Après 44 jours de grève aux USA, lancée par le puissant syndicat United Auto Workers (UAW), les salariés américains de Stellantis ont obtenu gain de cause. Le groupe franco-italo-américain Stellantis se porte à merveille financièrement. À Sochaux, dans le Doubs, on espère des hausses de salaires conséquentes ces prochains mois.
Devant les portes de l’usine de Sochaux, c’est l’heure de la sortie. Certains salariés ont suivi avec attention la grève aux USA. “Faut qu’on fasse pareil, qu’on ait un bout du gâteau quand même, vu les bénéfices qu’ils font, ce serait bien qu’ils repartagent un petit peu” lance un salarié à notre journaliste Sarah Francesconi. “Ça discute un peu dans les ateliers. La pression monte un peu. Faut pas grand chose pour que ça démarre” estime l’homme. “Augmenter les salaires est une nécessité” ajoute un autre employé de Stellantis. D’autres semblent moins enthousiastes à l’idée de se lancer dans une grève forte et longue. “Moi, perso, je ne pourrai pas faire grève 45 jours, j’ai un prêt à rembourser !”.
45 jours de grève aux USA
Le 15 septembre, le puissant syndicat United Auto Workers (UAW) avait appelé à la grève pour revendiquer de meilleures conditions salariales. Le mouvement a mobilisé près de 45.000 employés de trois gros constructeurs (Ford, General Motors et Stellantis).
Stellantis a conclu samedi un accord qui prévoit une augmentation de 25% des salaires de base d'ici à 2028.
Le constructeur, qui détient les marques Peugeot, Citroën, Fiat, Opel, Dodge, Jeep, Lancia, Maserati, Alfa Romeo, Chrysler, a perdu près de 3 milliards d’euros du fait de cette grève au mois d’octobre. Il confirme néanmoins ses objectifs pour 2023 et prévoit toujours une marge opérationnelle ajustée à deux chiffres. Le chiffre d’affaires était en hausse de 7% au troisième trimestre, atteignant 45,1 milliards d'euros.
“Tout dépendra de l’unité syndicale qu’on aura”
À Sochaux, où est produite notamment la 3008, les syndicats ont scruté de près la grève américaine. Benoit Vernier, de la CFDT relativise néanmoins. +25%, cela parait beaucoup, mais rien n’est comparable. “On sait qu’ils ont eu un dernier accord global qui date de 2019. Ils n'ont pas eu de négociations globales sur les salaires comme on en a tous les ans. Il y a dans ces 25% de hausse, une part de rattrapage, et c’est aussi pour les quatre ans à venir. Donc la comparaison n’est pas forcément facile à faire. Sans compter que le niveau de protection sociale n’est pas le même aux États-Unis” confie le syndicaliste sochalien.
Pour 2023, la CFDT de Stellantis Sochaux compte bien demander une hausse des salaires à minima équivalente à l’inflation (L'inflation a bien ralenti. Elle est tombée à 4% sur un an en octobre, contre plus de 6% à son plus haut en février). La CFDT ne veut pas des primes comme en a l’habitude le groupe de Carlos Tavarès. “Des primes, ce n’est pas le modèle social français. Tout ce qui est rattaché à l’assurance maladie, l’assurance chômage dépend du salaire et pas des primes” ajoute Benoit Vernier.
Si aux États-Unis, il n’y a qu’un seul syndicat dans l'automobile, à Sochaux, cinq organisations syndicales défendent les 6.000 salariés de l’usine. “S’il y a une unité syndicale et un mécontentement, il y a un moyen de mettre une pression très forte à la direction”, estime-t-il.
Des hausses de salaires et primes supérieures à 2022 ?
Les salariés de Stellantis Sochaux ont vu leur paye augmenter déjà ces derniers mois. Fin 2022, les syndicats FO, CFTC et CFE-CGC de Stellantis avaient signé un accord avec la direction validant une augmentation des salaires de 5,3% pour 2023. En février 2023, Stellantis, a annoncé des résultats financiers records s’engageant à verser une prime de 3 713€ bruts à 5 345€ bruts, selon le niveau de salaire de chacun, aux salariés de PSA Automobiles SA, qui regroupe 90% des effectifs de Stellantis en France.