La présence de plus en plus remarquée de loups en Europe est au coeur d'un débat qui s'ouvre ce mercredi 13 septembre 2023 devant le Parlement européen à Strasbourg. Faut-il réviser son statut d'espèce protégée ? Explications.
La question de la présence de loups en Europe anime le Parlement européen. Après que la présidente conservatrice de l'instance, Ursula Von der Leyen, a qualifié début septembre le loup de "réel danger pour le bétail et potentiellement aussi pour les humains", un débat s'ouvre à 14h ce mercredi au sujet d'une potentielle révision du statut de protection des loups et des autres grands carnivores dans l’Union européenne. Bruxelles a également appelé "les communautés locales, scientifiques et toutes les parties intéressées à soumettre, d'ici au 22 septembre, des données actualisées sur les populations de loups et leur impact".
Canis lupus va-t-il passer du statut "strictement protégé" à "protégé" ? La question est posée. Le débat s'annonce animé tant les avis divergents quant à la manière de cohabiter avec cette espèce, notamment en France, pays dans lequel les attaques contre des troupeaux se sont multipliées ces derniers mois.
En Franche-Comté, certains éleveurs sont particulièrement remontés contre l'animal, qu'ils accusent de "dévisager les paysages" et de "massacrer" leurs troupeaux. Nombreux sont ceux à attendre que les règles entourant la cohabitation entre les loups et l'élevage évoluent, et se durcissent. En effet, depuis deux ans, les attaques sur des troupeaux, plus spécifiquement des génisses, se sont multipliées. Plusieurs attaques ont eu lieu cet été, particulièrement sur les communes des Villedieu et sur Mouthe, dans le Haut-Doubs.
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De 906 individus à 1104 en France
Pour rappel, trois meutes sont installées dans le Massif du Jura. En plus des Zones de présence permanente (ZPP) de l'animal du Marchairuz et du Risoux, c'est désormais près de Jougne (Doubs) que le loup s'est établi.
Provisoirement estimé en juillet à 906 individus, le nombre de loups présent en France a été revu à la hausse à 1.104 la semaine passée. L'évaluation pour l'année 2022 avait également été revue de 926, chiffre provisoire, à 1.096, chiffre définitif. Le comptage de loups reste un exercice délicat et difficile à réaliser précisément, en raison de la présence sporadique de meutes, de leurs déplacements et des abattages d'individus qui ont lieu par les autorités. En France, le Plan national d’action loup et activités d’élevage pour les années 2024 à 2029, régissant les règles de cohabitation entre élevage et loups en France, doit être annoncé le 18 septembre.
En Suisse voisine, le Conseil fédéral vient de réviser la loi sur la chasse pour passer à une régulation proactive des meutes de loups, ce qui pourrait cet hiver réduire drastiquement leur population sur le territoire, avec un impact sur les meutes du massif jurassien (lire notre article). Deux louveteaux ont été abattus à Montricher dans le Canton de Vaud, lundi 4 septembre. Les tirs ont été autorisés après une douzaine d'attaques de bovins dans le secteur.
L'efficacité des tirs pointée du doigt
"Ces meurtres sont une nouvelle atteinte à la petite population jurassienne qui subit la bêtise, la barbarie et la cupidité humaine plus occupée à faire perdurer des activités nocives à la planète et à la population qu'à préserver la biodiversité, notre seule assurance vie", a réagi Patrice Raydelet, naturaliste jurassien et président de l’association Pôle grands prédateurs. Le loup est un pilier de la biodiversité, clament depuis des années les associations de défense des animaux sauvages.
"L’Efficacité des tirs n’est pas démontrée, écrit d'ailleurs l’association Pôle grands prédateurs. Cela tend à engendrer plus de dégâts, soit l’inverse de l’effet escompté. En effet, pour peu que soit tué un membre du couple reproducteur, les meutes risquent d’être déstructurées. Or, les Loups devenus solitaires se tournent plus spontanément vers les proies faciles que constituent les animaux de rente".
Cet avis est partagé par l'association FERUS, qui s'appuie notamment sur la thèse de la chercheuse Oksana Grente, publiée en 2021.