Alors que le FCSM est en grande difficulté financière et jouera l'an prochain en championnat amateur, certains supporters s'organisent afin de proposer une solution pour la suite. L'association "Sociochaux" souhaite s'inspirer du modèle de SCIC créé par Bastia, club qui a connu la tourmente en 2017. Explications.
Lundi 17 juillet, à 20h30, plusieurs centaines d'amoureux et amoureuses du FC Sochaux-Montbéliard se connecteront en même temps en visioconférence pour participer à une réunion. Organisée par l'association "Sociochaux", elle a pour but de présenter les contours d'un projet porté par une dizaine de supporters du club franc-comtois : celui de créer un actionnariat populaire au sein du club sochalien et ainsi transformer les supporters qui le souhaitent en "socios".
Créée en 2019 lors des déboires de Sochaux avec Ledus, l'ancien propriétaire qui s'était retrouvé en faillite, l'association "Sociochaux" s'organise pour proposer un projet collectif qu'elle souhaite "ancré au niveau local" et "pérenne". "On va demander aux 350 membres de l’association, et à tous ceux qui sont intéressés par le projet, s’ils sont favorables ou non à la création d’un actionnariat populaire. Nous ne voulons pas racheter le club, on souhaite accompagner un repreneur pour construire un projet collectif, qui fait participer les acteurs locaux dans leur globalité", nous explique Florian Pasqualini. Si cette mesure est votée, ce pourrait être le début d'une aventure hors du commun dans le Pays de Montbéliard.
Plusieurs collèges d'actionnaires
Pour devenir actionnaire, il suffirait d'injecter une somme d'argent, au moins 50 euros, dans le club. Chaque investisseur, quel que soit le montant de son investissement, obtiendrait alors une voix pour voter certaines décisions. Plusieurs collèges d'actionnaires pourraient ensuite être créés. Ces différents acteurs pourraient prendre part au vote concernant les grandes directions à prendre pour le club, dans des proportions définies à l'avance.
► Le ou les propriétaires du club pourraient par exemple posséder 38% des droits de vote,
► Les acteurs économiques, entreprises locales, 22% des droits de vote,
► Les supporters actionnaires, 20% des droits de vote,
► Les salariés, joueurs, anciens salariés ou anciens joueurs, 10% des droits de vote,
► Les collectivités locales (Pays de Montbéliard Agglomération, Département du Doubs...), 10% des droits de vote.
"Une gouvernance transparente"
Pour espérer mener ce projet, il faudrait que Nenking accepte de vendre le FC Sochaux, et qu'un repreneur soit séduit par l'idée de créer une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Ce modèle n'est pas unique en France. Il est actuellement expérimenté par Bastia, club de Ligue 2, depuis 2019. En 2017, le club avait été rétrogradé en National 1 après des problèmes de gestion financière.
"À travers la mise en place d’une structure innovante et unique dans le monde sportif, les acteurs qui composent le club souhaitent mettre en place des fondations solides et une gouvernance transparente pour que les évènements de l’été 2017 ne puissent plus jamais se reproduire", expliquaient les dirigeants bastiais au lancement de la SCIC.
Le Sporting club de Bastia, premier club de foot en SCIC (voir la vidéo) :
Florian Pasqualini, abonné au FCSM pendant 12 ans, connaît bien le dossier corse puisqu'il est lui-même socio du club du SC Bastia. Il échange beaucoup avec les supporters bastiais pour connaître les rouages de leur modèle. "Cela permettrait au club de rester ancré sur son territoire et d’arrêter avec les actionnaires qui viennent du bout du monde, qui nous promettent des millions parce qu’ils ne savent pas quoi faire de leur argent, explique-t-il. On n’est pas dupes, cela n’arrive jamais. Nous souhaitons mobiliser les forces communes". Il s'est également entretenu avec des entrepreneurs de la région.
Des entreprises du coin nous ont déjà contactés pour entrer dans ce projet de SCIC. C’est une garantie de travailler avec le tissu économique local et d'être totalement transparent.
Florian Pasqualini
"Cela crée une nouvelle dynamique"
Le projet de SCIC et d'actionnariat populaire est soutenu par plusieurs élus locaux. Le maire d'Audincourt Martial Bourquin (PS), en fait partie, et précise que le dépôt de bilan potentiel du club est nécessaire pour repartir sur des bases saines. Dans ce cas, le club repartirait en National 3 et gravirait les échelons progressivement, comme l'a fait Bastia. "Si l'expérience bastiaise a réussi, c'est parce qu'elle a bénéficié du dépôt de bilan du club. La reconstruction s'est opérée sur des bases saines. Elle a aussi profité des avantages de la SCIC, modèle coopératif qui fonctionne bien. Ce n'est pas une fin en soi, c'est un outil qui permet de réaffirmer l'ancrage local d'un club de foot en associant les collectivités, les PMA, d'agréger des mécènes", explique Martial Bourquin.
Selon Florian Pasqualini, il ne manquerait pas beaucoup d'argent à injecter de la part des "socios" et des acteurs économiques du coin, pour pouvoir élaborer un budget de National 3. "En National 3, Bastia avait un budget de 1,8 million d’euros. Ensuite, il y a eu une montée en gamme progressive. Les Bastiais m'ont dit que c'était tout à fait possible à Sochaux, et qu'ils avaient vécu des années magnifiques après la rétrogradation. Cela crée une nouvelle dynamique, on gagnera beaucoup plus de matchs et on remontera progressivement", projette le natif du Pays de Montbéliard.
Si le projet est officiellement lancé, l'argent injecté par les "socios" sera déposé sur un compte séquestre. Cet argent sera bloqué jusqu'à la conclusion de la vente avec un repreneur. "Si le futur propriétaire est d’accord avec le projet que l'on porte, et que les actionnaires sont d’accord, on rentrera au capital du club. Mais, il nous faut un repreneur avec un esprit collaboratif. Si ça ne match pas, les gens seront entièrement remboursés évidemment", précise Florian Pasqualini.
Le projet peut-il emporter l'adhésion à Sochaux ?
"A Bastia, il y a une réelle fièvre identitaire, la fièvre corse, et en même temps, il y a une passion pour le football très importante", analyse Paul Dietschy, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Franche-Comté et directeur de la revue universitaire « Football(s) ». La ferveur sochalienne est-elle suffisamment puissante pour qu'un grand nombre de supporters choisissent de devenir actionnaires du club ?
Paul Dietschy espère que la passion pour le FC Sochaux mobilise largement, mais ne cache pas une certaine forme de "pessimisme". De leur côté, les fondateurs de "Sociochaux" s'organisent pour présenter les détails de leur projet lundi soir à toutes les personnes qui souhaitent voir le FCSM renaître de ces cendres. "Il nous faut le maximum de soutien", conclut le supporter. Celles et ceux qui veulent participer à l'assemblée générale de l'association "Sociochaux" peuvent écrire à contact@sociochaux.fr.
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