Près d’un mois après l’agression d’une équipe de Franche 3 Franche-Comté par des agriculteurs du Haut-Doubs, alors qu’ils couvraient une action menée par des militants écologistes, Christophe Chambon, président de la FNSEA Bourgogne-Franche-Comté était invité sur notre antenne.
Ce dimanche 13 novembre, Dimanche en politique consacrait un numéro spécial aux attaques de loups dans la région. « Loup : l’impossible cohabitation ? » a réunit pour débattre plusieurs acteurs de la filière agricole, un défenseur du loup et des élus de la grande région. Christophe Chambon, président régional de la FNSEA Bourgogne-Franche-Comté était présent. Un peu moins d’un mois après l’agression de deux journalistes de France 3 Franche-Comté par des agriculteurs, alors qu’ils couvraient une action de militants écologistes, interrogé sur le positionnement de son syndicat, il a refusé de condamné les faits, mais ne « cautionne pas la violence ».
Je peux comprendre l’énervement, la fatigue, la nervosité, après on ne peut pas cautionner la violence, on l’a jamais cautionné
Christophe Chambon, président de la FRSEA Bourgogne-Franche-Comté
Le 19 octobre dernier, deux de nos journalistes ont, en effet, été violemment pris à partie et bousculés, leur matériel confisqué, alors qu’ils couvraient l’action de militants écologistes dans le Haut-Doubs. En effet, ce soir-là dans le secteur de Chaux-Neuve, des tirs avaient été autorisés en cas d’attaque du loup contre un troupeau, et la Brigade mobile d'intervention Loup de Gap (Hautes-Alpes) patrouillait. Des militants pro-loups avaient décidé de se rendre sur place pour arroser de parfum une carcasse de génisse laissée sur place et qui auraient pu attirer des loups. La tension était rapidement montée avec des agriculteurs du secteur. À la suite d’échanges très tendus entre les deux groupes, nos journalistes avaient été agressés par certains éleveurs.
« On ne parle pas de condamnation, on n’est pas devant un tribunal »
« Christophe Chambon, votre syndicat n’a pas condamné cette agression » a rappelé Jeremy Chevreuil. Le présentateur de notre émission a interpellé le président régional du syndicat majoritaire des agriculteurs : « Au contraire, votre responsable départemental a eu des mots et des attitudes qu’on pourrait qualifier de complaisants vis-à-vis des agresseurs. Est-ce qu’à la FNSEA, vous cautionnez [cette agression] ? ».
« Moi, je comprends les collègues, ça fait plusieurs mois que ça dure » a répondu Christophe Chambon, faisant allusion aux attaques de loups et à la détresse psychologique des agriculteurs. « Je peux comprendre l’énervement, la fatigue, la nervosité, après on ne peut pas cautionner la violence, on l’a jamais cautionné », a-t-il repris.
« En même temps, la violence, elle a démarré où ? » a-t-il tenu à dire. « Est-ce qu’elle n’a pas démarré en enfreignant la loi en étant présent sur un lieu qui a été missionné par monsieur le préfet par les louvetiers et on a des gens qui se sont introduits là où ils n’avaient pas à être », faisant référence à l’action des militants écologistes. « C’est peut-être là le début de la violence aussi ».
Relancé par Jeremy Chevreuil, « vous ne condamnez pas ? », le président régional de la FNSEA a tout de même expliqué « je vous le dis clairement, la violence est inacceptable, on ne cautionne pas la violence quelle qu’elle soit et je pense qu’on l’a prouvé ces dernières années ». « On ne parle pas de condamnation, on n'est pas dans un tribunal. Ce qui s'est passé n'aurait jamais dû se passer ». Pour le représentant syndical, la responsabilité des faits qui se sont déroulés ce soir-là n’est pas seulement à chercher du côté des agriculteurs présents : « Pourquoi ça a eu lieu ? Ça, je le dénonce, pourquoi ça a eu lieu ? », pointant la détresse « psychologique » des agriculteurs et dénonçant l’action des militants pro-loup, qu’il juge illégale.
Réaction du vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté en charge de l'agriculture
Christian Morel, vice-président divers gauche de la Région Bourgogne-Franche-Comté, en charge de l’agriculture et lui-même exploitant agricole, a quant à lui rappelé l’importance à ses yeux de la liberté de la presse : « On est dans un monde très émotionnel, et je crois que notre rôle d’élu, c’est de prendre du recul face à ça. Je vous le dis, il n’y a pas pour moi plus important que la liberté de la presse ».
Retrouvez le replay du débat de "Dimanche en Politique. Loup : cohabitation impossible ?" sur ce lien