Les poissons agonisent et meurent dans le lac de l’Entonnoir à Bouverans (Doubs), ceux qui observent le phénomène s’en émeuvent. Mais l’association de pêche des propriétaires du lac refuse de procéder à une pêche d'urgence
Dans un lac qui se dessèche, les poissons tentent en vain de s’échapper de la vase et de la mort qui les attend. Les promeneurs qui passent par là observent le spectacle, désarçonnés.
Des milliers de poissons sont déjà morts, et les rescapés luttent pour trouver un peu d'oxygène. A Bouverans le lac est à sec, et depuis quelques jours, l'entonnoir -c'est son nom- est devenu une curiosité.
Mais ce malheureux spectacle suscite des réactions. Pourquoi les poissons ne sont-ils pas péchés pour être sauvés ?
En 1959 la situation était identique et la plupart d'entre eux ont été préservés grâce à la mobilisation des riverains et des pêcheurs.
« J’étais gamin, je récupérais les poissons pour les mettre dans des sacs et on les mettait dans des fontaines où il y avait l’eau courante. C’était efficace. Les poissons n’ont pas crevé dans les fontaines », se rappelle Roland Brulport, un riverain
En 2018, le scénario est différent. Pour récupérer un maximum de poissons dans le trou d'une dizaine de mètres de profondeur, la principale technique consisterait à les étourdir avec des électrodes afin qu'ils remontent à la surface. Mais la vingtaine de propriétaires du lac a écarté cette solution.
« On n’a pas fait de pêche de sauvegarde pour pas tuer le reste des poissons. Pas faire l’erreur commise dans le Doubs où les électrodes ont tué tous les poissons qui restaient », explique Bernard Chabod, membre de l'association des propriétaires du lac, ancien garde-pêche.
« Si l’eau se maintient, ils ont raison, mais si l’eau fout le camp, ils vont se poser des questions. C’est pas normal de crever des poissons comme on fait aujourd’hui », regrette Henri Defrasne, un riverain.
D'après les anciens du village, Gilbert Cousin, théologien du 16e siècle évoquait déjà le miracle du lac de Bouverans. Un lac qui disparaissait mystérieusement tous les 7 ans et qui réapparaissait ensuite, avec ses poissons.
Il faudra donc patienter pour vérifier la légende et être prudent pour constater le phénomène sur le terrain, car l'endroit est particulièrement marécageux.