Mardi 10 septembre 2024, FSU-Snuipp, CGT éducation et Sud éducation ont appelé à la grève dans les écoles maternelles et élémentaires. En voici les principales raisons.
"On est là pour continuer à se battre contre ce qui nous semble injuste", livre Muriel Stievenard, co-secrétaire de la FSU-SNUipp 70. Une grève nationale des enseignants du premier degré est programmée mardi 10 septembre 2024. Deux raisons principales : s'opposer contre la généralisation des évaluations nationales à tous les niveaux et le manque d'effectifs, à l'appel des trois syndicats enseignants, FSU-Snuipp, CGT éducation et Sud éducation.
Évaluations : cela "dénature le métier d'enseignant"
Pour Muriel Stievenard, cette mesure "dénature le métier d'enseignant et ne permet pas de répondre aux difficultés réelles des élèves". Ces évaluations ont été mises en place pour le CP et le CE1 à la rentrée 2018 et se sont étendues avec CM1 l'année dernière. Pour la rentrée 2024, elles se généralisent à toutes les classes de l'école élémentaire, du CP au CM2.
En imposant ses méthodes, le ministère tente de réduire la liberté pédagogique.
Muriel Stievenard, co-secrétaire de la FSU-SNUipp 70
Ces évaluations sont anonymisées et visent à situer l'élève au regard d'une tranche d'âge et d'une population à l'échelle nationale explique le ministère. Elles ne sont pas prises en compte pour le bilan périodique ou le bilan de fin de cycle. L'objectif est de repérer les faiblesses et prévenir les difficultés d'apprentissage en français et mathématiques. Ces évaluations concernent aussi les élèves de toutes les classes de collège, de seconde et de première année de CAP.
Toujours un manque de moyens
Cette grève du 10 septembre proteste aussi contre le manque de personnels et réclame une augmentation des salaires. "On est la catégorie A de la fonction publique la moins bien payée et on est parmi les enseignants de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] les moins bien payés", souligne Muriel Stievenard.
Les enseignants du premier degré sont tenus d'assurer 24 heures par semaine face aux élèves sur l'ensemble de l'année scolaire. À cela s'ajoutent 108 heures annuelles (soit trois par semaine en moyenne) pour accomplir d'autres missions comme les réunions avec les parents, celles avec l'ensemble du personnel enseignant ou encore les formations. "On s'aperçoit qu'on dépasse largement ce quota, donc on travaille bénévolement".
La syndicaliste regrette aussi le manque de moyens pour l'inclusion scolaire : "Cela passerait pas la réduction des effectifs en classe, plus de places dans les structures spécialisées et dans les classes Ulysse".
La lutte contre la précarité du statut des AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) est également au centre des revendications. "Un AESH touche moins de 1000 euros par mois alors qu'il est essentiel dans les écoles. Sans eux, l'inclusion ne fonctionnerait pas", précise-t-elle.
Quelle politique éducative du nouveau gouvernement Barnier ?
À toutes ces raisons, s'ajoute la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre. "Ça n'augure pas de changement, sinon une politique éducative qui va aller dans la continuité de Macron, c'est-à-dire vers la destruction de l'école publique", regrette la syndicaliste.
Pour l'heure, les syndicats espèrent une réaction du gouvernement suite à cette grève : "On a une ministre, Nicole Belloubet, toujours démissionnaire. On attend quelqu'un qui soit là pour nous répondre".
Les organisations appellent au rassemblement devant le Dsden (direction des services départementaux de l'Éducation nationale) du Doubs à Besançon mardi 10 septembre à 10h30. Il s'agit de boycotter la généralisation des évaluations des classes du CP au CM2. "On appelle les enseignants à ramener les livrets d'évaluation nationale là-bas" lance Muriel Stievenard.