Record de chaleur pour un premier mois d'automne. Après des semaines de sécheresse, le Doubs est à sec en certains endroits. Un village marque les esprits plus que d'autres : Villers-le-Lac, puisque le Doubs qui s'étale à cet endroit d'habitude a presque totalement disparu. Un choc visuel pour ceux qui vivent sur place.
En ce premier jour d’octobre, difficile de croire qu’on est en automne… Et lundi pourrait être la journée la plus chaude jamais enregistrée en Franche-Comté pour un mois d’octobre, avec des températures pouvant atteindre 31 degrés en plaine.
Le Doubs à sec
Sans grande surprise, ces températures chaudes et le manque de précipitations font mal aux sources et aux cours d’eau. Villers-le-Lac, est un site bien connu pour le Saut-du-Doubs. Cette cascade, haute de 27 mètres, surnommée "les chutes du Niagara" est à sec depuis le 5 juillet. Un spectacle différent, mais non pas pour le moins spectaculaire, que de voir cette falaise à nu. "Cela ne nous empêche pas d’effectuer des balades et de voir la nature autrement. Chaque saison et chaque moment est agréable parce que le cadre est juste magnifique", déclare un promeneur.
Les bassins du Doubs ne sont plus, l’eau est inexistante à certains endroits, laissant place à la végétation. Cependant, le niveau, certes bas, n’a pas atteint le record historique de 1906. Sur les bords de ce qu’il reste du lac, des promeneurs s’arrêtent pour immortaliser cet évènement qui n’est plus vraiment exceptionnel depuis 2019. Après avoir habité 20 ans dans le coin, Serge est revenu de Normandie pour constater l’état du Doubs. Depuis le début du mois de juillet, il est à sec. Il faut dire que depuis le début de l’année, seulement 3 mois (janvier, mars et juillet 2023) présentent des excédents pluviométriques. Et avec un déficit de 57 % en septembre.
Triste, surprenant, malheureux
"Je n’ai pas l’habitude de la voir comme ça et ça fait quelque chose. Quand on voit ce paysage, ça fait plus pâture qu’ancien lac. On se croirait dans les prés salés du Mont Saint-Michel", compare Serge. "Pas une goutte à cette époque-là de l’année, c’est quand même surprenant", poursuit la femme qui l’accompagne. Café à la main, Nicolas est du même avis. "Ne pas voir d’eau dans le Doubs à cette période, c’est dramatique. Normalement, elle aurait déjà dû revenir. On a été habitué à voir le Doubs un petit peu partir depuis quelque temps, mais c’est de pire en pire chaque année."
Si certains sont encore surpris par ces nouveaux paysages à sec, d’autres sont presque résignés. "Malheureusement, on s’habitue. Peut-être pas dans le bon sens, mais c’est quasiment chaque année qu’il y a ce retrait de l’eau et ce paysage un peu désolant. C’est loin d’être normal, mais que voulez-vous qu’on fasse ? C’est un fleuve qui a des aléas climatiques qui le font vivre et en ce moment, c'est tristounet", confie un habitant de Villers-le-Lac.
Des précipitations très attendues
Pour sa femme, difficile de s’y faire. "Je ne m'habitue pas à un paysage comme celui-là, déclare celle qui habite le coin depuis 25 ans. J’ai toujours vu de l’eau, là, toute cette herbe qui a poussé." Plus de cygne, plus d’oiseau, la tristesse se sent dans les paroles de cette femme. Désormais, les espoirs se placent sur les précipitations hivernales pour faire remonter le niveau du Doubs.
Pour René Favet, vendeur au pied du Saut du Doubs, le niveau du lac continuera de baisser tant que les précipitations ne feront pas leur retour. "Le fonds du bassin n’est pas étanche, donc le niveau continue de baisser", assure-t-il. Le manque de neige, le bas niveau des nappes phréatiques, assèchement des sources depuis Mouthe… autant de raisons qui peuvent expliquer la disparition du Doubs. "Le plus gros du problème, c’est l’Homme qui a asséché les nappes phréatiques."
Il faudra attendre encore un petit peu, car sur les deux prochaines semaines, aucune précipitation n'est prévue.