Depuis le début de l'année, les exportations de montres suisses ont baissé de 11 %. Conséquence : de nombreux licenciements de travailleurs frontaliers. A Morteau, l'immobilier est en berne.
Ils sont chaque jour de moins en moins nombreux. Les quelque 30 000 Franc-comtois qui traversent la frontière pour aller travailler en Suisse sont les premiers concernés par la crise de l'horlogerie suisse.
A Villers-le-Lac, un hôtel-restaurant avec vue sur la douane a depuis quelque temps un peu moins de clients : « Lundi on a eu neuf personnes qui sont venues manger. Elles étaient licenciées le jour même, raconte Renée Mougin, hôtelière-restauratrice. Les gens font attention, ils ne savent pas si demain, ce ne sera pas leur tour. »
1 500 licenciements
Selon l'amicale des frontaliers, une association qui défend les intérêts des travailleurs français en Suisse, près de 1 500 frontaliers ont été licenciés dans l'Arc jurassien cette année... Et ce n'est probablement qu'un début.
« Il y a beaucoup moins de production chez la sous-traitance, et c'est ça qui est inquiétant, parce que les licenciements vont s'amplifier à ce niveau-là », s'inquiète Alain Marguet, président de l'Amicale des frontaliers.
L'immobilier en berne
Les travailleurs frontaliers eux-mêmes semblent avoir bien conscience que la crise de l'horlogerie suisse peut s'aggraver. Sur le secteur de Morteau, le nombre de biens immobiliers à vendre a récemment bondi de 50%.
Victor Grosjean, responsable d'une agence immobilière à Morteau, explique que deux clients sur trois vendent à cause de cette crise : « On a certains clients qui sont licenciés, donc qui ont une obligation de vendre ; et certains autres qui ont peur de se faire licencier, et qui essaient d'anticiper les choses. »
Jadis eldorado pour l'immobilier et la construction, la zone frontalière doit déjà encaisser une chute des prix de quasiment 10%. Car quand l'horlogerie suisse va mal, c'est tout le Haut-Doubs qui ne tourne plus rond.
Avec Renée Mougin, hôtelière-restauratrice à Villers-le-Lac ; Alain Marguet, président de l'Amicale des frontaliers ; Victor Grosjean, responsable d'une agence immobilière à Morteau.
Reportage de Jérémy Chevreuil et Florence Petit.