Doubs : Emmanuel Macron en visite officielle au Château de Joux jeudi 27 avril, 36 ans après François Mitterrand

Le Président de la République sera en déplacement officiel jeudi 27 avril 2023 dans le Doubs, près de Pontarlier. Le chef de l'État vient rendre hommage à Toussaint Louverture, figure de la lutte contre l'esclavage, mort dans la forteresse de Franche-Comté en avril 1803.

Les premiers cartons d'invitation ont été distribués selon nos informations. Le Président devrait être dans le Doubs en fin de matinée. Cette visite n'est encore pas officialisée à son agenda publié en ligne, ni par la Préfecture du Doubs.

Pour la troisième fois depuis 2017, Emmanuel Macron vient en déplacement dans le département du Doubs. Il était déjà venu en novembre 2018 inaugurer le musée des Beaux-Arts de Besançon. Puis en 2019, pour le bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet à Ornans.

Cette fois-ci, le Président Macron va découvrir un lieu bien connu des habitants de Franche-Comté, qui a joué un rôle dans l'histoire de l'abolition de l'esclavage. 

Haut lieu de la mémoire de la lutte pour l’abolition de l’esclavage

Du XVIIIe au XIXe siècle, le Château de Joux était une prison d’État pour enfermer toute personne menaçant l’ordre du public et la sûreté de l’État. Il s’agit de la prison d'État française la plus éloignée de la mer. Parmi les prisonniers, Toussaint Louverture. Il est l'un des personnages emblématiques de l'histoire décoloniale française. Chef de file de la révolution anti-esclavagiste de la fin du XVIIIe siècle, il était gouverneur de Saint-Domingue, à l'époque où elle était encore une colonie française (Antilles). Le 7 avril 1803, ce héros de l'indépendance d'Haïti, décédait au Château de Joux, ce qui fait de lui un emblématique lieu de mémoire de l’abolition de l’esclavage et de la lutte pour les libertés.

Implanté dans un site naturel grandiose et romantique où forêt et réserves naturelles font la richesse du lieu, le Château de Joux est un véritable livre grandeur nature de l'histoire de l'architecture militaire de ces dix derniers siècles.

Le Château de Joux  sort d'un an de travaux de rénovation pour restaurer notamment ses ponts-levis. Rouvert en 2022, il a bénéficié d'un million d’euros, aidé par des financements privés, la Fondation du Patrimoine, Mission Patrimoine de Stéphane Bern.

Perché sur la route de la Suisse

Ce haut lieu d’histoire et d’architecture militaire est situé à 5 km de Pontarlier et 15 km de la frontière Suisse. Perché sur sa colline, le Château de Joux domine la Cluse-et-Mijoux. D’abord édifié en bois, il est ensuite rebâti en pierre dès le XIIe siècle. Tour à tour, il fut château médiéval, forteresse frontière remaniée par Charles Quint puis par Vauban, prison d'État sous l'Ancien Régime, la Révolution et l'Empire. Enfin, un fort d'artillerie intégré à la ligne Maginot. Tous ces remaniements et renforcements étaient engagés pour faire face aux progrès de l’art de la guerre et de l’artillerie.

De Mitterrand au Président Haïtien à Christiane Taubira

Ce n’est pas la première fois qu’un Président de la République vient fouler le Château de Joux, mais seulement la deuxième. Il faut remonter à 1987. Il y a 36 ans, François Mitterrand s’était déplacé ici, dans celui qu’on appelle aussi Fort de Joux.

De nombreuses personnalités politiques connaissent la forteresse du Haut-Doubs sur la route de la Suisse comme Edgar Faure, ancien Président du Conseil. En 2008, Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l'homme, accompagne Alain Joyandet, ministre de la Francophonie. Christiane Taubira s’est rendue au Fort de Joux en 2011 quand elle était députée de Guyane. La « loi Taubira », qui reconnaît les traites et l’esclavage comme crime contre l’humanité, a été adoptée le 10 mai 2001.

Venus d’Haïti ou des pays ayant connu l’esclavage, de multiples personnalités sont venues découvrir la cellule de Toussaint Louverture. Ce fut le cas en 1989 de Leslie Manigat, ancien Président de la République d’Haïti. Mais aussi en novembre 2014, quand le Président de la République d'Haïti Michel Joseph Martelly, est venu sur ce lieu du souvenir.

Une fierté de recevoir un nouveau Président de la République

Du côté de la petite commune du Doubs qui s'apprête à recevoir Emmanuel Macron, la nouvelle est arrivée ces dernières heures. "C’est un grande fierté de l’avoir dans la commune. On ne rencontre pas tous les jours un Président dans sa commune. On est forcément surpris, mais je ne sais rien encore du programme” explique Yves Louvrier, maire de La Cluse-et-Mijoux, 1350 habitants environ. L’élu attend plus de précisions, mais savoure déjà ce moment, même s’il sent un peu la pression monter. “Le Château de Joux, c’est une fierté, c’est une image superbe de la Cluse-et-Mijoux” ajoute le maire du Doubs.