Alors que la pénurie de semi-conducteurs se poursuit dans le secteur automobile, les syndicats du site Stellantis de Sochaux fustigent la décision de la direction de faire travailler les salariés le samedi et les jours fériés aux mois d’octobre et de novembre.
Les conséquences de la pénurie de semi-conducteurs dans le secteur de l’automobile se font toujours ressentir sur le site de Stellantis à Sochaux. Depuis plusieurs mois maintenant, l’incertitude règne dans les ateliers, où les 3 500 salariés du système 2 - celui de la production des Peugeot 5008 et 3008 - doivent compenser les jours non travaillés par une grande flexibilité.
"On ne sait même pas si on va travailler demain"
Ce mardi 28 septembre la direction a annoncé que tous les samedis des mois d’octobre et novembre seraient travaillés, et que certains jours fériés pourraient l’être aussi. Une aberration pour les syndicats : "Ce n’est pas acceptable, c’est incompréhensible" dénonce Eric Peultier, représentant Force Ouvrière sur le site de Sochaux, "Depuis des mois, les salariés doivent faire face à l’incertitude du calendrier. Ils ne savent même pas s’ils vont travailler le lendemain et là, on leur demande de bloquer leurs week-end alors que potentiellement, il n’y aura pas les pièces pour satisfaire les commandes. C’est un message difficile à entendre, et ça excite les foules".
Selon les syndicats, les salariés du système 2 auraient été prévenus mardi 28 septembre à 16h30 qu’ils devraient travailler ce mercredi 29 septembre. Presque une habitude, car depuis la crise du Covid-19 - et la pénurie de semi-conducteurs qui s’en est suivie - les lignes de production vivent quasiment au jour-le-jour. Au premier semestre 2021, 30 000 véhicules n’ont pas pu être produits à Sochaux. Un numéro vert a également été mis en place pour tenir les salariés informés de la situation, et des jours travaillés ou non.
"Les salariés n’ont pas été ménagés durant toute cette période" poursuit Eric Peultier, "Beaucoup de personnes travaillaient de nuit et doivent aujourd’hui travailler en doublage. Tout le monde a fait preuve de bonne volonté pour que le site puisse continuer à tourner durant cette période difficile. Mais il faut maintenant que la direction se pose la question de savoir comment nous allons pourvoir relancer l’activité". Avec l’arrêt définitif du système 1 - qui produisait jusqu'alors la deuxième version de la 308 - l’usine de Sochaux a dû rebattre ses cartes et repenser la gestion de ses effectifs. Aujourd’hui les 3 500 salariés travaillent sur les deux SUV, et des centaines d’intérimaires n’ont pas vu leur contrat renouvelé. Selon les syndicats, ils seraient 650.
La direction se défend et veut prévenir en amont
De son côté, la direction reconnaît "une situation de crise" mais se défend en précisant avoir prévenu, comme à son habitude, deux mois à l’avance que les samedis et jours fériés des mois d’octobre et novembre seraient potentiellement travaillés. Des jours de travail "au conditionnel" qui dépendront avant tout de l’approvisionnement des pièces pour répondre aux commandes, nombreuses en cette fin d’année pour la marque au Lion.
"On sait qu’il y a des commandes, et les salariés sont toujours prêts à satisfaire les clients. Mais quand on sait que les pièces ne seront peut-être pas arrivées à temps, difficile de demander aux gens de sacrifier leur vie de famille. Les salariés ne sont pas des petits robots qu’on peut arrêter et remettre en marche comme on veut" répond de son côté Eric Peultier.
Au total, la pénurie de semi-conducteurs a amputé les ventes du groupe Stellantis de 700 000 véhicules. En juillet dernier, le patron du groupe Stellantis Carlos Tavares avouait que selon lui, la crise actuelle allait se poursuivre en 2022 dans le secteur automobile. "Il n’y pas pas assez de signes d’amélioration en terme de production" expliquait-il. 2022 sera une année décisive pour le site de Sochaux qui doit lancer sa toute nouvelle ligne de production. La première voiture test doit y être fabriquée le 13 décembre 2021.