Grève du 15 mars contre la réforme des retraites : Potion antimacronix, gaulois réfractaires et usines à l'arrêt en Franche-Comté

Ce mercredi 15 mars signe la huitième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Une journée cruciale puisqu’un vote sur le projet de loi aura lieu le lendemain du côté du Sénat et de l’Assemblée nationale.

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Ce mercredi 15 mars, des manifestations ont lieu, pour la huitième fois, dans toute la France contre la réforme des retraites. Ce même jour, la commission mixte paritaire, composée de 7 sénateurs et 7 députés, discute d'une version finale d’un texte qui sera présenté à l’Assemblée nationale et au Sénat pour un vote.

Jeudi 16 mars, l’issue pourrait être incertaine puisque certains députés Les Républicains ont déjà annoncé voter contre cette réforme – le groupe détient les clefs du scrutin à l’Assemblée nationale. Le gouvernement pourrait peut-être choisir de recourir à l’article 49-3 pour faire passer cette réforme. Un article controversé puisqu’il symbolise pour beaucoup, un passage en force. Manifestations, défilés ou encore barrages filtrants… C’est donc dans un contexte parlementaire crucial que ces rassemblements se déroulent.

Vesoul (Haute-Saône)

A Vesoul, 1500 personnes se sont rassemblées devant la gare, départ de la manifestation, d’après nos estimations sur place. Les organisations syndicales indiquent 2500 personnes. Plusieurs Comtois s’ajoutent au cortège, peu après le début de la manifestation. Sur une remorque où flotte un drapeau CFE CGC, des hommes et des femmes déguisés en gaulois. L’un d’eux explique que l’intersyndicale voulait « marquer un grand coup » après plusieurs manifestations en Haute-Saône, dans lesquelles ils ont confié parfois ressentir quelques pressions de la part de la Préfecture.

Pourquoi cet accoutrement ? « C’est une petite image de quelqu’un qui nous a traités de gaulois réfractaires, sourit cet haut-saônois, perruque et barbe bien présentes. Donc on se grime en gaulois et on distribue de la potion "Antimacronix", contre cette réforme des retraites injuste et mensongère. »

Depuis six heures du matin, l’intersyndicale distribue des tracts au niveau de ces « barrages filtrants ». Marylène Barberet, Secrétaire Générale CFDT Interco 70 espère beaucoup de cette journée : « On attend que la Commission Mixte Paritaire soit à l’écoute des gens qui sont dans la rue aujourd’hui à Vesoul mais aussi dans toute la France, et qu’elle soit au reflet de ce que pensent les gens – 70% de la société est contre cette réforme des retraites. » Et si le scénario d’un possible vote semble joué pour certains, l’élue CFDT est loin d’être résignée : « En 1995, il y a eu des manifestations jusqu’à après les votes pour que les lois soient retirées, alors nous aussi, nous allons continuer jusqu’au bout, jusqu’à ce que le gouvernement retire cette réforme. »

Plus loin, deux amies, entre cinquante et soixante ans, manifestent ensemble. L’une d’elles était aide-soignante pendant 40 ans avant de devenir sophrologue. Elle raconte avoir « diminué [son] nombre d’heures », parce qu’elle ne peut pas « continuer à faire plus ». Très remontée contre le Président de la République, elle affirme : « Je pense qu’il doit y avoir une réforme, mais la façon dont M. Macron la propose, ce n’est pas possible qu’on soit d’accord. M. Macron et ses acolytes devraient peut-être mettre leur retraite en cause, ça renflouerait certaines caisses. »

 Ornans (Doubs)

Les usines ne tourneront pas ce mercredi 15 mars à Ornans dans le Doubs. Une quarantaine de salariés d’Alstom et de Guilin se sont réunis ce mercredi matin pour manifester leur opposition à la réforme des retraites. Parmi eux, Steve Bugnet. Ce tourneur-fraiseur à Alstom est délégué syndical FO. Il explique que cette mobilisation a été organisée « pour montrer qu’il n’y a pas que dans les grandes villes que la mobilisation existe, mais aussi dans les petites villes et les campagnes » Une action symbolique, pour des salariés aux métiers pénibles qui travaillent depuis leurs 20 ans en horaires décalés. Il reprend : « On ne se voit pas aller jusqu’à 64 ans. Déjà 62, ce n’est pas évident. »

L’action reçoit aussi le soutien des délégations syndicales départementales. Aux côtés des travailleurs, Noëlle Ledeur, de l’Union syndicale Solidaires du Doubs reste mobilisée. Car d’après elle, la lutte va au-delà de cette unique journée : « Ce blocage économique est symbolique. Ici, on n’a pas la prétention d’avoir bloqué l’économie d’Ornans ce matin, mais le fait d’être présents et de montrer qu’on est toujours déterminés et qu’on ne lâchera pas, même si c’est voté, même si 49-3, on continuera à être mobilisés, à convaincre les gens de descendre dans la rue, de se mettre en grève et qu’ils contestent parce que notre force à nous ne suffit pas »

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