"Je suis désabusé". Genghini, Ruty : les anciens du FCSM réagissent à la situation du club

Bernard Genghini et Jean-Luc Ruty ont connu les grandes heures du FCSM au début des années 80. Tous deux amoureux du club, ils ont ensuite passé des années dans l'organigramme sochalien. Ces glorieux anciens réagissent à la triste actualité de leur club de cœur, entre "tristesse", "colère" et "incompréhension".

Pour eux, le FCSM est une grande partie de leur vie. Une deuxième maison, dans laquelle tous deux sont arrivés adolescents avant de "devenir des hommes" et de vivre des émotions indescriptibles, sur le terrain et en dehors. Bernard Genghini, 65 ans, ancien milieu offensif, et Jean-Luc Ruty, 64 ans, ancien défenseur, ont tous les deux participé aux belles heures des Jaune et Bleu au début des années 80. Avant de revenir au club une fois leur carrière terminée, au sein de l'encadrement. 

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Pour les deux glorieux anciens, la période actuelle est donc particulièrement difficile à vivre. Depuis plusieurs semaines, ils sont passés par plusieurs sentiments et assistent, impuissants, à la descente aux enfers de leur club. Avec pudeur, ils ont accepté de témoigner auprès de France 3 Franche-Comté.

Plus qu'un club, une deuxième maison

Bernard Genghini : Face à la situation actuelle, j'oscille entre tristesse, colère et incompréhension. C'est simple, ce club m'a tout donné. Je suis arrivé à 16 ans, tout jeune, dans la première promotion du centre de formation. Le chemin a été long. Premiers matchs en pro à 18 ans, places d'honneurs en championnat, parcours en Coupe d'Europe, premières sélections en Bleus alors que j'étais au FCSM, un retour en tant que directeur sportif pendant les belles années... J'ai tout connu là-bas. D'où mon abattement actuel.

Jean-Luc Ruty : On ne peut pas oublier 27 années de sa vie. Je suis arrivé au centre, j'ai joué plus de 280 matchs et j'ai été ensuite directeur du centre de formation de 1999 à 2014. C'est plus qu'un club de cœur. J'ai débarqué ici à 17 ans, j'y ai grandi. La situation actuelle me touche donc énormément. Un club si mythique, historique que le FCSM, qui pourrait déposer le bilan... Je suis désabusé.

Une colère qui vise Stellantis

Jean-Luc Ruty : J'ai suivi toutes les péripéties de ces dernières semaines. Je me dis qu'on est quand même dans un monde incroyable. Certaines choses n'auraient jamais dû arriver. Comment se fait-il que nos instances n'aient pas mieux surveillé Nenking et n'ai pas validé le projet de Romain Peugeot ? Elles n'ont pas joué leur rôle, tout simplement. Certaines personnes sont seulement venues à Sochaux dans leur intérêt personnel, sans grande connaissance de la région et même du football. Ils se sont servis du club pour s'enrichir.

Bernard Genghini : Moi, je suis en colère. En premier lieu contre Stellantis, et plus particulièrement Carlos Tavares. En 2014, après la relégation, il s'est dépêché de vendre le club. Il a confié cela à des intermédiaires, qui ont fait ça à la va-vite. Et dans des mauvaises conditions. Voilà d'où part notre situation actuelle. On s'est débarrassé de ce club. Tout simplement.

Jean-Luc Ruty : Je suis également énervé contre Stellantis. L'entreprise a lâché le club. Pour des petites villes comme Sochaux et Montbéliard, c'était la fin... Aujourd'hui, le football est une histoire d'actionnaires, de financiers, ce qui ne sied pas forcément à des bastions historiques comme Nancy, Sochaux ou encore Auxerre. Ici, il faut une vraie ADN locale. On a confié les clefs du camion à n'importe qui.

Bernard Genghini : J'ai beaucoup de rancœurs contre Nenking. Sans oublier Samuel Laurent. Ils ont joué au poker avec le club. L'an dernier, la direction a donné d'énormes salaires à des joueurs, en se disant que cela serait amorti en cas de montée en Ligue 1. Ils ont joué, ils ont perdu. Ce qui montre leur incompétence. Et quand il aurait fallu pousser un coup de gueule pour réveiller l'effectif, au milieu de la série de défaites, il n'y avait plus personne.

"Le FCSM vivra"

Bernard Genghini : Tout est très flou concernant notre avenir. On parle d'un projet de dernière minute pour rester en N1. J'aimerais y croire, mais cela me semble difficile. Avec quels joueurs ? Avec quelle équipe ? Parfois, je me dis, "pourquoi ne pas repartir de plus bas, en N3, avec des bases saines et des investisseurs locaux".

C'est dur, il faudra être patient. Cela demande du temps, mais on a ici un public d'exception, des supporters passionnés. Quand on a connu le succès, les grandes heures, on doit prendre sur soi. Mais ça va repartir, j'en suis convaincu. Sochaux vivra.

Les images de la fermeture du château de Seloncourt m'ont brisé le cœur. On n'arrive pas à y croire. C'était l'âme du club, qui a toujours beaucoup investi dans la formation

Jean-Luc Ruty,

ancien joueur et directeur du centre de formation du FC Sochaux

Jean-Luc Ruty : L'avenir ? C'est dur. Les images de la fermeture du château de Seloncourt m'ont brisé le cœur. On n'arrive pas y croire. C'était l'âme du club, qui a toujours beaucoup investi dans la formation. Et cela s'effondre. Je souhaite de tout cœur que le sauvetage de Jean-Claude Plessis, qui monte en ce moment un dernier projet pour laisser le club en N1, se réalise. Mais cela m'a l'air très compliqué. Il faut amener de l'argent, dans un laps de temps très court. Mais une chose est sûre. Au fond de moi, je sais que le club ne va pas mourir. On se relèvera.

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