Dans le Doubs, les boulangeries sont obligées de fermer un jour par semaine. C'est inscrit dans la loi. Alors que certaines enseignes ouvrent 7 jours sur 7, des artisans dénoncent une "concurrence déloyale".
A Audincourt, dans le Doubs, plus de 1000 baguettes et 400 pâtisseries sortent chaque jour du fournil d’Hervé Comte. Autant dire que les 25 salariés de ses boulangeries ne chôment pas. Le repos hebdomadaire, le dimanche, paraît alors nécessaire. Le patron le justifie à notre journaliste Philippe Arbez : "C’est pour le bien-être des employés."
Et c’est aussi inscrit dans la loi. Depuis l’arrêté préfectoral de 1997, les boulangeries du Doubs sont obligées de fermer un jour par semaine. Cette règle n’est pas observée par toutes et tous. Au grand dam d’Hervé Comte : "Je demande à ce que l’on respecte le jour hebdomadaire des boulangeries. Il y a des enseignes qui le respectent, des grandes surfaces qui le respectent. Et d’autres qui ne le respectent pas. Cela devient problématique parce que c’est une concurrence déloyale."
"La main d'œuvre coûte cher"
A cela s’ajoute aussi une différence dans la manière de travailler. "Il y a des boutiques qui ne fabriquent pas. Ouvrir des cartons, c’est facile. Et à ce moment-là, on peut se permettre d’ouvrir 7/7, martèle le boulanger. Et il y a des boutiques comme nous qui fabriquent tout, et les humains fatiguent donc il faut les laisser se reposer."
Si la règle était abrogée, comme c’est le cas dans 42 départements en France, changerait-il d’opinion ? Pour Hervé Comte, la réponse est non : "Je ne pourrais jamais embaucher plus parce que la main d’œuvre coûte cher, et je tiens absolument de faire de l’artisanat. Si je ne peux pas faire d’artisanat, j’arrête ce boulot".
"C’est tout bénéf’ pour nous"
Cependant, certaines enseignes ouvrent tous les jours comme le magasin de la chaîne Ange. Et ce n’est pas un problème pour les salariés, d’après Nicolas, le responsable d’équipe : "On fait des rotations avec nos équipes, pour qu’ils aient chacun deux jours de repos. Cela permet aux équipes d’avoir deux jours de repos au lieu d’un. C’est tout bénéf’ pour nous. Et les heures du dimanche sont payées. Tout le monde est content"
Et la boutique ne désemplit pas. Nicolas le justifie : "Cela permet d’avoir du monde tout le temps pour servir les clients, les accueillir." La boutique d’Audincourt n’envisage pas de respecter cet arrêté : "Fermer une journée ? Il faut voir l’impact que cela a sur notre chiffre d’affaires, et sur les emplois qu’on offre aux gens. Pour la loi, c’est encore un autre débat. C’est encore en négociations."