Le putois (Mustela putorius) a été désigné "Animal de l’année 2024" par Pro Natura, la plus ancienne organisation de protection de la nature en Suisse. L'espèce est menacée de l'autre côté de la frontière, mais aussi en France. Haies, fossés, zones humides, ses territoires de chasse sont aujourd'hui en grande partie détruits.
Malgré son museau blanc, l'animal est plutôt très discret, et rares sont les humains qui ont réussi à le croiser. Le putois (Mustela putorius) a été désigné "Animal de l’année 2024" en Suisse par l'association Pro Natura. C'est une tradition chaque année au mois de janvier de l'autre côté de la frontière. En 2023, c'était l'œdipode turquoise, un criquet au vol spectaculaire.
Ce qui rend le putois spécial, c’est le côté tapageur de son nom. Il le doit à une glande qui lui permet de faire sentir des odeurs extrêmement fortes pour attirer les femelles, repousser des prédateurs, ou marquer son territoire. Mais c'est un animal qui est extrêmement discret, qui vit la nuit qui fuit vraiment la présence humaine. Pour ce paradoxe, il est assez passionnant et très intéressant.
Léo Richard, chef de projet communication et campagnes chez Pro Natura.
Fondée en 1909, Pro Natura est la plus ancienne organisation de protection de la nature en Suisse. Elle compte près de 170 000 membres et est notamment à l'origine de la création du Parc national suisse. Elle gère aujourd'hui environ 800 réserves naturelles et une douzaine de centres nature dans toute la Confédération. Autant dire que sa voix porte. Et ce proche cousin de la fouine en a bien besoin aujourd'hui.
Espèce classée vulnérable en Suisse
Le putois n'est pas un animal menacé au niveau européen mais il est encore classé comme vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées en Suisse. C'est dû principalement à la grande diminution des zones humides, donc l’endroit où il peut se nourrir de batraciens.
Michel Blant, biologiste chez Faune Concept.
À l'image de nombreux animaux sauvages, en effet, le putois "évite les espaces ouverts et il dépend de la présence de haies, de plantes vivaces, de ruisseaux et d’autres microstructures pour se déplacer", confirme Pro Natura.
Très nombreuses au siècle dernier, ces artères naturelles ont malheureusement disparu en grande partie des paysages helvètes, car elles rendent difficile l’utilisation de machines agricoles des grandes surfaces. "Voilà plusieurs décennies que les haies et les buissons sont éliminés, les ruisseaux mis sous terre et les étangs comblés, regrette l'association. De ce fait, l’habitat du putois et de ses proies s’est réduit comme peau de chagrin."
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"Choisir un animal de l’année, c’est aussi mettre en avant en milieu naturel, ajoute Léo Richard. En l’occurrence, en ce qui concerne le putois, on pense au paysage agricole à l’ancienne avec des portions boisées et puis aussi des milieux humides et des cours d’eau de qualité qui sont des milieux qui sont absolument précieux et qui disparaissent de plus en plus."
Avec le putois, Pro Natura souhaite ainsi relancer son programme pour la création d'une infrastructure écologique dans toute la Suisse, "pour que le putois et, avec lui, d’innombrables autres animaux sauvages puissent à nouveau parcourir notre paysage sans danger".
Le putois en France
En 2016, le déclin de l'espèce en France a été confirmé par l'Office français de la biodiversité sur la base de différentes études. Depuis 2017, l'UICN le classe comme "espèce quasi menacée" En 2019, la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM) s'est alarmée de la diminution de la population de putois en France, au point d'en faire une espèce menacée. Pourtant, l'animal reste encore inscrit en France sur la liste d'espèces susceptibles d'être classés nuisibles par arrêté ministériel en date du . Plusieurs associations demandent donc son inscription en espèce protégée.
