La loi sur la réforme des retraites promulguée le 14 avril par le président de la République continue à mobiliser les syndicats. Dans le Doubs, une intersyndicale de retraités propose au député de la majorité présidentielle de vivre “une nouvelle expérience professionnelle”.
Dans un courrier transmis le 3 mai au député de la 3e circonscription du Doubs, l’intersyndicale-retraite CFDT-CFE/CGC-CFTC-CGT-FO-FSU-Solidaires-UNSA du Pays de Montbéliard écrit :
Le 8 juin prochain, à l’Assemblée Nationale, vous aurez à vous prononcer sur le recul de la retraite à 64 ans. (Le 8 juin, une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites sera débattue dans le cadre de la niche parlementaire du groupe Liot, NDLR)
Afin que vous puissiez vous prononcer en toute connaissance de cause, et mesurer les conséquences de votre vote, nous vous proposons de venir passer le mois qui vient sur un poste de la chaîne de montage de l’usine PSA-Stellantis de Sochaux.
Un poste, qui vous permettra de vous lever une semaine sur deux à 4 heures du matin, et la semaine suivante de rentrer chez vous à 22 heures.
Un poste qui vous donnera l’occasion de réaliser des opérations de montage sur des voitures qui défilent à raison d’une toutes les 60 secondes, et où vous bénéficierez d’un temps de casse-croûte de 20 minutes.
Bien entendu, vous devrez rester disponible les samedis au cas où les impératifs du flux tendu nécessitent 6 jours de production dans la semaine. Autant de conditions de travail qui ne sont pas considérées comme pénibles, en application des lois que vous avez votées.
À l’issue de ce stage, vous pourrez indiquer si vous souhaitez le prolonger de deux ans et si vous pensez être en mesure de poursuivre jusqu’à 64 ans.
Un poste d’ouvrier en doublure à la chaîne ne rentre pas dans les critères de pénibilités.
Bruno Lemerle, CGT reste convaincu que la réforme portera un coup dur aux ouvriers ces prochaines années. “Ceux qui travaillent en doublure, qui font une semaine en se levant à 4 heures du matin, l’autre en rentrant le soir à 22 heures ne sont pas considérés aujourd'hui par les critères de pénibilité” dit-il. Le courrier, certes provocateur, pourrait bien être suivi d’autres propositions d’expérience professionnelle proposées au député du Doubs n’était pas opposé à la réforme passant l’âge de départ à 64 ans au lieu de 62 ans, et ce, progressivement jusqu’à 2030.
“Travailler un mois à la chaîne, je l’ai déjà fait !”
Contacté par téléphone par France 3 Franche-Comté, Nicolas Pacquot, 44 ans, se dit “amusé” par ce courrier. Et répond à l’intersyndicale par voie de presse : "J’ai travaillé chez Stellantis, le mois d’intégration à la chaîne, je l’ai fait en 2001. J’étais au ferrage, un des postes les plus difficiles”. L’élu du Doubs rappelle que ses parents étaient tous les deux ouvriers chez Peugeot. “Quand je suis sorti de l’école, à 22 ans et demi, j’avais déjà 9 trimestres cotisés, j’ai travaillé souvent de nuit en usine” se souvient-il. “Je connais les conditions de travail aujourd’hui chez Stellantis Sochaux, elles ne sont pas celles d’il y a 40 ans” lance-t-il.
“Tout s’est focalisé sur ce chiffre de la retraite à 64 ans, on oublie les avancées”
Pour l’élu, la réforme de retraites était nécessaire, et elle va permettre à certains de partir plutôt qu’ils ne l’auraient dû avant l’adoption de la réforme.”Il y a une méconnaissance des avancées, de ceux qui vont pouvoir partir dès 58 ans, ou 62 ans” ajoute Nicolas Pacquot. Il précise qu’un fonds de pénibilité est prévu pour prendre en compte l'usure professionnelle liée aux conditions d'exercice de certains métiers. “40% des actifs ne partiront pas à la retraite à 64 ans !” conclut-il.