Pour la première remise des prix des Trèfles d’Or, l’agriculteur de Haute-Saône Laurent Dodane a été lauréat de sa catégorie. Au SIA 2023, ce trophée met à l’honneur les agriculteurs qui contribuent à réduire la dépendance de la France dans ses importations de protéines.
L’annonce est presque passée inaperçue pour les visiteurs du salon de l’agriculture. Les curieux, intéressés par les évolutions dans l’agriculture, sont happés par les nombreuses animations du hall 4. Et pourtant, sur le petit stand collectif de l’Acta, l’association qui regroupe des instituts techniques agricoles tournées vers la recherche, la fine fleur de l’agriculture française vient d’être mise à l’honneur ce jeudi 2 mars. Cap Protéines Elevage regroupe toutes ces initiatives pour développer la production de légumineuses, riche en protéines, en France.
L’autonomie avant toute chose
Point commun des 12 lauréats choisis parmi 350 exploitations présélectionnées en France, ils misent sur l’autonomie de leur exploitation. Pour ne pas dépendre de leurs achats de protéines, comme les tourteaux de soja, ces agriculteurs ont réfléchi et trouver des solutions pour nourrir leur troupeau avec leur propre production de légumineuses.
Sur son exploitation de Marloz, près de Rioz en Haute-Saône, Laurent Dodane, est producteur de lait bio valorisé en Emmental à Aboncourt. Il a 30 vaches laitières et cela lui suffit pour être bien rémunéré de son travail et avoir du temps pour lui. Respectueux de son environnement, son exploitation incarne les trois piliers du développement durable : économique, social et environnemental.
Je cherche à avoir de la cohérence sur mon exploitation. Mon objectif est avant tout d’être autonome en tout
Laurent Dodane, Lauréat des Trèfles d’Or
Laurent Dodane est venu recevoir son prix avec sa conseillère de la chambre d’agriculture de la Haute-Saône. Marie-Christine Pioche connaissait déjà les performances de l’exploitation de Laurent Dodane, c’est elle qui les a transmises aux deux organismes chargés de ces trophées.
Laurent Dodane a mis en place une stratégie visant à capter le maximum de la valeur ajoutée dégagée sur son exploitation
Marie-Christine Pioche, conseillère chambre d’agriculture de la Haute-Saône
Concrètement, pour parvenir a cette autonomie protéique, Laurent Dodane a développé des prairies multi-espèces. Une prairie temporaire qui associe au moins trois espèces de graminées et de légumineuses. De la plantation à l’alimentation des vaches, chaque étape a été minutieusement étudiée par Laurent Dodane. C’est ce qu’il nous avait raconté, toujours avec beaucoup de simplicité et d’humilité lorsque nous l’avions rencontré sur son exploitation en 2020. Laurent Dodane avait été lauréat des prix départemental et régional des exploitations bio les plus rentables lors du salon Bio&Tech.
Ces trophées des Trèfles d’Or sont les premiers du genre. Ils sont organisés par l’Institut de l’Elevage et Terres Inovia dans le cadre du Plan Protéines lancé par le ministère de l’Agriculture en 2020.
“Regagner en souveraineté alimentaire”
Ce “plan protéines végétales” a été lancé par le ministère pour réduire “la dépendance de la France aux importations de protéines végétales des pays tiers, permettre aux éleveurs d’améliorer leur autonomie pour l’alimentation de leurs animaux, et à encourager les Français à augmenter leur consommation de protéines végétales, pour répondre aux nouvelles recommandations nutritionnelles”.
Ce plan qui a été financé par un montant initial de 100 millions d’euros doit se poursuivre dans les années à venir. Cette somme a été distribué en un délai record; elle a servi à financer des achats de matériel et à structurer les filières.
La crise sanitaire actuelle a renforcé la pertinence de cette concertation, en révélant la vulnérabilité de nos systèmes alimentaires causée notamment par la forte dépendance de l’agriculture française à des intrants (alimentation animale, engrais) importés de pays tiers. Ministère de l’Agriculture. 2020.
Ministère de l’Agriculture. 2020
Les légumineuses, rappelle le ministère de l’Agriculture, ont “une capacité à fixer l’azote de l’air et le transformer en azote directement utilisable par les plantes, elles permettent par ailleurs de réduire le recours aux engrais azotés”.
Pour “regagner en souveraineté alimentaire”, l'Etat s’est fixé comme objectif d’avoir 8% des surfaces agricoles utiles semées en protéines végétales, soit le double d’aujourd’hui.