Visite d’Emmanuel Macron dans le Doubs : casseroles en vue, “grande fierté”, président "sur son nid d’aigle”, La Cluse-et-Mijoux sous les feux malgré elle

Les regards médiatiques sont braqués vers cette petite commune du Haut-Doubs près de Pontarlier. La Cluse-et-Mijoux où s’érige le Château de Joux aussi appelé Fort de Joux reçoit jeudi 27 avril, la visite du président de la République. Il vient y commémorer le 175 anniversaire de l'abolition de l'esclavage.

Les premiers signes de la visite présidentielle sont visibles. Parkings interdits, panneaux de stationnement interdit. Barrières ici et là. Samedi dernier, la petite commune de La Cluse-et-Mijoux, a été informée de la possible visite du président de la République. Les choses se sont accélérées ces dernières heures. Et ce n’est pas pour déplaire à Monsieur le Maire. “Dans un petit village comme le nôtre, c’est une grosse fierté de recevoir le président de la République. Pour moi aussi, une grande fierté quand même. Tous les maires d’une commune souhaitent un jour rencontrer le président de la République. On est quand même les représentants de l’État, de la République” explique au micro de Marine Candel, Yves Louvrier, maire sans étiquette de la commune de près de 1.300 habitants.

“Pas de débordements sur la commune, c’est ce que je souhaite”

L’élu est en lien depuis plusieurs jours avec les services de la Préfecture. Il sait que ce déplacement intervient dans un contexte de casseroles et casserolades et de violences possibles après la promulgation de la réforme des retraites. “La venue est un peu compliquée à gérer. Ça nous met une pression. On ne veut pas qu’il y ait de dérives. C’est donc une grande prudence sur la sécurité” ajoute l’élu.

Les casseroles entendues jusqu’au Château de Joux ?

La CGT et d’autres syndicats ont lancé un appel à se rassembler à hauteur du rond-point Malraux à la sortie de Pontarlier sur la route de La-Cluse-et-Mijoux. “Prévoyez de quoi faire du bruit pour faire entendre que 64 ans, c’est toujours non !” lancent les syndicats. Alain Tailleur, secrétaire général CGT, se doute que les manifestants ne pourront pas aller plus loin que le rond-point et ne verront pas la silhouette du château. Encore moins le cortège présidentiel. “Le président en entendra parler quand même. Il la verra peut-être” espère le syndicaliste.

La préfecture du Doubs a publié à la veille du déplacement présidentiel un arrêté interdisant les manifestations jeudi 27 avril dans un large périmètre autour du château et sur la commune de La-Cluse-et-Mijoux de 9 heures et jusqu’à 16 heures. Sont prohibés : les rassemblements, cortèges et défilés, les "rassemblements festifs à caractère musical", et également les feux d’artifice, les contenants en verre. Enfin, "les dispositifs sonores portatifs" et "tout dispositif permettant de la diffusion de musique ou son amplifiée" ne sont pas autorisés. Autrement dit, les porte-voix et les enceintes sonores ne peuvent être amenés.

Sollicitée, la Préfecture du Doubs contactée par France 3 Franche-Comté a précisé que "les casseroles ne sont pas considérées comme des dispositifs sonores portatifs".

Mise à jour 27 avril : L'arrêté interdisant de manifester à la Cluse-et-Mijoux a été retiré par la Préfecture du Doubs indique le Tribunal Administratif. Trois recours en référé avaient été déposés devant le tribunal par la ligue des droits de l'homme notamment. L'audience prévue à 8h30 n'a donc pas eu lieu.

Arrivée en hélico sur le stade de foot

Emmanuel Macron ne passera pas beaucoup de temps au Château de Joux. Il y est attendu à midi pour présider la cérémonie du 175ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France. Il rendra hommage à Toussaint L'ouverture, figure de l'histoire de l'abolition de l'esclavage, emprisonné au Château de Joux jusqu’à la fin de sa vie, et dont on célèbre l’anniversaire de naissance (280ème) et de disparition (220ème). Le président de la République arrivera en hélicoptère et devrait atterrir sur le stade de foot du village, avant qu’un convoi ne le monte sur l’éperon du Château. Le dernier président de la République à être venu au Fort de Joux, c’était François Mitterrand en 1987.

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En 1987, le Président de la RépubliqueFrançois Mitterrand visite le Château de Joux près de Pontarlier où est mort Toussaint Louverture. ©INA

À chaque fois qu’il est en difficulté, le président de la République joue du même ressort : il commémore, il inaugure, jamais avare de mots exaltés et de considérations morales à asséner.

Dominique Voynet, EELV Franche-Comté

Dominique Voynet, secrétaire régionale EELV Europe Ecologie Les Verts Franche-Comté dans un communiqué publié à quelques heures de la visite présidentielle, “s’associe aux initiatives et aux manifestations pacifiques qui témoigneront de la colère des Comtoises et des Comtois envers un président qui ne viendra dans le Doubs que pour ne pas les voir ni les entendre.” Elle dénonce ce “déplacement ultra-balisé sous la protection d’importantes forces de sécurité positionnées depuis la veille, arrivée au Fort – un nid d’aigle facile à « sécuriser » - où l’attendront des invités triés sur le volet”.

“Nous ne pouvons que nous réjouir de la célébration d’un homme qui fut, toute sa vie, un révolté, un insurgé. Mais l’ironie de cet hommage ne nous échappe pas, à l’heure où le mouvement social est criminalisé, où tout manifestant est un suspect en puissance, de Sainte-Soline à Bure. Nous dénonçons en revanche le climat dans lequel se déroule cette visite, loin, très loin, de l’apaisement et de l’unité promis : arrêté préfectoral d’interdiction de tout rassemblement et, bien sûr, des désormais célèbres « dispositifs sonores portatifs » ; aucun temps d’échange prévu avec les citoyens mobilisés contre la réforme des retraites et contre une gouvernance de plus en plus autoritaire et lointaine” conclut l'écologiste.

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