Voeux, fête, bal... Du Haut-Doubs au Beaujolais, la tradition des conscrits a encore du bon

En ce début 2024, pour fêter la bonne année, les conscrits ont toqué à toutes les portes de leur village. Cette coutume, qui perdure encore en milieu rural, est l'occasion de maintenir un lien social intergénérationnel et de créer des souvenirs communs.

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Les conscrits, ce sont ces jeunes d'une commune qui célèbrent leurs 20 ans, la même année.“C’est plus que de l’amitié, c’est moins que de la famille”, témoigne Martial Bournel-Bosson à propos de sa promotion de conscrits. L’adjoint au maire de Morteau dans le Haut-Doubs est resté très soudé avec eux : “On va tous les ans au bal et on cotise pour partir en voyage ensemble”. 

Et pour cause, la cohésion est bien le mot d’ordre de cette tradition. Chaque année, les conscrits toquent à la porte de toutes les maisons de Morteau pour fêter la bonne année. L’occasion de maintenir des liens intergénérationnels. 

D'où vient la tradition des conscrits ?

À l’origine, la fête des conscrits remonte à la création du service militaire. Les jeunes adultes de chaque commune se réunissaient pour faire la fête avant de partir pour l’armée. La fin du service national aurait pu marquer la fin de cette tradition. Mais les habitants de certaines communes rurales sont restés attachés à cette fête, créatrice de pleins de souvenirs communs. Cette tradition reste surtout implantée dans des communes du Haut-Doubs, du Beaujolais et du sud-ouest de la France.

“C’est l’enfance qui s’en va”

Selon les communes, la fête des conscrits s’organise à différents moments de l’année. À Villefranche-sur-Saône (Rhône), la fête a lieu fin janvier alors qu’à Morteau près de la frontière suisse, elle est organisée, cette année, le 17 février 2024. Cet événement est organisé par les conscrits. “Ils défilent toute la journée avec un bonhomme qu’ils ont fabriqué dans le plus grand secret”, précise Martial Bournel-Bosson.

Pendant cette journée, les vingtenaires font une photo avec le maire de Morteau aux alentours de midi et rendent visite aux résidents de l’Ehpad. Le soir, le bonhomme est brulé en place publique. “Souvent, quand on brule la mascotte, on pleure. C’est parce que c’est l’enfance qui s’en va et qu’on rentre dans le monde des adultes”, se rappelle Martial Bournel-Bosson. S’ensuit alors un bal.

 

Cet événement s’organise de longue date. La classe précédente de conscrits et Martial Bournel-Bosson convoquent début septembre à Morteau les jeunes qui auront 20 ans en 2024. “On s’appuie sur les listes électorales”, précise l’adjoint. Ensuite, les futurs conscrits “élisent un bureau, crée une association loi 1901, financent et organisent l’événement”, énumère-t-il. Les jeunes Mortuaciens appelés ne sont pas obligés de participer. En général, leur nombre fluctue entre 25 et 40 par an.  

Le budget des conscrits de cette commune du Haut-Doubs est de 10 000 euros. Pour collecter cette somme, “ils organisent un tournoi sportif au mois de novembre, éditent un calendrier qu’ils vendent et organise un loto. Les entrées du bal participent aussi à réunir la somme”, explique le Mortuacien.

De l’alcool avec parcimonie 

Cette fête est connue et parfois critiquée pour voir l’alcool couler à flot. Martial Bournel-Bosson ne le nie pas : “Ça boit, mais on leur dit de faire attention”. La mairie de Morteau a fait attention à réduire les quantités d’alcool au fil des années. “Avant, il y avait deux palettes de bières achetées. Aujourd’hui, on achète à peine une palette et ce sont 80 personnes qui gravitent autour”, raconte-t-il.

La mairie a aussi demandé aux parents qui accueillent les conscrits le matin de ne pas préparer de vin chaud ou de marquisette, mais de plutôt leur servir du thé ou du café. “À 11 heures, on boit l’apéro, mais on prévoit une seule coupe de champagne par conscrit”, assure l’adjoint au maire. La journée se déroule dans la joie et la bonne humeur, sans débordement : “Quand on parle des conscrits à Morteau, tout le monde à une anecdote, un souvenir. C’est pour cela que ça tient”.

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