Le 31 octobre, en début de soirée, la Coordination rurale de Haute-Saône a mené une action surprise devant l'Office Français de la biodiversité (OFB), à Noidans-lès-Vesoul. Les agriculteurs demandent notamment le désarmement des agents de l'OFB et une souplesse dans les contrôles.
Pas de déguisement pour les représentants de la Coordination rurale de la Haute-Saône. En début de soirée, le 31 octobre, munis de pierres et de barbelés, ils ont barricadé l'entrée de l'Office Français de la biodiversité (OFB), à Noidans-lès-Vesoul. Objectif, leur faire comprendre le ras-le-bol général face à "des contrôles en permanence : sur les haies qu'on ne peut pas couper, les cours d'eau, les espèces protégées...", énonce Florian Dirand, le président. Il illustre ses propos avec un exemple concret : "il y avait une haie de roseaux que l'on a demandé à broyer. On a eu l'accord de la DDT (Direction départementale des territoires) et une fois coupée, l'OFB est venu et nous a mis directement une amende".
Souplesse et désarmement des agents
Pour leur montrer à quel point leur travail peut être compliqué, ils ont installé une clôture remplie de haie, devant l'établissement. "On va leur faire une clôture comme ils aiment bien, eux, avec tout ce qu'ils nous interdisent de détruire. Qu'ils voient qu'une clôture, c'est vachement dur à entretenir quand il y a une haie dedans."
Il souligne également que les agents de l'office viennent sur les exploitations en étant armés et "vu la crise agricole actuelle, je ne pense pas que ce soit le bon moment de venir armés sur une exploitation. On n'est pas des bandits ni des voleurs".
Tout commence l'année dernière, quand la crise et le ras-le-bol général du monde agricole, avec des manifestations. À travers tous ces gestes, les agriculteurs espèrent qu'ils "changent leurs règles et aient plus de souplesse", en laissant tomber leurs armes avant leur entrée sur les exploitations agricoles. Florian Dirand dénonce les règles que l'OFB peut leur imposer. "C'est en inadéquation totale avec le monde agricole actuel. On ne peut pas respecter tout ce qu'ils nous demandent à la lettre. Ce n'est pas possible. On est pour la biodiversité, pour le fait qu'il y ait un cadre et des règles à respecter, mais dans certaines conditions."
On veut vivre et faire notre métier comme on l'entend, tout est respectant des règles, mais qui sont en adéquation avec le monde agricole.
Florian Dirand, président de la Coordination rurale de Haute-Saône
De son côté, la direction de l'OFB déclare "apporter son soutien à ses agents et condamne fermement ces dégradations et menaces qui visent directement l'OFB et ses missions". Elle ajoute que les signalements nécessaires sont en train d'être effectués au procureur de la République.
Après les paroles, les actes
Quelques heures avant le début de l'action des représentants de la Coordination Rurale, Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, a annoncé un "contrôle administratif unique" dans les exploitations. Il s'agit d'une des grandes revendications lors du mouvement des agriculteurs qui avait mis sens dessus dessous le pays l'hiver dernier. L'objectif ? "Limiter la pression du contrôle" en limitant les visites à une "par an et par exploitation". Florian Dirand reste dubitatif. "Est-ce un effet d'annonce ou une annonce concrète ? À voir", déclare-t-il, évoquant sa déception face au manque de considération, suite aux manifestations de l'an passé. "On a mis de côté notre travail, pris des risques inconsidérables, et aujourd'hui, on n'a rien. Les paroles, c'est bien, maintenant, on veut les actes."