Ce lundi 26 décembre, un mouvement de grève débute chez les médecins libéraux. Ils sont appelés à cesser le travail, jusqu'au 2 janvier prochain. Un appel lancé par le collectif Médecins pour demain, bien suivi par exemple à Besançon, dans le Doubs.
Les médecins libéraux en ont marre. Le collectif Médecins pour demain appelle les médecins à la grève, dès ce lundi 26 décembre et jusqu'au 2 janvier prochain. Ce mouvement fait suite aux deux journées d'action, début décembre.
"À la suite de cela, nous avons été reçus par le ministre de la Santé, François Braun. Nous avons pu participer aux négociations avec la Sécurité Sociale, mais nous n'avons eu à ce jour aucune proposition du gouvernement", se désole Pierre-Louis Hélias, représentant régional de ce collectif.
Les professionnels de santé en colère se mobilisent de nouveau. Plusieurs cabinets médicaux seront fermés, durant ce préavis de grève. Ces médecins demandent notamment une revalorisation du tarif de leurs consultations. À Besançon, la protestation monte et le mouvement est bien suivi.
Les médecins libéraux désenchantés
"Pour le 27 décembre, il y a seulement 22 créneaux, sur les 166 praticiens disponibles pour le grand Besançon", explique Pierre-Louis Hélias. Pour ce représentant du collectif Médecins pour demain, beaucoup de collègues ont décidé de suivre ce mouvement. Les conditions actuelles d'exercice de leur métier leur sont défavorables, d'après le porte-parole : "On attend une revalorisation des honoraires pour les médecins libéraux, généralistes et spécialistes. Cela permettra de pouvoir investir dans nos outils de travail."
Pierre-Louis Hélias estime qu'il y a une réelle urgence. "Actuellement, on voit que les jeunes médecins généralistes ne s'installent plus. C'est également le cas pour les jeunes pédiatres et les psychiatres, par exemple, puisque l'exercice libéral n'attire plus. 40% des jeunes médecins généralistes ne s'installeront jamais", s'alarme-t-il.
D'après lui, leur cœur de métier est surchargé par des tâches annexes : "Il s'agit de redonner de l'attractivité à ce métier. Cela veut dire se libérer par exemple du temps administratif. Il représente à peu près 25% de notre exercice quotidien. Autant de temps qui serait alloué pour voir des patients, mais cela passe par l'obtention d'un secrétariat et d'assistants médicaux. Cela favorise ainsi l'accès aux soins. Sans ces mesures, c'est la fin de médecine de proximité, telle qu'on la connaît".
Certains de ses collègues, dépités, ont été jusqu'à renoncer à leur travail : "Certains quittent le métier, et d'autres s'expatrient. Il en reste enfin qui partent vers un salariat, mais pas forcément un salariat qui permette de voir autant de patients qu'un médecin généraliste installé. Il faut voir l'exemple des centres de santé publique." Le risque qui pèse sur le secteur de la santé est important, selon le professionnel de santé : "Si on ne revalorise pas chaque médecin individuellement, le risque est que la santé soit donnée aux grands groupes financiers, comme on le voit pour les Ehpad."
50 euros la consultation, pris en charge pour les patients
Principale revendication du collectif : le passage du prix d'une consultation à 50 euros. Voir son médecin coûte actuellement 2 fois moins cher : 16,50 euros sont pris en charge par l'Assurance-maladie et 7,50 par les mutuelles. Cette revalorisation est justifiée, à en croire Médecins pour demain. "Ces 50 euros seraient encadrés par la convention. Les patients seraient pris en charge comme d'habitude, probablement aux deux tiers par l'assurance-maladie et au tiers restant par la mutuelle", rappelle Pierre-Louis Hélias.
"C'est à l'Etat de décider, mais cela rentrerait dans le cadre du remboursement. Cet argent ne sert pas à un enrichissement personnel. C'est vraiment pour avoir une capacité d'investissement, un chiffre d'affaires et pour employer par exemple comme nos confrères allemands, des employés administratifs ou des assistants médicaux. Tout cela pour améliorer notre exercice de façon qualitative", complète-t-il.
Ces médecins en grève réclament en outre l'application d'autres mesures, comme des sanctions appliquées par la Sécurité Sociale, pour les personnes qui ne se présentent pas aux rendez-vous pris chez leur médecin. Autre motif de colère : les grévistes refusent de subir des affectations forcées, telles que prévues dans un projet de loi du gouvernement. Les internes en médecine pourraient en effet être installés d'office dans les "déserts médicaux". S'ils n'obtiennent pas gain de cause, les médecins en grève projettent de répéter leur action.