Jeudi 10 mars, le groupe automobile Stellantis a annoncé la suspension des exportations et des importations de Russie. Même chose pour le constructeur ferroviaire Alstom. La décision a des conséquences différentes pour les deux entreprises à Sochaux et à Belfort, en Franche-Comté.
Il ne faut plus s’attendre à voir beaucoup de Peugeot 3008 ou 5008 du côté de Moscou ! Le groupe Stellantis, propriétaire de Citroën, Fiat ou Peugeot, a annoncé la suspension de tous les échanges avec la Russie, jeudi 10 mars. Quelques jours auparavant, le constructeur ferroviaire Alstom avait fait de même. Ce sont des conséquences directes des sanctions internationales adoptées notamment par l’Union Européenne, à la suite de la guerre en Ukraine. La décision a des conséquences variables sur le fonctionnement des sites de ces deux entreprises, à Sochaux (Doubs) comme à Belfort (Territoire-de-Belfort).
La Russie, un marché marginal pour Sochaux
« Pour nous qui produisons les Peugeot 3008 et 5008, suspendre les exportations et importations avec la Russie n’a pas de conséquences. Il n’y a que peu de voitures de ce type sur ce marché. Nous en envoyons tout au plus 10 ou 20 par mois là-bas, comparé aux 300.000 unités que nous fabriquons ici chaque année, pour l’ensemble des marchés », explique Eric Peultier, délégué Force Ouvrière sur le site Stellantis de Sochaux.
Les exportations vers la Russie n'étaient que peu importantes pour le représentant syndical : « en 2018, nous produisions en moyenne 200 voitures 3008 ou 5008 par mois à destination de la Russie. Ce qui représentait environ 10 voitures par jour, soit 10 minutes de production par semaine ». La préoccupation porte en revanche sur la crise des "semi-conducteurs". Ces pièces importantes pour les tableaux de bord des véhicules manquent encore aujourd’hui. « Nous suivons plutôt l’évolution de cette crise, car elles amènent à annuler certaines journées de travail », appuie Eric Peultier.
C’est sur ce point aussi que la CGT du site Stellantis de Sochaux insiste. « On nous l’a encore rappelé hier [NDLR : jeudi 10 mars], ce sont les semi-conducteurs qui peuvent bloquer la production des véhicules. Pour ce qui est de la suspension des exportations et importations avec la Russie, nous ne sommes pas encore au courant », indique Jérôme Boussard.
Dans le contexte actuel, le groupe n’occupe que 1,5% de parts de marché en Russie.
Pour Alstom, des conséquences incertaines
Côté Alstom, les perspectives sont un peu moins claires. Les salariés du site de Belfort (Territoire-de-Belfort) attendent beaucoup d’un contrat portant sur la fourniture d’au moins 130 locomotives doubles pour les chemins de fer de l’Ukraine. Il doit permettre la pérennité du site de Belfort, au moins jusqu'en 2029. Un protocole d’accord entre la société ukrainienne et Alstom en vue de la signature de ce contrat de 880 millions d’euros avait été signé le 8 février dernier, en présence du président de la République.
Problème : le déclenchement du conflit entre l’Ukraine et la Russie fait peser un risque sur cet engagement. « Il y a de l’inquiétude forcément » nous expliquait le 24 février, André Fages, délégué syndical CFE-CGC sur le site Alstom de Belfort. Même chose pour son homologue de la CGT, Eddy Cardot : « si la guerre se poursuit, si le gouvernement ukrainien venait à être renversé, je vois mal comment ce contrat à plusieurs centaines de millions d’euros pourrait être finalisé ».
Les prochains jours doivent être décisifs, selon le leader syndical : « le 17 mars prochain, la direction générale doit déterminer quel scénario retenir. Si la situation s'améliore sur le front de la guerre, nous travaillerons jusqu'à l'été. Autrement, nous nous arrêterons le 31 mars prochain ». En dehors de ce contrat, le site produit les RGV (des TGV à deux niveaux pour certains déjà en circulation) et les TGV-M bientôt mis en service.
Sur l’année 2020-2021, le chiffre d’affaires d’Alstom atteignait 14 milliards d’euros. Le marché russe ne représentait que moins de 0,5% de ce résultat.