Elle doit comparaître la semaine prochaine au tribunal de Montbéliard. Elle risque de la prison pour avoir refusé que son ADN soit prélevé, lors d'une action syndicale, à la "ferme des 1000 vaches". Un comité de soutien donne une conférence de presse ce matin.
Un comité de soutien s'est mis en place, une pétition lancée sur internet, des courriers envoyés aux parlementaires et une conférence sera donnée ce matin, à 11 heures, à l'ancienne mairie d'Audincourt. Toutes ces actions pour soutenir Dominique Henry, une ancienne institutrice et agricultrice en retraite : elle refuse de se faire prélever son ADN. Elle risque la prison.
Rappel des faits
26 mai 2014 : elle participe à l'opération de démontage de "la salle de traite de la ferme des 1000 vaches". Elle est militante de la Confédération Paysanne. Pour cette action, elle est gardée à vue pendant plus de 2 jours, avec 3 autres militants, car elle a refusé le prélèvement d'ADN demandé par les gendarmes.
Sa raison : "elle ne veut pas être inscrite dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques dans lequel se trouvent mêlés délinquants et militants" explique son comité de soutien, composé, entre autres, de la Confédération Paysane, la CGT, le PCF ou le NPA, Solidaires, Parti de Gauche, EELV et Front de Gauche...
Septembre 2014 : elle est jugée par le tribunal d’Amiens qui la condamne à une peine de prison avec sursis
Juin 2015 : même condamnation en appel, symbolique, car le statut de lanceur d’alerte lui est reconnu par le tribunal.
24 décembre 2015 : la gendarmerie du Russey la convoque. Un nouveau prélèvement d'ADN lui est à nouveau proposé. Elle le refuse une deuxième fois.
Janvier 2017 :
Elle comparaîtra le 12 janvier 2017 devant le tribunal de Montbéliard. Ce refus de prélèvement d’ADN constitue un délit au regard de la loi. Elle risque jusqu’à 1 an de prison et 15 000 euros d’amende.
Jointe par téléphone, Dominique Henry explique sa position et le pourquoi de ce refus
Elle se dit déjà très contente de cette mobilisation. Elle raconte : " En garde à vue, je me suis posée la question. Je me suis dit que je n'étais pas obligée d'accepter ce prélèvement d'ADN, malgré la pression exercée par le gendarme. Je me suis sentie humilée. Je vais me retrouver dans un fichier avec des délinquants et des criminels. En 98, au départ, ce fichier est créé pour les délinqunts sexuels puis étendu par Nicola Sarkozy en 2003 pour toutes les personnes gardées à vue et reconnues coupables. Ce qui est mon cas. Mais sont exclues celles qui sont coupables d'abus de confiance ou de biens sociaux, de favoritisme, de corruption ou trafic d'influence, bref on le comprend, tous les délinquants en col blanc...
Si vous êtes dans ce fichier, c'est pour 40 ans. Pendant 40 ans, vous êtes un suspect permanent. Dans mon ADN, il y a des caractéristiques personnelles, sur le groupe ethnique ou encore des informations sur ma santé ou des maladies génétiques. Je pense à mes enfants, mes petis-enfants. On est tous concerné. Je fais le parallèle avec la seconde Guerre Mondiale : dans l'histoire, on a vu des fichiers utilisés à mauvais escient."