En plein voyage en Asie du Sud-Est, Victor Giannotta, un Français originaire de Métabief (Haut-Doubs), a été stoppé à cause de la pandémie de coronavirus. Il est confiné en Inde depuis quelques jours. Témoignage.
Le temps s'est arrêté. "Là, je ne peux plus sortir. Je suis enfermé dans un appartement. On se charge de faire mes courses", raconte Victor Giannotta, un Franc-Comtois bloqué à Rishikesh, au nord de l'Inde. Depuis le 25 mars, les autorités indiennes ont décrété le confinement pour une durée de 21 jours.
Un périple de 7 mois à travers l'Asie du Sud-Est
Un confinement strict qui oblige ce jeune homme de 25 ans, originaire de Métabief, à mettre "entre parenthèses" son périple. Parti de France le 4 août, Victor a d'abord atterri au Vietnam : "Je suis parti avec une amie à Hô Chi Minh. Je devais y rester un mois et demi. Sur place, c'était le dépaysement total : le bruit, les gens. Ça m’a tellement plu ce décalage que je me suis dit que j’allais rester un peu plus." Le voyage prend alors une autre tournure et ne se limite pas aux frontières du Vietnam. Laos, Thaïlande, Birmanie... Victor entame un tour de l'Asie du Sud-Est grâce "au stop" notamment : "J'ai rencontré des gens d'une profonde gentillesse."
En janvier, le Haut-Doubien arrive en Inde et décide d'acquérir un vélo pour ses déplacements. Il commence alors son périple à travers le pays et décide de se rendre au nord de l’Himalaya. Tout bascule mi-mars : "Pendant mon exploration, à un moment donné, je suis tombé sur une sorte de check-point, un point de contrôle avec des militaires. Ils m'ont dit que les étrangers n'étaient pas autorisés à traverser." Dans le même temps, dans le reste du pays, le virus arrive : une soixantaine de cas sont identifiés. L'Inde commence à fermer ses frontières ; les visas touristiques sont suspendus. "Des amis français à Rishikesh m'ont proposé de les rejoindre à leur appartement." Victor accepte. Les trois premiers jours, ils peuvent sortir, se balader jusqu'à l'annonce du confinement, le 25 mars : "Désormais, on ne peut plus aller dehors. Dans les hôtels, les employés vont faire les courses. Dans les immeubles, c'est pareil, on donne notre liste. Mes amis ont fait le choix de se faire rapatrier. Je suis seul à l'appartement."
Quid de la suite ? "L’idée, c’était de rejoindre le Pakistan, de descendre au sud et d’aller en Iran. Après, je voulais continuer le chemin jusqu’à l’Europe de l’Est. Maintenant tout est compromis. Le nouveau projet, c’est de rester en Inde jusqu’à ce que les choses s’apaisent. Si je peux aller au Pakistan, j’irai."Si réellement la situation se complique en Inde, je penserai à me faire rapatrier. Ce n'est pas à l'ordre du jour pour l'instant.
- Victor Giannotta, un Franc-Comtois bloqué en Inde
Le dessin, comme "arme" de confinement
Au cours de ses rencontres et de ses découvertes, Victor a confiné ses souvenirs : "Depuis que j’ai commencé ce voyage, j’ai entretenu une relation d’amour avec les carnets de voyage. J'ai tout écrit, et j'ai beaucoup dessiné." Cette âme d'artiste l'entretient depuis longtemps. Après l'obtention de son baccalauréat au lycée Xavier Marmier à Pontarlier et un BTS Design d’objets, il a intégré l'École des Beaux-Arts à Paris. Il n'est pas allé pas au bout, préférant travailler le bois, seul, en Franche-Comté. Quelque temps plus tard, Victor s'est envolé pour les Pays-Bas où il a exposé dans des galeries, avant de s'envoler pour l'Asie.
Il y a peu, en Inde, Victor est tombé sur un livre qui compile des dessins d'enfants des bidonvilles de Bombay. À l'origine de ce projet, le collectif indien Dharavi Art Room. Ce groupe a demandé aux enfants des rues de dessiner l’intérieur de maisons sorties de leur imagination ou de leurs souvenirs."Alors qu'on se retrouve confiné, à domicile, je trouve intéressant de mettre en lumière l'habitat", explique-t-il.
Un appel aux enfants français
Victor souhaitait, lui aussi, remettre l'art - et spécifiquement le dessin - à l'honneur en cette période de confinement. Il a donc décidé de s'inspirer de cette initiative : "J’aimerais que des enfants français m’envoient des dessins de leur chez eux pour les partager, tant que dure le confinement." Le jeune homme a déjà reçu plusieurs dessins comme celui de Morgane, à Mulhouse ou encore celui d'Eugénie, en Normandie. Ces croquis sont visibles sur le compte Instagram de Victor : @sepa_notes.Si vous souhaitez envoyer des dessins à Victor, vous pouvez le faire par mail "facteurbengale@gmail.com" ou directement sur son compte Instagram.