Tourisme. Dans le Jura, entre le manque de neige et les annulations de réservations, "on sauve les meubles"

À l'approche des vacances de février dans un massif du Jura dépourvu de neige, les visiteurs sont frileux. Certains annulent leurs réservations, d'autres rechignent à réserver à la dernière minute. Les professionnels du tourisme espèrent une nouvelle chute de neige même si pour l'instant, "ça tient la route".

Dans le massif jurassien, l'hiver prend des accents estivaux. La rengaine est la même, sur les lèvres comme dans les médias : "On ne voit pas arriver la neige". Au cœur de la forêt du Massacre, au chalet de la Frasse, Laure Escalier "travaille comme en été". 

À cette époque de l'année, pour accéder au petit restaurant et gîte d'altitude, il faut chausser ses raquettes ou ses skis de fond. Mais autant faut-il qu'il y ait de la neige ! "C'est la misère, tout est vert autour de moi", s'exclame la propriétaire. Celle-ci a d'ailleurs laissé sa motoneige au garage. Elle ravitaille son établissement en prenant les routes d'été, au volant de sa voiture. 

D'ordinaire dans le massif jurassien, entre le froid, la neige et les vacances scolaires, février est le mois le plus chargé de l'année. Faute de neige, qui boude résolument les montagnes du Jura, le silence s'est déposé sur le chalet de la Frasse. Dans la salle principale, entre les murs lambrissés et les poutres en bois massif, "on sent le vide dans l'après-midi" autour de l'imposante cheminée centrale. Moins de randonneurs y montent pour une crêpe ou un vin chaud. Les dix-neuf lits du gîte se remplissent difficilement. 

Le soir, "je fais un peu de restauration", note Laure Escalier. Trente couverts au lieu des 100 habituels : "C'est pas merveilleux, mais ça sauve les meubles."  

"La première fois qu'on vit un février sans neige"

Malgré les températures douces en fin de mois, un épisode hivernal les premiers jours de janvier a permis d'avoir un début d'année plus ou moins normal dans le massif. "L'activité s'est à peu près maintenue. Nous avons bien travaillé, sans trop voir de changement", explique Lydie, gérante du Chalet Gaillard, un refuge situé dans la forêt du Risoux. Laure Escalier confirme : "Il y avait pas mal de randonneurs, surtout les week-ends de beau temps.

Mais la persistance de températures élevées par rapport aux normales de saison a fait fondre la neige. Le massif jurassien est aujourd'hui plus vert que blanc. Alors que les vacances d'hiver débutent pour la zone C le 10 février, les prévisions météo des prochains jours sont guère réjouissantes. Quelques centimètres pourraient tomber, mais pas assez pour skier. "De quoi faire un bonhomme de neige et un peu de raquette", glisse Claire Devillers, responsable de communication à la station des Rousses. 

Du haut de ses 26 ans à la tête du chalet de la Frasse, Laure Escalier l'assure : "C'est la première fois qu'on vit un février sans neige." Certes, au 8 février 2024, il y a quelques pistes de ski alpin ouvertes, notamment à Métabief (11/41) et aux Rousses (6/50). Le ski de fond, lui, "est inexistant depuis quinze jours maintenant", regrette Lydie. Le Chalet Gaillard, au bout des pistes de ski nordique, était surtout fréquenté par des randonneurs. 

Des annulations et peu de réservations de dernière minute

Ces mauvaises conditions ont provoqué la frilosité des visiteurs. "Les premiers jours de février ont été corrects, mais désormais, nous n'avons plus de réservations sur plusieurs jours", continue Lydie. Les réservations de logement pour les vacances de février ont chuté de 42 % dans le massif du Jura par rapport à 2023, selon une étude réalisée par le site de location d'hébergement entre particuliers PAP. Outre le manque de neige, le site évoque d'autres raisons, comme les blocages routiers des agriculteurs et les grèves.  

L'annulation de l'édition 2024 de la Transjurassienne à cause du manque d'enneigement des pistes avait déjà porté un coup à certains établissements hôteliers de la région, qui ont vu des annulations de réservation en cascade.

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Du côté des Rousses, "par rapport aux autres années, nous avons très peu de réservations de dernières minutes", souligne Claire Devillers. Qui tempère : "C'est loin d'être catastrophique." Le taux d'occupation de la station est à 75 % du taux habituel, cette deuxième semaine de février. Ce taux devrait rester stable jusqu'à la fin du mois de février. En comparaison, en 2023, la station était pleine pendant la moitié du mois de février. 

Niveau chiffre d'affaires, il est encore trop tôt tant pour le chalet de la Frasse que le Chalet Gaillard pour observer une baisse significative. "Ça tient la route, pour l'instant", glisse Lydie. "On reste philosophe : on ne peut pas changer la météo. Si on ne travaille pas maintenant, on travaillera plus tard."

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