différences. C'est difficile d’avoir un consensus. Et les textes ne sont pas contraignants. C'est un gros frein à l’action", soulève le chercheur.
Si on sauve le climat, mais qu’on continue à détruire la planète, on aura perdu quand même.
Florian Tolle, glaciologue à l'université de Franche-Comté
Pressentant que cette énième réunion multipartite allait être frustrante, Florian Tolle a cosigné en 2020 "l'appel des 1000", avec des membres du collectif "Scientifiques en rébellion", fondé la même année. Un collectif qui organise en parallèle de la COP 28 de Dubaï un rassemblement alternatif à Bordeaux.
Mais aujourd'hui, trois ans après cette tribune coup de poing, il dit être "partagé entre l'agacement et l'inquiétude". "Nous n'avons pas été entendus. Les constats sont pourtant posés depuis longtemps, mais les lignes bougent difficilement", déplore le chercheur.
Pour autant, le Bisontin assure qu'il faut continuer de discuter pour tenter d'imposer de vraies mesures de protection de l'environnement. "Bien sûr, il faut discuter. Il est important que les gens se parlent, c'est l'objet même d'une COP, c'est un dialogue entre toutes les parties prenantes. Si on sauve le climat, mais qu’on continue à détruire la planète, on aura perdu quand même”, achève Florian Tolle.