Le ministre Montebourg, la montre Herbelin et le made in France

Le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, se présente comme le fer de lance du made in France. Il arbore à la une du magazine du Parisien une marinière bretonne et porte une montre Herbelin au poignet.

La marque horlogère franc-comtoise va-t-elle profiter de cette exposition médiatique ? Résultat des consultations à la hausse sur le site internet, un intérêt auprès des vendeurs mais pas de hausse des ventes comme pour les marinières bretonnes. Ce n'est pas le même prix. Mais, le ministre porte-t-il vraiment une montre made in France ? C'est la question posée par le site Atlantico puis repris par nos confrères du Figaro. Après la pub à la une du magazine du parisien, l'effet buzz est garanti !

Les montres Herbelin sont assemblées à Charquemont dans le Haut-Doubs, une activité qui fait travailler 75 personnes. Herbelin est un fabricant et non une manufacture comme Péquignet, son voisin de Morteau ; cela signifie qu'Herbelin peut acheter des pièces à des fournisseurs pour les assembler ensuite. C'est le cas du coeur de la montre, le mouvement, la pièce stratégique d'une montre. Pour la Newport Yachtclub, le modèle porté par le ministre, le mouvement provient de la société suisse Ronda. Une entreprise qui elle-même emploie la moitié de ses effectifs (1000 salariés) en Thaïlande. Personne ne peut savoir d'où viennent les pièces qui composent le mouvement. Le bracelet de la Newport Yachtclub vient d'une société française mais celle-ci peut très bien elle aussi acheter à l'étranger quelques composants.
Alors si on pouvait décomposer pièce par pièce la montre, nous pourrions être surpris du résultat. D'après Grégory Pons, spécialiste du secteur interrogé par le Figaro et auteur de l'article d'Atlantico, "au prix public de 790 euros, il est pratiquement impossible de produire une montre qui soit authentiquement ou même majoritairement made in France". 
Ces achats à l'extérieur ont permis à de nombreuses entreprises de maintenir une activité en France. Sans cela, les sociétés auraient tout simplement du fermer ou totalement se délocaliser. C'est une question de prix de revient. Tout le monde ne peut pas s'offrir une montre à plusieurs milliers voir centaines de milliers d'euros comme certains modèles de Péquignet et Leroy, deux autres marques françaises.  Mais à l'heure des restrictions budgétaires, il est de meilleur ton de porter des montres à des prix "normaux"...