Jeudi 21 mars 2024, le syndicat Coordination rurale de Haute-Saône a enrubanné les bureaux départementaux de l'Office français de la biodiversité, à Noidans-lès-Vesoul. Une action surprise pour "montrer que la colère est toujours là", dénoncée comme "totalement improductive" par l'OFB.
Une action en soirée, surprise, et non déclarée. Jeudi 21 mars 2024, aux alentours de 20h, une vingtaine d'agriculteurs de Haute-Saône, membres du syndicat Coordination Rurale (CR), se sont rassemblés devant les grilles des bureaux départementaux de l'Office français de la biodiversité (OFB), à Noidans-lès-Vesoul.
Les exploitants agricoles ont alors enrubanné les grilles du bâtiment et des voitures de l'OFB. Un enrubannage jaune (la couleur de leur syndicat) sur lequel était inscrit à la bombe noire un message sans équivoque : "agris pas bandits".
"On veut rappeler à tous qu'on n'est pas des délinquants" explique Marc Saumont, président de la CR 70. "Et on a l'impression que l'OFB nous traite comme cela avec leurs contrôles sans aucune pédagogie, qui nous collent directement des amendes, sans même un rappel".
Le but de ces actions, c'est de montrer qu'on est toujours là, en colère. On ne défend pas le monde agricole en ne faisant que des réunions avec le préfet.
Marc Saumont,président de la CR 70
"On a aussi déplacé quelques pierres devant l'entrée" reprend l'agriculteur. "Mais je tiens à préciser qu'on n'a rien dégradé. L'idée, c'est de rentrer dans un dialogue avec l'OFB, qu'on fasse des journées où on échange sur leurs pratiques".
"Les agriculteurs ne veulent pas discuter, mais faire ce qu'ils veulent"
"C'est la moins bonne façon d'y parvenir" dénonce Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du Syndicat national de l'environnement (SNE-FSU) à l'OFB. "Cibler un lieu de travail de cette façon, cela crée un gros choc chez les agents. C'est typique : ceux qui font ça ne veulent pas dialoguer, juste faire ce qu'ils veulent".
On condamne totalement ce genre d'actions hypocrites. À un moment, il faut arrêter de dire n'importe quoi. Sur les contrôles, déjà minimes, il y a très peu d'amendes systématiques.
Véronique Caraco-Giordano,secrétaire générale du Syndicat national de l'environnement (SNE-FSU) à l'OFB
Cette action vient remettre sur le devant de la scène les tensions qui émaillent toujours le monde agricole, quelques semaines après la fin officielle du mouvement de colère des agriculteurs, dont l'OFB était une des cibles.
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Selon nos informations, le Premier ministre Gabriel Attal aurait commandé à l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable une "mission flash" censée "mettre à plat tous les contrôles agricoles et faire l'inventaire des peines et sanctions existantes". Les syndicats de l'OFB craignent avec cela une "régression" de leur cadre de travail.