Dans les montagnes du Jura, en France, comme en Suisse voisine, les autorités ont procédé ces derniers mois à des tirs de loup après des attaques sur des troupeaux. Combien ? Où ? Quand ? On vous explique où en est l'état des meutes.
Le loup est une espèce strictement protégée en France et en Europe par la Convention de Berne et de la Directive Habitats de l'Union européenne. Un loup ne peut être tué que dans des conditions bien précises après une ou des attaques, et avec le feu vert de l’État. Les préfets prennent des arrêtés de tirs et les louvetiers peuvent intervenir alors sur une exploitation attaquée. C’est ce qui s’est passé cette année dans les montagnes du Jura ou cinq meutes de loups sont présentes. 6 loups ont déjà été tués depuis le début de l'année 2024.
La carte des loups tués après des attaques et des opérations de tirs
4 loups tués dans le Doubs, contre aucun en 2023
En Franche-Comté, c’est dans le département du Doubs que les tirs se concentrent depuis le début de l’année. Une série d’attaques a eu lieu sur des bovins dans le secteur du val de Mouthe où au moins une vingtaine de bovins sont morts attaqués par les prédateurs présents sur le secteur. Quatre loups ont déjà été tués après des opérations de tirs :
-Le 26 août, des lieutenants de louveterie ont procédé au tir létal d’une louve sur une parcelle où un troupeau avait été attaqué le 21 août sur la commune de Les Villedieu.
-Le 6 septembre à Mouthe, un loup a été tué par "un binôme de lieutenants de louveterie" sur "une parcelle prédatée" à Mouthe. Ce tir a eu lieu "lors d'une opération de défense d'un troupeau de bovins", alors que "trois loups étaient observés en situation d'attaque" avait précisé la préfecture du Doubs.
-Dans la nuit du 25 au 26 septembre, sur la commune des Fourgs un loup a été visé par des tirs de défense ont révélé nos confrères de l’Est Républicain. Le cadavre n’a pas été retrouvé, mais ce loup est considéré comme mort selon le quotidien. Les services préfectoraux n’ont pas confirmé, contactés par France 3 Franche-Comté.
Toujours en pleine nuit, dans celle du 5 au 6 octobre, un loup a été tué à Chaux-Neuve révèle la presse régionale. Une meute était en train de se former et passer à l’attaque. Un loup a succombé au tir des louvetiers.
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En Suisse voisine, une meute complète a commencé à être abattue
Dans le canton de Vaud frontalier avec la Franche-Comté, les opérations de tirs aussi ont conduit à l’élimination de plusieurs prédateurs après une série d’attaques. Sur son site internet, l’État de Vaud joue la transparence et publie régulièrement des données. Ce canton a acté l’élimination complète de la meute du Mont Tendre qui compte 7 loups.
- Dans la nuit du 11 au 12 janvier, c’est un jeune mâle de cette même meute qui avait été abattu sur la commune de Montricher après une autorisation de tir là aussi.
- Dans la nuit du 14 au 15 octobre, une jeune louve de la meute du Mont Tendre, née au cours de l’année a été prélevée. La commune n'est pas précisée. Les autorités vaudoises ont défini pour l’élimination de la meute du Mont Tendre, une période allant du 10 septembre 2024 au 31 janvier 2025.
Combien de loups dans les montagnes du Jura et en France ?
Le canton de Vaud en Suisse compterait aujourd’hui au moins 25 loups selon les observations réalisés en 2023. Selon les dernières observations, il y avait en fin d’été deux meutes celle du Mont Tendre (7 loups), et celle du Marchairuz (4 loups).
ll faut ajouter les meutes transfrontalières, celle du Risoud (9 loups au moins), celle de Jougne-Suchet (6 loups minimum) et celle de la Haute-Valserine (7 loups). Sans compter des loups isolés qui se déplacent sur les montagnes du Jura, sans se soucier des frontières administratives.
Pour l’année 2024, le plan national loup prévoit que 209 loups pourront être abattus en France en cas d’attaques. C’est 19 % de la population de loups qui pourra ainsi être prélevée avec des conditions bien précises pour le faire.
À la sortie de l'hiver 2022-2023, la population de loups en France était estimée à 1104 individus. L'espèce est présente dans un peu plus de 50 départements français et oppose agriculteurs et protecteurs de la nature.
Un statut du loup menacé en Europe ?
Quatre associations, Ferus, l'Aspas, France Nature Environnement, Humanité et biodiversité et la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) ont attaqué mi-aout, le gouvernement devant le Conseil d’État “pour excès de pouvoir".
Abattre les loups ne sert à rien. L'espèce est durablement implantée en France et reviendra quoi qu'il arrive. Les tirs ne font que déstabiliser les meutes.
Bernard Marchiset, président de la LPO Bourgogne-Franche-Comté
Entre-temps, l’Europe a avancé d’un cran dans le déclassement du loup. Un feu vert a été donné ce mercredi 25 septembre 2024 par les États membres de l'Union européenne pour abaisser le statut de protection du loup. Une mesure demandée par les éleveurs, qui met en colère les associations de protection de la biodiversité.
Michel Barnier, Premier ministre lui-même qui a pris position sur ce sujet explosif, depuis le sommet de l’élevage de Cournon, en évoquant "les dégâts que fait le loup sur beaucoup d'exploitations, en cassant le moral des éleveurs". Je pense que c'est un moment clé pour augmenter la capacité de prélèvement [de loups, NDLR] a précisé le nouveau premier ministre.
