Aucune frontière ne lui résiste, Benjamin Locatelli, pontissalien installé en Suisse est artiste graffeur mais aussi trés engagé dans la coopération transfrontalière et persuadé que l'art peut être le moteur d'une synergie plus globale. Il est le personnage central de notre feuilleton.
C'est un personnage étonnant, un artiste aux multiples facettes, inclassable et toujours en mouvement. Benjamin Locatelli a des projets plein la tête et entend bien les concrétiser dans les mois qui viennent. Au départ, ce sont ses oeuvres qu'on identifie au premier coup d'oeil, souvent des grands formats, des mots qui se répètent ou se devinent sous les couches de peinture, des messages positifs dans tous les cas.
Ado rebelle
Devenir graffeur n'était pas un projet ! C'est la vie et le hasard qui en ont décidé. L'ado n'aimait pas l'école, il ne se projetait pas, il était en révolte alors quand un gamin de Sarcelles débarque dans sa classe et qu'il lui fait découvrir le pouvoir des bombes de peinture, le garçon ne se fait pas prier. Il suit, tague, brave les interdirts et suit son pote pour le meilleur et pour le pire. Garde à vue, procès, amendes , plus il se fait attraper , plus il a envie de continuer . Un cercle infernal qui a duré jusqu'à ce qu'on lui propose de transmettre ses connaissances dans le domaine à des gamins de sa ville natale. Paradoxalement, c'est cette mission d'enseignement qui l'a fait réfléchir et lui a fait prendre conscience qu'il pouvait être utile.A saute- frontière
Il a y huit, Benjamin s'est installé en Suisse , aux Verrières, à une petite quinzaine de kilomètres de Pontarlier et quelques centaines de mètres de la frontière. Là, il a fondé le Klab, un local à vocation d'accueil et doté d'espaces partagés pour tous ceux qui avaient envie de travailler à des projets communs transfrontaliers.L'absinthe, culture transfrontalière par excellence a été l'un des premiers "chantiers" de l'artiste. En plein Val de Travers , sur la route de l'absinthe, il a imaginé des produits dérivés (mugs, T-Shirts...) avec son copain graphiste Steven Grah.Une première étape vers des projets de plus grande ampleur, comme un club Affaires qui réunirait des associations, des artistes , des créateurs d'entreprises, des graphistes, des communicants qui pourraient mettre leur savoir et leurs savoirs-faire en commun.
La chambre de commerce et d'industrie du Doubs le suit même sur son projet de club affaires et y voit l'occasion d'avancer sur des projets franco-suisses souvent freinés dans leur élan.
Le silo
A deux pas du Klab, Benjamin a réussi à convaincre le propriétaire d'un silo à grains désaffecté de lui laisser l'usage des lieux en échange de son maintien en état. Il en a fait son atelier , un endroit de rêve pour un artsite comme lui, un lieu graphique et inspirant dans lequel il crée , seul face aux grands murs de béton sur lesqueles il tend ses toiles grand format. Aujourd'hui, il rêve de pouvoir trouver des partenaires et des financements pour faire de ce lieu un espace à partager, d'y créer un restaurant panoramique ( le silo mesure 45 mètres de haut). Avis aux mécènes et aux investisseurs !Recup, le projet dans l'air du temps
Et comme une idée en chasse une autre, Benjamin Locatelli vient aussi de créer une marque de vêtements ou plutôt de mettre son logo sur des vêtements récupérés et customisés. Un site est en construction avec sans doute une boutique en ligne pour vendre les produits "RECUP". Là encore, il est allé convaincre un partenaire, suisse, spécialiste du flocage et distillateur d'absinthe. Patrick Grand l'a suivi sans hésité, lui qui fut l'un des premiers à lui acheter des oeuvres et à croire en lui. Les vêtements ainsi recyclés seraient vendus en boutique et sur le web et une partie des profits seront reversés à EMMAUS.