En Suisse, l'artiste Judith Zagury repense totalement la relation de l'homme à l'animal dans le monde du spectacle, a contre courant des acrobaties circassiennes. Dans son théâtre, le poulailler est bien au premier rang. Un spectacle est prévu en novembre au théâtre de Besançon (Doubs).

Judith Zagury ne murmure pas à l’oreille des chevaux, elles les écoutent, les caressent, les observent et surtout elle vit parmi avec eux. C’est dans le parc naturel du Jura vaudois, entre Genève et Lausanne, que cette artiste s’est installée avec sa famille pour créer un espace théâtral inédit  : "Shanju lab". Le lieu situé en pleine nature se révèle spacieux pour les humains comme pour les bêtes. On pourrait le décrire comme un centre équestre, mais il accueille aussi des chèvres, des poules et même des cochons. C'est au coeur de cette communauté humaine et animale que Judith Zagury trouve son inspiration. A l'heure où l'utilisation des animaux dans le monde du spectacle est tant décriée, elle veut replacer la sensibilité, la réceptivité de l'animal au centre de sa démarche. Chevaux ou chèvres peuvent donc évoluer librement sur scène dans un théâtre d'improvisation ou bien alors réaliser ce que les comédiens souhaitent à condition que tout ait du sens pour eux. C'est pour cela que Judith réfute la notion de dressage. 

C'est essentiel de partager leur univers. Notre idée est de travailler la cohabitation avec ces animaux mais aussi la coexistence sur une scène de théâtre.

Judith Zagury

Avec sa compagnie de théâtre Shanju, elle crée donc des spectacles mais elle collabore aussi avec d'autres artistes tout en donnant des cours et des stages aux enfants dans le cadre de son école atelier. Son idée est de repenser totalement la relation de l'homme et de l'animal sur une scène. Avec elle pas de contraintes ni de dressage, juste de la récompense. Cette intimité développée au fil d'un patient apprentissage avec les différentes bêtes qui vivent" autour d'elle permet des créations artistiques surprenantes comme la pièce "hate".

Pour jouer la pièce "hate" à Besançon, nous allons dormir plusieurs jours avec nos chevaux dans les ateliers du théâtre.

Judith Zagury

Un spectacle équestre où le cheval décide ?

Conçue par la comédienne et metteuse en scène franco-suisse Laetitia Dosch, "Hate" est présentée comme une tentative de duo avec un cheval. Cette oeuvre de 2018 sera jouée à Besançon le 14 novembre au théâtre Ledoux- les deux scènes. Judith sera là au premier rang face à son cheval qui ne va pas quitter la scène pendant plus d'une heure et qui va interagir avec la comédienne. Et pour que le cheval s'imprègne du lieu, elle va vivre et dormir avec ses chevaux dans les ateliers du Théâtre Ledoux plusieurs jours avant le spectacle. Il y a toujours deux chevaux qui font le voyage pour le bien être de celui qui sera sur scène.

On travaille sur la confiance, sur le non spectaculaire

Judith Zagury

► Reportage Laurent Ducrozet, David Martin, Margaux Martin avec Judith Zagury Artiste et fondatrice de "ShanjuLab" -  Nina Cennini Compagnie Shanju - Un extrait de la pièce "Hate" de Laetitia Dosch au Théâtre Ledoux de Besançon le 14 et le 15 novembre 2021.

Cette démarche radicale  et expérimentale relève plus du théâtre contemporain que celui que des arts traditionnels du cirque mais elle est totalement assumée. Judith Zagury n'impose pourtant aucun dogme, aucune certitude. Avec elle, on récompense aussi les  animaux avec des aliments. Mais cette quête permanente d'un nouveau langage semble l'épanouir et c'est bien cette sensation qui atteint le visiteur lorsqu'il découvre la petite communauté humaine et animale qui vit à Gimel.

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