INTERVIEW. "Il faut accélérer le déploiement d'assistants médicaux", en visite dans le Doubs, la ministre Agnès Firmin Le Bodo donne ses prescriptions pour lutter contre les déserts médicaux

La Ministre déléguée de la Santé et de la Prévention, chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé s'est déplacée dans le Doubs ce lundi 12 décembre. De Morteau à Besançon en passant par Ornans, Agnès Firmin Le Bodo a délivré l'ordonnance du gouvernement en matière de lutte contre les déserts médicaux.

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Comment en finir avec les déserts médicaux ? La Ministre déléguée de la Santé et de la Prévention, chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé s'est déplacée lundi 12 décembre dans le Doubs. Agnès Firmin Le Bodo a visité la maison des soignants et le cabinet médical éphémère de Morteau. Après un passage à Ornans pour inaugurer l’extension de l’hôpital Saint Louis, elle s'est rendue à Besançon pour échanger avec des professionnels du secteur et des élus sur les besoins de santé en Bourgogne Franche-Comté. Elle nous délivre les prescriptions du gouvernement.

Selon vous, est-ce que c’est aux collectivités et élus locaux de se démener pour attirer des médecins dans leur territoire ?

Non, nous apporterons ensemble une réponse aux besoins de santé de nos concitoyens. On a vu durant la crise sanitaire à quel point les relations entre les collectivités locales et l’Etat, à travers les Agences régionales de santé et préfets, ont été nécessaires et ont permis la mise en place notamment des centres de vaccinations. Le rôle du ministère de la santé c’est bien de rendre tous les métiers de la santé attractifs. Mais concernant l’enjeu d’attractivité des territoires pour faire venir les soignants, les élus locaux qui connaissent leurs territoires ont les clés. C’est bien ensemble que nous allons apporter ces réponses, c’est la volonté du président de la République et de la première ministre. Une réponse décidée unilatéralement qui s’appliquerait partout de la même manière cela ne peut plus marcher. Les territoires sont chacun dans des situations différentes, la mobilisation des acteurs du territoire est très différente. La consigne donnée aux ARS est de s’adapter aux territoires, de répondre à leurs besoins.

Récemment les médecins généralistes ont manifesté. Ils revendiquent notamment une revalorisation du tarif de leur consultation, 50 au lieu de 25 euros. Est-ce que l'augmentation de ce prix va permettre de lutter contre les déserts médicaux, ou est-ce qu'il faut contraindre les médecins à s'installer dans les zones où on manque de médecins ?  

Sur la liberté d’installation, nous sommes très clairs, il n’y aura de la part de ce gouvernement aucune mesure de régulation, aucune mesure de coercition, aucune mesure d’obligation. Nous savons bien que nous sommes dans le mur. 6 millions de nos concitoyens n’ont pas de médecins traitants dont 657 000 qui ont une pathologie chronique et qui ont besoin d’un suivi régulier. Il faut bien que nous apportions une réponse urgente. Il s’agit de dégager du temps médical en accélérant la mise à disposition d’assistants médicaux. Ils sont 3 000 aujourd’hui, financés par l'Etat, l’objectif est de passer à 10 000 très vite. Disposer d’un assistant médical permet aux médecins de dégager 15 % de temps pour les consultations. Pour rendre tous les métiers de la santé attractifs, aussi bien en médecine de ville qu’à l’hôpital, il faut à la fois s’occuper de la santé des professionnels de santé et de leur qualité de vie au travail.

Vous estimez que nous n’échapperons pas à une délégation de tâches, pour qui et pour quoi faire ?

Il faut donner la possibilité à un kinésithérapeute, une sage-femme, une infirmière, ou à un pharmacien d’assurer le suivi d’une maladie chronique d’un patient, à partir du moment où le médecin est d’accord et à travers un protocole dans le cadre d’un exercice coordonné. Il ne faut pas mettre en place cette délégation de tâches contre les médecins mais avec eux et il faut y aller lentement mais sûrement. Une infirmière peut prescrire certains pansements mais pas d’antiseptique… doit-on vraiment retourner chez le médecin pour une prescription d’antiseptique ? Le médecin doit rester la pierre angulaire de notre système de santé. Chacun a ses propres compétences que nous pouvons articuler dans l’intérêt du patient et de l’offre de soins.

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