Un jeune de 17 ans et demi, sans antécédents judiciaires, a été interpellé à Montbéliard après des tirs de mortier ciblant un fourgon de la CRS. Il sera déféré ce samedi au parquet, et le procureur applique sa politique "tolérance zéro pour les auteurs de violences sur les forces de l’ordre".
Dans la nuit du 31 octobre, alors que les enfants étaient partis à la chasse aux bonbons, des CRS ont été pris à partie par des tirs de mortiers d’artifice. Déployés sur réquisition du procureur de Montbéliard afin d’assurer une surveillance du secteur, la soirée est plutôt calme. Quelques feux de poubelle à Valentigney, mais rien à signaler dans le quartier de la Petite Hollande. Ces événements, toutefois, sont restés limités en intensité jusqu’aux environs de 23 heures, heure à laquelle la tension a brusquement augmenté.
Interpellation d’un suspect après une course-poursuite
Vers 23 heures, dans le secteur de la rue Ravel, au sein du quartier de la Petite Hollande, des individus, mis à couvert dans une zone boisée, le visage dissimulé sous une capuche et un masque chirurgical, ont d'abord tiré des mortiers d’artifice en l'air. Les forces de l’ordre ont alors entrepris de localiser l’origine des tirs. Lorsque l’un des fourgons de la CRS s'est stationné sur les lieux et que des agents sont descendus du véhicule, plusieurs mortiers ont été dirigés directement vers eux. Le fourgon a été pris pour cible, subissant l'impact de l’un des tirs, qui a légèrement endommagé un siège, sans faire de blessés.
Alors que les forces de l’ordre essuient ces tirs de mortiers, l'un des tireurs présumés, identifié par les CRS, a tenté de prendre la fuite lorsque les agents se sont approchés. S’ensuit "une course-poursuite de plusieurs dizaines de mètres" avec six agents de la CRS à ses trousses. Le suspect, un jeune homme portant des habits sombres et un masque chirurgical, a fini par s’essouffler, ce qui a permis aux forces de l’ordre de le maîtriser et de l'interpeller. Durant son interpellation, il tente de se soustraire et chute. Dans sa chute, sa tête heurte le sol.
Lors de l’interpellation, "une vingtaine d’individus hostiles ont tenté de venir en aide au suspect" en s’approchant des CRS, obligeant ces derniers à utiliser des grenades de dispersion "pour sécuriser la zone et charger l’individu interpelé en sécurité".
Un mineur de 17 ans sans antécédents judiciaires
Le jeune homme, âgé de 17 ans et demi, est originaire de Montbéliard et n’a aucun antécédent judiciaire. Placé en garde à vue, il affirme ne pas être impliqué dans les violences urbaines, déclarant qu’il se trouvait simplement "au mauvais endroit, au mauvais moment". Selon ses dires, il se serait trouvé dans le quartier pour rejoindre un membre de sa famille après une soirée entre amis, et aurait croisé un groupe qui lui aurait dit de courir, de mettre un masque chirurgical (qu’il avait dans sa poche) et dans cette course, on lui aurait lancé un mortier usagé, “tel un passage de relai sur un 100 m”, ironise le procureur de Montbéliard.
Une version mise en doute par le procureur de la République, la qualifiant de peu crédible, notamment en raison de l’identification visuelle faite par les CRS, et du fait que la scène observée sur les vidéos ne corrobore pas les déclarations du jeune homme.
De plus, le jeune interpellé a affirmé "avoir été malmené par les CRS lors de son arrestation". Cependant, le médecin qui l’a examiné n’a relevé aucune blessure autre qu’une dent légèrement abîmée lors de sa chute.
Une poursuite judiciaire engagée
Après une prolongation de rétention, le jeune homme sera déféré ce samedi au parquet de Montbéliard où lui seront notifiées, devant le juge des enfants, des poursuites pour violence avec arme sur personne dépositaire de l’autorité publique, participation à un attroupement armé en dissimulant son visage et dégradation de bien d’utilité publique.
Comme le suspect ne présente aucun antécédents judiciaires, le procureur de Montbéliard, Paul-Edouard Lallois, a requis un contrôle judiciaire strict avec des mesures renforcées "pour éviter tout risque de récidive". Le jeune sera jugé en janvier 2025 par le tribunal pour enfants. “J’applique ma politique pénale de tolérance zéro pour les auteurs de violences sur les forces de l’ordre. Ce n’était pas une nuit d’émeutes, mais dès que les forces de l'ordre sont visées, c’était tolérance zéro”, soutient fermement Paul-Edouard Lallois.